Vaonis continue à changer les codes de l’astronomie, en la rendant toujours plus accessible au grand public. Après avoir développé la première gamme de télescopes connectés (trois modèles à ce jour), la pépite montpelliéraine (25 salariés) lance une nouvelle innovation de marché baptisée "Hestia". L’idée : en fixant un smartphone sur l’oculaire conçu par Vaonis et en se laissant guider par l’application embarquée, il devient possible d’observer l’espace sans installation complexe ni connaissance préalable en astronomie. "C’est notre ambition depuis toujours : faire en sorte que n’importe qui puisse observer l’espace. Nous avons commencé par les télescopes connectés, qui n’existaient pas sur ce marché. Nous continuons avec Hestia, qui permet de prendre des photos avec une qualité de traitement d’images inédite", souligne le PDG Cyril Dupuy, qui a fondé Vaonis en 2016.
Innover pour des moments uniques
Et selon toute évidence, l’idée plaît beaucoup. Vaonis vient de boucler une campagne de financement participatif d’un montant de 4,1 millions de dollars (3,7 millions d’euros) sur la plateforme Kickstarter. Ces fonds serviront à lancer la fabrication d’Hestia, en octobre 2023. Une première série de 15 000 produits, couvrant les 14 000 ventes réalisées sur Kickstarter, sera produite et écoulée d’ici l’été 2024.
Quelque 70 % des ventes ont été réalisées aux États-Unis, qui restent de loin le plus gros marché de Vaonis. Mais l’entreprise montpelliéraine jouit aussi d’une bonne position en Europe : selon son fondateur, et malgré une baisse généralisée du marché en raison de la crise sanitaire, Vaonis reste dans le top 3 des ventes auprès des plus gros revendeurs européens, avec son télescope "Vespera". Grâce à Hestia, elle veut surfer sur la curiosité suscitée par un produit innovant qui fonctionne avec un simple smartphone, tout en bénéficiant d’un contexte favorable à une pratique élargie de l’astronomie. "Nous profitons de l’intérêt entourant la société SpaceX d’Elon Musk, et les derniers lancements spatiaux vers la Lune opérés depuis la Chine, la Russie et l’Inde. Il y aura aussi deux grandes éclipses de Soleil visibles aux États-Unis dans les prochains mois, l’une en octobre et l’autre en juin 2024, qui sera sans doute la plus suivie de l’histoire", indique Cyril Dupuy.
Investir pour le grand public
Il peut sembler contre-intuitif de réaliser de bonnes photos de l’espace avec un smartphone. Pour relever ce défi technique, Vaonis a d’abord attendu que la technologie intégrée à ces appareils évolue suffisamment. "Les smartphones disposent aujourd’hui de capteurs d’une sensibilité très élevée, et de processeurs assez puissants pour gérer nos algorithmes de calcul, qui empilent les images les unes sur les autres toutes les secondes", précise Cyril Dupuy. Par ailleurs, l’entreprise a aussi beaucoup investi en R & D pour développer le traitement d’images : ainsi, le système optique d’Hestia permet de faire des zooms 25 fois plus puissants et d’obtenir une résolution cinq fois plus haute qu’avec un smartphone usuel. "Nous utilisons une lentille de 30 mm de diamètre, contre 3 mm sur un téléphone. Plus l’optique est importante, plus on verra de petits détails", poursuit Cyril Dupuy.
Mais la volonté de Vaonis d’innover toujours plus en direction du grand public ne s’arrête pas à Hestia. En janvier 2023, l’entreprise a reçu une dotation d’un million d’euros du plan France 2030, pour financer un programme pédagogique où elle investira 2,2 millions d’euros. Cette initiative, baptisée "TICAA" (Transformation de l’industrie culturelle de l’astronomie amateur), vise à créer de nouvelles fonctionnalités, utilisables sur les produits de la PME, "afin de développer la connaissance de l’astronomie chez nos clients", glisse le dirigeant. Ce projet nécessitera de créer un écosystème de recherche (thésards, laboratoires) autour de Vaonis. Les nouveaux outils issus de ce travail collaboratif, qui seront implémentés aux logiciels conçus par la société, arriveront au plus tôt en 2024.
