Le Journal des Entreprises : Le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) a présenté, le 12 septembre, à Colomiers, son programme « Industrie du Futur », dont vous allez assumer le volet formation. Quelles en seront les priorités ?
Eric Fanio : Le projet part d'un constat partagé : alors que les grandes entreprises aéronautiques sont entrées dans l'ère de l'industrie 4.0, la situation dans les PME et certaines ETI est perfectible. Si la filière française veut profiter de l'explosion du marché - on parle de 35 000 avions à construire dans les 20 prochaines années - il faut que les fournisseurs puissent monter en cadence et livrer les donneurs d'ordre en temps et en qualité. C'est l'ensemble de la supply-chain qui doit réussir ce passage vers une industrie de production. Nous sommes en train de définir des programmes de formation selon deux axes : l'amélioration de l'outil industriel et l'accompagnement des hommes et des organisations. Nous transmettrons nos propositions au Gifas en 2019.
L'association Space est déjà le maître d'œuvre du projet « Performances industrielles » entamé en 2014. Peut-on en établir un bilan ?
E. F. : Lors de la première phase du projet, 400 PME ont été accompagnées par grappes régionales de six entreprises, identifiées avec les donneurs d'ordres. Ces entreprises ont d'abord bénéficié de diagnostics individualisés et confidentiels par des experts de la filière aéronautique, qui les ont ensuite aidés à mettre en place des plans d'action pour l'amélioration de leurs performances. Les résultats ont été tangibles : entre 2014 et 2016, le taux moyen de maturité industrielle est passé de 41 % à 57 %. Un autre indicateur significatif est le taux de livraison à temps (OTD), qui est passé de 77 à 88 %. Autrement dit, on a divisé par deux la fréquence des retards, mais également leur durée moyenne qui est passée de 12 à 7 jours. Le taux de non-qualité a lui aussi été divisé par deux, de 6 000 à 3 200 PPM (retours usines clients, ndlr).
Cette première phase nous a aussi permis d'identifier les points faibles les plus fréquemment rencontrées dans les PME de l'aéronautique : la planification de l'outil industriel et le lean management. Ce qui nous a amenés à définir des formations supplémentaires pour la seconde phase du projet, notamment sur les méthodes de résolution et l'adoption d'indicateurs homogènes de mesure de la performance.
Avez-vous fait évoluer vos objectifs pour cette seconde phase ?
E. F. : Nous venons tout juste de finir la sélection des 300 PME visées, dont 50 en Occitanie, avec des actions échelonnées jusqu'en mars 2020. Le premier objectif reste d'aider les sous-traitants à mieux gérer leur charge et leur capacité. Mais nous faisons du dialogue entre PME et donneurs d'ordres l'autre priorité : l'objectif est d'aboutir à une vision partagée de la relation industrielle. Lors de la première phase, le fait de travailler en grappes, sur la base de réunions trimestrielles, a favorisé le dialogue entre PME et avec les donneurs d'ordres. Ce facteur humain est essentiel dans l'amélioration de la performance industrielle.
