Après la propreté et la lutte contre les nuisibles, pourquoi le groupe Deveau (160 salariés, CA 2022 : 3,9 M€) se lance-t-il dans la manutention ?
Laurent Deveau : Nous recevons des demandes tous les jours. Des entreprises nous appellent parfois en urgence pour décharger un camion ou prendre des colis sur une chaîne de tri et les charger dans un camion. D’autres pour débarrasser des archives, des photocopieurs ou des minitels, pour repasser des nappes sur des tables dressées pour un mariage, pour déplacer des meubles ou accrocher des cadres au mur… Ce peut être ponctuel ou récurrent. Un client a besoin de perforer des palettes tous les lundis mais n'a pas la ressource en interne pour cela. La manutention est un vrai besoin pour les entreprises car elles manquent de bras, que ce soit dans la logistique, l’industrie ou le tertiaire. Nous voulons être un guichet unique de services aux entreprises qui peuvent alors se concentrer sur leur cœur de métier.
Mais où trouver les bras alors que le recrutement est précisément le nœud du problème ?
L. D. : Parmi nos 160 salariés, nous avons des profils qualifiés pour ce type de travail et qui ont envie d’accroître leurs revenus. Et puis nous parlons beaucoup autour de nous. Activer le réseau, faire marcher le bouche-à-oreille, cela fonctionne très bien. Notre stratégie est d’abord d’investir dans un service RH de qualité. Nous avons rajouté une alternante à notre responsable RH et ajouterons rapidement une troisième personne car notre but est de constituer très vite un vivier. Il y a un gros travail de sourcing.
Baptiste Missonier : Nous voulons embaucher, à temps plein, des gens qui soient un peu nos couteaux suisses, que nous formerons si nécessaire, comme nous le faisons déjà pour la propreté. Nous allons chercher des gens dans des CV thèques, sur Indeed ou Pôle emploi, pour les ramener à nous. C’est à l’employeur aujourd’hui d’y aller, de dire au candidat "Votre profil m’intéresse, voilà ce que j’ai à vous proposer". Et il faut multiplier les demandes, vu le nombre de refus ou d’absences de réponses ! Sur 100 CV identifiés et profils contactés, 50 répondent, 20 ne se présenteront pas au rendez-vous téléphonique. Sur les 15 restants et intéressants, 5 se déplaceront et sur les 3 auxquels nous proposerons finalement du travail, seuls 1 ou 2 viendront. C’est le ratio aujourd’hui : 1 à 2 %. Donc, lorsque nous avons besoin de trois personnes, notre équipe RH sait qu’elle devra travailler sur quasiment 300 CV.
Quelle est la différence de votre offre avec l’intérim ?
B. M. : Nous ne mettons pas du personnel à disposition, nous proposons de la prestation de service, c’est différent. Lorsque le client signe le devis, il sait que la tâche qu’il nous confie sera menée sans son intervention. Sa facturation n’augmentera pas en fonction du nombre d’heures passées. D’ailleurs, nous sommes même un client potentiel de l’intérim. Du fait parfois de l’immédiateté des demandes, nous pouvons avoir trop peu d’équipes qualifiées pour être à plusieurs endroits en même temps.
Réfléchissez-vous déjà à d’autres services ?
B. M. : Au moins une ou deux autres sociétés seront en effet créées en 2023, autour des travaux et des espaces verts, pour compléter l’offre et s’interconnecter. Des clients qui nous font déjà confiance sur la propreté pourront être intéressés et ne seront prospectés que par un seul commercial du groupe. Nous réfléchissons à d’autres pistes. Dans tout ce que nous proposons, le dénominateur commun est la prestation de Services aux entreprises, avec un "s" majuscule.
