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Bihannic investit 5 millions d’euros à Brest pour se structurer
Finistère # BTP # PME

Bihannic investit 5 millions d’euros à Brest pour se structurer

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En investissant 5 millions d’euros pour un nouveau siège à Guipavas, Bihannic et Kermarrec vont unir leur force. Les deux entreprises de couverture, étanchéité et bardage finistériennes, reprises par Mathieu Bouvier sont en pleine croissance qu’il faut désormais maîtriser.

Les PME finistériennes du BTP Bihannic et Kermarrec emménageront à Guipavas en 2024 — Photo : Bihannic

Pour ses 60 ans, l’entreprise Bihannic s’offre un nouveau siège. Le déménagement dans le nouveau bâtiment de 5 300 m², zone de Lavallot à Guipavas est prévu en juin 2024. Un investissement de 5 millions d’euros qui va permettre le regroupement des deux entreprises de couverture, étanchéité et bardage Bihannic (55 salariés, 19 M€ de CA) et Kermarrec (25 salariés, 4,8 M€ de CA). En effet, les deux ont été reprises respectivement en 2021 et en 2019 par Mathieu Bouvier.

Chantiers emblématiques

Cet ancien cadre dans des entreprises de travaux publics a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat en 2019 en reprenant l’entreprise Kermarrec à Plouédern. Deux ans plus tard, "j’ai eu l’opportunité de reprendre Bihannic à Plouzané. Je connaissais Stéphane Bihannic qui souhaitait passer la main. La PME a la même activité que Kermarrec mais pas les mêmes types de chantier et de clients. C’est aussi une entreprise reconnue", assure Mathieu Bouvier.

Bihannic travaille sur des chantiers d’envergure dans l’ouest de la Bretagne — Photo : DOMINIQUE LEROUX

Kermarrec et Bihannic ne sont en effet pas des concurrents directs. "Bihannic est connu pour ses chantiers d’envergure comme Le Saint, Oceanopolis, le parc des expositions de Penvillers à Quimper ou encore le nouveau vélodrome de Loudéac. Bihannic travaille aussi sur la future tour Guyot au port de Brest", liste-t-il. Kermarrec est, elle, une société qui travaille notamment beaucoup pour la grande distribution et sur des chantiers plus petits. "Son atout tient dans son atelier où l’on fabrique des cassettes d’aluminium pour le bardage. Nous sommes hyper-réactifs dans ce domaine." Le bardage et l’étanchéité sont les activités principales des entreprises "avec la couverture pas très loin derrière, mais il est difficile de dissocier la couverture et l’étanchéité", commente le dirigeant. "Nous faisons tous les types de chantiers sauf ceux des particuliers, l’installation des ardoises et les bâtiments agricoles", résume-t-il.

"Sous le même maillot"

Désormais, le chef d’entreprise souhaite regrouper les deux sociétés sous la même bannière. "Nous le faisons progressivement depuis fin 2023. Le nouveau logo, au nom de Bihannic avec les couleurs rouge et blanc de Kermarrec, vise à prendre un peu de l’identité des deux entreprises, explique-t-il. Il s’agit de rassembler tout le monde sous le même maillot !"

Mathieu Bouvier a repris Kermarrec en 2019 et Bihannic en 2021 — Photo : Isabelle Jaffré

Le gros morceau de ce rapprochement sera donc le nouveau siège de Bihannic à Guipavas. "Bihannic est basé à Plouzané depuis le milieu des années 1990. Or, nos chantiers sont dans le Finistère mais aussi dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor, note Mathieu Bouvier. Les équipes perdaient beaucoup de temps à traverser Brest et passaient quasi systématiquement devant la zone où nous serons en 2024."

Le nouvel équipement sera aussi plus adapté. "Dans nos métiers, on pense aux chantiers mais la partie industrielle, qui se fait en atelier, est aussi très importante. Les équipes vont y gagner en confort", confie le dirigeant. Les 650 m² de bureaux serviront aux services support mais aussi au bureau d’études qui est amené à s’étoffer pour passer de 6 personnes à plus de 8 rapidement. "L’objectif est de mieux préparer les chantiers pour répondre aux attentes de nos clients."

Une croissance -trop- importante

Car Mathieu Bouvier souhaite conserver un haut niveau de services. "Nous sommes en croissance, et même trop ! Cela génère des tensions extrêmes dans l’entreprise par rapport à nos capacités." En 2019, Kermarrec réalisait 3 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 17 salariés, contre 4,8 millions d’euros avec 25 salariés aujourd’hui, soit une croissance de 60 % en trois ans. De même, Bihannic est passé de 13,5 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2021 à 19 millions aujourd’hui, soit une croissance de 40 %. "Nous travaillons beaucoup, et il est très compliqué d’absorber autant de chantiers." Le problème s’est notamment posé en novembre 2023 avec les conséquences de la tempête Ciaran. "Nous avons répondu à nos clients bien sûr. Dès 6 h 30, des salariés étaient déjà sur la route pour aller réparer les dégâts, se souvient Mathieu Bouvier. Mais cela a aussi créé une surchauffe supplémentaire. D’autres chantiers ont été repoussés, mais cela a été un bel exemple de la disponibilité de tous nos compagnons."

Le nouveau logo de Bihannic avec les couleurs de Kermarrec — Photo : Bihannic

Pour le repreneur, la pérennité des deux entreprises est la priorité. Kermarrec est née il y a 35 ans et Bihannic fêtera ses 60 ans en 2024. Cette dernière est l’une des entreprises emblématiques du territoire. Jean-Louis Bihannic a démarré seul comme artisan. Ils étaient 11 ouvriers douze ans plus tard. Stéphane et Jean, ses fils, ont pris la relève en 1982 avant le rachat par Mathieu Bouvier en 2021. Ce dernier perpétue d’ailleurs l’histoire de l’entreprise avec le cyclisme (Jean-Louis a été coureur cycliste) en continuant à sponsoriser des clubs locaux. "Mon domaine est plutôt la voile, avoue Mathieu Bouvier. Nous avons d’ailleurs sponsorisé Yaël Poupon lors de la mini-transat."

Prendre le temps de bien faire

Côté recrutement, le patron s’affiche comme "un grand fan de l’apprentissage". Bihannic et Kermarrec accueillent des jeunes en apprentissage dans les différentes strates des entreprises. "Nous avons des couvreurs, des ingénieurs. Nous travaillons avec l’école d’ingénieur CESI par exemple. En ce moment, nous avons quelqu’un pour la Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement (QHSE) avec un focus important sur la sécurité", détaille-t-il. "On ne laisse pas assez le temps aux jeunes, aujourd’hui. On ne peut pas trouver quelqu’un qui sache tout faire dans l’entreprise immédiatement. Il faut laisser du temps au temps. Les jeunes doivent apprendre le métier et les plus anciens doivent aussi apprendre à accueillir les jeunes."

le nouveau siège de Bihannic à Guipavas (Finistère) sera équipé de 2000 m² de panneaux photovoltaïques — Photo : Bihannic

Les prochaines années seront donc consacrées à prendre le temps de consolider les deux entreprises sous la bannière Bihannic. "La finalité n’est pas le chiffre mais bien la pérennité de l’entreprise. Nous n’allons pas aller chercher à nous étendre géographiquement, par exemple. Nous allons même répondre à moins d’appels d’offres pour garder notre croissance sous contrôle et tirer profit des atouts des deux sociétés dans un respect mutuel des collaborateurs et des clients", conclut le dirigeant.

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