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Après avoir conquis les jardins, les meubles Fermob s’invitent dans les intérieurs
Ain # Fabrication de meubles # International

Après avoir conquis les jardins, les meubles Fermob s’invitent dans les intérieurs

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En trois décennies, les chaises en métal coloré de Fermob ont conquis les jardins et terrasses en France et à l’international. Mais Bernard et Baptiste Reybier, le duo père-fils à la tête de cette entreprise aindinoise, devenue un symbole de l’art de vie à la française, entend désormais abolir la frontière entre "le dehors et le dedans". En s’orientant aussi vers le mobilier d’intérieur.

SHOOTING FERMOB — Photo : Cyril Abad

Du canapé à la lampe de bureau, en passant par la table basse, dans le bureau de Bernard Reybier on reconnaît la patte colorée de Fermob. Si le vaste bureau du dirigeant est presque entièrement équipé de mobilier sorti de l’usine installée à quelques mètres de là, ce n’est pas un hasard. Car le fabricant de mobilier d’extérieur (600 salariés, 160 M€ de CA) se fraie désormais un chemin dans les intérieurs. "La frontière entre le dehors et le dedans s’est abolie avec la qualité, le design et le confort de notre mobilier, appuie avec assurance le président du groupe familial. On subodore que près de 30 % de notre mobilier d’extérieur est aujourd’hui utilisé en intérieur."

De l’atelier de maréchalerie à Times Square

Il semble loin le temps où Bernard Reybier, alors âgé de 36 ans, décide de racheter l’atelier d’un maréchal-ferrant spécialisé dans le mobilier de jardin et les portails. Un atelier, d’une petite dizaine de personnes, créé en 1953 à Thoissey, dans l’Ain, et qui fabrique alors des chaises "lourdes, au design classique, dont le métal rouille rapidement". "Il existait alors plusieurs entreprises de ce type, spécialisées dans le métal, dans la région, se souvient le dirigeant. Mais l’arrivée du plastique dans les années 1980 a tué en grande partie le mobilier de jardin en métal."

En grande partie, peut-être. Mais pas Fermob qui, avant de lorgner les salons, les cuisines et les bureaux, a conquis, avec ses chaises de métal coloré, jardins et terrasses, en France et bien au-delà. De Times Square, à Harvard, en passant par la Cité perdue de Pékin ou encore le Jardin du Luxembourg à Paris.

Père et fils à la tête de l’entreprise

La recette de ce succès est restée la même depuis 35 ans. Et c’est aujourd’hui Baptiste Reybier qui la porte à son tour. Le fils de Bernard Reybier, devenu directeur général il y a deux ans, a fait son entrée dans l’entreprise huit ans avant ce changement de gouvernance. "Sans imaginer alors forcément prendre la suite de mon père", raconte-t-il.

"Cela fait 10 ans que je réfléchis à ma transmission, explique de son côté Bernard Reybier, qui conserve la supervision des collaborations et du studio design. J’avais envisagé plusieurs scénarios, avant que Baptiste ne me confirme, il y a cinq ans, qu’il était intéressé." D’abord en charge du showroom parisien du groupe, le fils a progressé au sein de l’entreprise, dans différentes fonctions de développement à l’international, avant de devenir directeur général délégué en 2020, puis directeur général.

Trois maîtres-mots : innovation, design et international

C’est donc en réalité un duo père-fils qui garde la recette de ce succès. Et leur mantra tient en trois mots : innovation, design et international. "À vrai dire, cela faisait déjà partie de mon cahier des charges quand j’ai choisi de reprendre Fermob. Je cherchais une entreprise du territoire, industrielle, avec des produits exportables, qui me permette de mettre à exécution mon goût pour l’innovation, raconte Bernard Reybier. Cela pouvait paraître saugrenu, à l’époque, de réunir ces 10 salariés, pour leur parler de stratégie mondiale, mais j’avais une vision claire."

Quelques décennies plus tard, Fermob réalise 50 % de son chiffre d’affaires à l’international, dont une large part en Allemagne et aux États-Unis. Il y a deux ans, le fabricant a racheté son distributeur américain pour accélérer son développement outre-Atlantique. "Aujourd’hui, nous nous interrogeons sur la possibilité d’une implantation industrielle en Amérique du Nord", ajoute Bernard Reybier.

Côté innovation et design, c’est d’abord l’introduction de la couleur dans son mobilier, qui a permis à Fermob de se distinguer. Puis le lancement de modèles emblématiques. Comme son fauteuil Luxembourg, initialement réalisé pour les jardins parisiens du même nom en 2003. Ou sa collection 1900, inspirée des balcons parisiens en fer forgé du XVIIIe siècle. Au fil de ses créations et de ses investissements -dès1996, il a par exemple investi le quart de son chiffre d’affaires dans une chaîne de peinture "zéro rejet"- Fermob s’est érigé en symbole de "l’art de vivre à la française". "Aujourd’hui, c’est un morceau du siècle des Lumières que l’on vend, quand on s’adresse à l’Opéra de Sydney ou au gouvernement chinois", glisse Bernard Reybier, fier défenseur du patrimoine et de la création française.

Une percée dans les salons et les bureaux

C’est tout ceci que Fermob entend désormais transposer dans les salons et les bureaux. Cette évolution vers les intérieurs a d’abord été constatée par Fermob. Puis poussée par le fabricant. Le groupe aindinois, a entamé, il y a plusieurs années déjà, une diversification. Déjà en 2015, Fermob s’était associé à l’isérois Smart & Green, en acquérant 50 % de son capital, pour développer des lampes pouvant être utilisées en extérieur, comme en intérieur. Le groupe familial s’est également lancé, il y a quelques années, dans la fabrication d’accessoires textiles. Si bien qu’aujourd’hui, 15 % de son activité se fait en dehors du mobilier d’extérieur.

Cette année, le fabricant a même poussé le curseur un peu plus loin, en intégrant dans certains de ses produits des matériaux peu enclins à résister aux attaques du soleil, de la pluie et de la poussière. Si bien qu’à l’entrée du site, dans le showroom, bois de chêne et cuir côtoient désormais le traditionnel métal coloré des chaises Fermob.

Ain # Fabrication de meubles # International # ETI # Made in France