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Ascometal demande son placement en redressement judiciaire
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Ascometal demande son placement en redressement judiciaire

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La filiale du groupe Swiss Steel, Ascometal France, a rompu les négociations menées avec le producteur d’acier italien Acciaierie Venete, visant à céder trois sites industriels dont deux basés en Lorraine, à Hagondange et Custines. Elle demande son placement en redressement judiciaire.

Ascométal livre les secteurs de l’automobile, de la mécanique, ou encore de l’énergie — Photo : Ascométal

La vente ne se fera pas. Annoncée dans un communiqué publié fin 2023, l’opération devrait être bouclée au printemps 2024 : le groupe italien Acciaierie Venete, producteur d’acier doté d’une capacité annuelle de 2 millions de tonnes, a cherché à acquérir auprès d’Ascometal France, filiale du groupe Swiss Steel (CA : 3,2 Md€ ; 8 800 salariés), les trois sites industriels d’Hagondange (450 salariés), en Moselle, de Custines (70 salariés), en Meurthe-et-Moselle, et du Marais (70 salariés), dans la Loire, ainsi que le centre de recherche CREAS basé en Moselle, soit une centaine de salariés. Fabricant d’aciers spéciaux, Ascométal livre les secteurs de l’automobile, de la mécanique, ou encore de l’énergie.

Des engagements sur les stocks et le besoin en fonds de roulement

La rupture de la négociation a été annoncée aux salariés mosellans en début de semaine : coincée entre un actionnaire principal vendeur et un acheteur refusant d’aller au bout, Ascométal a été poussée au redressement judiciaire. L’accord sur lequel les deux métallurgistes ont commencé à discuter prévoyait notamment des engagements sur le niveau des stocks et le besoin en fonds de roulement. Entre-temps, les conditions de marché ont changé : Swiss Steel a vu son chiffre d’affaires 2023 fondre de 20 %, pour tomber de 4 milliards à 3,2 milliards d’euros, et a essuyé une perte nette de près de 295 millions d’euros, pour un niveau de fonds propres en chute libre de 12 %. Une situation qui a poussé le sidérurgiste basé à Lucerne à lancer une augmentation de capital pour aller chercher 300 millions d’euros auprès de ses actionnaires. Si le premier actionnaire de Swiss Steel, avec 30 % du capital, Bigpoint Holding, a confirmé sa participation, PCS Holding, l’entreprise du président du fabricant de matériel ferroviaire Stadler Rail, Peter Spuhler, a décidé de ne pas y aller.

Le temps de trouver des acheteurs

Dans un communiqué, le groupe suisse souligne que l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire doit permettre de "préserver la situation de trésorerie des sociétés" afin de laisser le temps "de trouver des acheteurs pour chacun des sites".

C’est la troisième fois en dix ans qu’Ascométal se retrouve en redressement judiciaire. En 2014, le sidérurgiste avait été repris par un pool d’investisseurs emmené par Frank Supplisson, ancien directeur de cabinet au ministère de l’Industrie : le haut fonctionnaire s’était engagé à investir 135 millions d’euros sur quatre ans pour remettre à niveau l’entreprise. En 2017, c’est le groupe suisse Schmolz + Bickenbach, devenu Swiss Steel, qui s’est penché sur le cas Ascométal. L’offre suisse avait remporté les faveurs de la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg face à l’anglo-indien GFG Alliance, et sa filiale Liberty House. À l’époque, Swiss Steel s’était engagé à injecter 195 millions d’euros sur fonds propres dans l’outil industriel. Malgré les synergies évidentes entre Swiss Steel et Ascométal, la conjoncture aura eu raison de l’arrimage fragile de la société française au groupe suisse. Dans les milieux syndicaux, on indique que les crises des semi-conducteurs puis de l’énergie ont fragilisé les résultats de Swiss Steel, déclenchant d’abord l’envie de vendre, puis l’impossibilité de tenir les engagements financiers vis-à-vis du groupe italien Acciaierie Venete.

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