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Avec ses yachts solaires, Symphony Marine fait passer le luxe à l’électrique
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Avec ses yachts solaires, Symphony Marine fait passer le luxe à l’électrique

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La société Symphony Marine, basée près de Nice, vient de lancer la fabrication de ses premiers yachts électriques, équipés de panneaux solaires, à la faveur des premières commandes. Une niche qui ne devrait pas tarder à s’agrandir, entre préoccupations écologiques et économiques.

À la tête de Symphony Marine, Guy Marchal a développé les Whisper Yachts, des yachts à propulsion électrique — Photo : Olivia Oreggia

Luxe, calme et panneaux photovoltaïques, voilà en résumé les Whisper Yachts, yachts à moteur électrique solaire imaginés par l’azuréenne Symphony Marine (6 salariés). Leur fabrication vient de démarrer dans un chantier naval de Pise, en Italie. La livraison de la première unité est prévue pour mai 2024. Deux ont pour l’heure été commandées, l’une à un client français, l’autre à un Norvégien. Guy Marchal, son fondateur, vise les 50 bateaux annuels d’ici cinq ans.

40 m2 de panneaux solaires

"Nous sommes partis d’une feuille blanche. Si nous étions partis d’une base existante à laquelle nous aurions ajouté des panneaux solaires, cela aurait été trop moche, explique-t-il. Nous avons optimisé les coques pour avoir une résistance minimale. C’est pour cela que nous avons choisi le catamaran, et nous travaillons chaque jour à réduire le poids. Ainsi, nous n’utilisons pas de bois solide pour les ponts mais de fines couches de bois ou du composite, un plexiglas ultra résistant pour les vitrages, de l’aluminium plutôt que l’acier."

Whisper Yacht 50 — Photo : Symphony Marine

Il aura fallu quatre ans de développement pour obtenir le premier modèle, le Whisper 50, un bateau de 50 pieds (15 mètres de long) qui embarque -très discrètement- 40 m2 de panneaux solaires. Les codes du luxe ont été conservés, le silence en plus grâce à la propulsion électrique. Les modèles 60 et 40 pieds suivront. Symphony Marine assure être les seuls à proposer des bateaux solaires dans ces gammes-là. Pour Guy Marchal, ingénieur de formation, l’idée a fait son chemin naturellement. "J’ai passé trente ans dans la construction de super yachts et c’était génial, mais maintenant que l’on sait la pollution que cela engendre, je ne me sentais plus de poursuivre de la même façon. Si je parviens à fabriquer chaque année plusieurs dizaines de bateaux électriques, d’autres se mettront sur le marché et cela fera vraiment bouger les choses." Une évolution que le dirigeant inscrit dans le "slow cruising", la croisière lente, une autre manière de naviguer, plus écologique et plus économique.

De l’électricité gratuite

Quelles que soient les motivations, les marques d’intérêt se multiplient. "Des gens qui, en vieillissant, veulent arrêter la voile sans passer au thermique, d’autres qui voudraient vivre à bord en travaillant à distance, d’autres encore qui souhaiteraient faire le tour du monde. Il y a aussi des agences de location qui pourraient bien finir par investir dans le projet." Si ces bateaux servent la transition énergétique du nautisme, Guy Marchal a eu bien du mal à trouver des financements et les 3 millions d’euros nécessaires notamment à la fabrication des premières unités.

Guy Marchal, entouré de ses deux associés : Hervé Guillaume, à gauche, et Jérôme Cabanel, à droite — Photo : Olivia Oreggia

"Heureusement, Bpifrance nous a soutenus, la Banque Populaire nous accompagne aussi, mais le système bancaire n’est pas prêt à financer des start-up. Nous avons pu accélérer ces derniers mois grâce aux deux investisseurs qui sont désormais à mes côtés." L’un, Hervé Guillaume, est un industriel, le second, Jérôme Cabanel, un franchisé McDonald’s. Les trois hommes ne se connaissaient pas il y a quelques mois encore. D’autres marques d’intérêt émanent enfin des ports. Si un Whisper Yacht n’a besoin que d’une simple prise de courant à quai pour recharger ses batteries, l’électricité produite par ses panneaux solaires quand il ne sort pas en mer, pourrait être réinjectée gratuitement dans le réseau.

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