Basée au Village by CA du Mans, Solugryn veut pousser les murs. À contre-courant d’une bonne partie du secteur du bâtiment, l’entreprise cofondée par Alexandre Yvon et Vincent Paillole grandit à grands pas. Lancée depuis juillet 2023, elle dispose déjà d’un bureau d’études d’une dizaine de personnes qui propose un appui administratif et technique à la rénovation énergétique. Et la start-up a installé son siège à Paris, "où se trouvent les décideurs nationaux". Elle annonce six recrutements en cours, pour des postes de technico-commerciaux itinérants en France. Auxquels devraient s’ajouter six offres d’emplois administratifs dans les mois à venir.
"Nous allons être un relais de croissance économique pour les artisans", estime Alexandre Yvon. Concrètement, l’entreprise propose un logiciel pour simuler les montants de primes de l’État et déterminer leurs devis de chantiers de rénovation. En tant que mandataire mixte, Solugryn réduit le reste à charge "pour ne pas mettre en difficulté la trésorerie des entreprises", en avançant les aides de l’État auxquelles les clients sont éligibles. Le dirigeant l’assure : "Notre gestion financière permet de raccourcir à dix jours les délais de remboursement auprès des artisans, contre six à neuf mois d’ordinaire de la part de l’État". Côté business model, Solugryn se rémunère en partie via un pourcentage prélevé sur les aides obtenues.
Les négoces CMEM, un partenaire de taille
L’entrée au capital de CMEM (pour 10 %), réseau de groupements de négoces, numéro 2 de la distribution de matériaux de construction en France, permet à la start-up d’avoir les reins suffisamment solides pour assumer son offre de raccourcir les délais de remboursement aux chantiers éligibles. " En juillet, beaucoup de gens avaient du mal à comprendre comment une entreprise aussi jeune disposait d’autant de fonds", sourit Alexandre Yvon. Le réseau CMEM aux 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé apporte par ailleurs des garanties.
Il permet en outre à l’entreprise née en Sarthe de développer sa troisième offre : la Solugryn Academy qui propose aux professionnels des formations aux RGE (certification Reconnu garant de l’environnement) et d'apporter des conseils-découvertes directement dans les enseignes CMEM. Un réseau qui compte 1 600 points de vente.
Le bâtiment neuf en rade, une aubaine
Sa stratégie devrait profiter d’un appel d’air du marché dans les années à venir. Il faut dire que les signaux sont au vert, reconnaît Alexandre Yvon. " Le marché de la rénovation, et notamment de la rénovation énergétique, ne ressent pas l’impact d’une récession comme dans le neuf, explique le dirigeant. Ce n’est pas réjouissant d’observer ce qui se passe dans le secteur du bâtiment, du neuf en particulier, où les investissements ne sont pas repartis. Mais ce contexte, c’est vrai, sera pour nous une aubaine… "
Deux vecteurs orientent les perspectives en sa faveur : à long terme, c’est l’interdiction de construire sur des sols non artificialisés, par les PLUi d’abord, et surtout, d’ici 2050, le dispositif ZAN. À court terme, c’est la prime Rénov' dans sa mouture 2024. "Elle est plus logique qu’avant – l’État ne finance plus des pompes à chaleur pour chauffer les oiseaux, quand les murs et surtout les toits ne sont pas isolés. Mais elle est aussi plus compliquée qu’avant pour remplir les dossiers administratifs", observe Alexandre Yvon. Et là aussi, Solugryn se pose en solution, en apportant une réponse dédiée au montage des dossiers.
