Anne de Solène se muscle à l’international en s’appuyant sur le made in France
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Anne de Solène se muscle à l’international en s’appuyant sur le made in France

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La PME nordiste Anne de Solène veut accélérer son développement à l’international, qui représente 15 % de son activité, en jouant la carte du made in France. Ses prochains efforts cibleront les États-Unis, puis l’Asie. Pour se donner les moyens de ses ambitions, la filiale du groupe lorrain Home Heritage a investi dans son outil industriel français.

Erwan Bernard est le directeur exécutif de la PME nordiste Anne de Solène, qui compte se muscler à l’international, en jouant la carte du made in France — Photo : Elodie Soury-Lavergne

Anne de Solène, créateur et fabricant de linge de lit haut de gamme, accélère à l’international en jouant la carte du made in France. Les États-Unis et le Japon figurent parmi les cibles prioritaires de cette PME, basée à Hallennes-lez-Haubourdin, dans le Nord. Avec 180 salariés, Anne de Solène réalise un chiffre d’affaires de 26 millions d’euros, dont 15 % à l’international.

"Le marché du linge de lit est atomisé : il existe surtout des acteurs locaux et peu d’internationaux. Il y a donc une place à prendre pour Anne de Solène"

"L’export est l’un de nos axes stratégiques pour accélérer le développement de la marque. Nous misons d’une part sur le côté création française, qui plaît beaucoup à l’international. D’autre part, le marché du linge de lit est atomisé : il existe surtout des acteurs locaux et peu d’internationaux. Il y a donc une place à prendre pour Anne de Solène", explique Erwan Bernard, directeur exécutif de l’entreprise.

200 000 investis dans une boutique en ligne aux États-Unis

Présente aux États-Unis depuis 2013, Anne de Solène y réalise 10 % de son chiffre d’affaires. Tout est parti d’une opportunité, il y a environ dix ans, dans le cadre d’un salon professionnel. "Nous avons noué un partenariat avec la grande chaîne de magasins Bloomingdale’s, qui a cru en notre marque française", raconte Erwan Bernard. Présent dans 17 corners de cette chaîne, ainsi qu’au sein de son offre digitale depuis l’année dernière, Anne de Solène est également distribuée outre-Atlantique par la chaîne de magasins Saks, en physique et en digital, et par un réseau de détaillants. Cette présence a permis à la marque d’acquérir une certaine notoriété sur place : "Notre modèle de linge de lit qui se vend le plus aux États-Unis a même été acheté par la Maison Blanche", se réjouit le directeur exécutif.

"Notre modèle de linge de lit qui se vend le plus aux États-Unis a même été acheté par la Maison Blanche"

Confortée par ces premiers pas prometteurs, la marque veut accélérer. Elle a récemment consenti un investissement de 200 000 euros dans le lancement aux États-Unis d’une boutique en ligne à son nom. Mise en service fin 2023, elle lui permet de vendre directement son linge de lit aux Américains, avec un démarrage qu’Erwan Bernard qualifie de "très satisfaisant". Le dirigeant ne compte pas s’arrêter là et réfléchit "très sérieusement" à l’ouverture de magasins de centre-ville, sous sa marque. "Ce projet dépendra des opportunités, mais il est déjà certain que dans les trois prochaines années, nous aurons un magasin Anne de Solène aux États-Unis", indique-t-il. Si l’enveloppe dédiée à ce futur réseau de boutiques n’a pas été communiquée, Erwan Bernard précise qu’une ouverture de magasin représente en général un investissement compris entre 250 000 et 500 000 euros.

Malgré une diversification produits, l’activité phare d’Anne de Solène reste le linge de lit — Photo : DR

Une capacité de production renforcée en France

Anne de Solène compte également accélérer en Asie, où elle réalise près de 2 % de son chiffre d’affaires. Présente depuis trois ans sur ce continent, la marque est distribuée dans onze points de vente d’un distributeur en Corée du Sud, ainsi que dans huit points de vente d’un autre distributeur, à Taïwan. "Durant le deuxième semestre 2023, nous avons réalisé plusieurs salons professionnels pour nous ouvrir des opportunités en Asie, sachant que nous sommes particulièrement intéressés par le Japon". La marque réalise enfin 3 % de son chiffre d’affaires en Belgique et les 85 % restants dans l’Hexagone, "où nous pouvons encore grandir".

Pour soutenir ses différentes ambitions, qui ont pour point commun de reposer sur le made in France, Anne de Solène a renforcé son outil de production dans l’Hexagone. La marque y réalise la création visuelle de son linge de lit, avec une équipe artistique en interne, ainsi qu’un peu plus de 50 % de la confection, sachant que "75 % de cette activité est faite en Europe", souligne le dirigeant. L’atelier français de confection, qui se situe à Caudry, dans le Nord, compte 50 collaborateurs. Il a fait l’objet d’un investissement de 300 000 euros ces trois dernières années, afin de doubler le parc machines et de multiplier le nombre de confectionneuses par quatre.

Doubler le nombre de confectionneuses d’ici cinq ans

L’entreprise porte désormais l’ambition de doubler l’effectif de cet atelier d’ici cinq ans. Un défi de taille, face à "des formations textiles qui ont disparu en France durant les trente dernières années…", regrette Erwan Bernard. Pour faire face, Anne de Solène a noué l’année dernière un partenariat avec l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), en vue de former dix futures confectionneuses.

"Les formations textiles ont disparu en France durant les trente dernières années"

L’IFTH a sélectionné dix personnes éloignées de l’emploi pour les former directement dans l’atelier d’Anne de Solène, sur ses produits et avec l’appui de ses confectionneuses, de septembre à novembre 2023, le tout en détachant une formatrice sur place. L’entreprise a de son côté réservé dix machines à cet effet. "Au terme de cette formation, nous avons proposé sept CDI et cinq se sont concrétisés. Nous espérons renouveler l’opération cette année", s’enthousiasme le dirigeant.

Le soutien du groupe industriel Home Heritage

Les investissements réalisés sont en partie portés par l’entreprise et pour le reste, par le groupe industriel et familial auquel elle appartient, à savoir Home Heritage (ex-Dodo), dont le siège est à Saint-Avold (Moselle). Ce dernier possède plus de sept usines en France, avec quelque 900 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 185 millions d’euros, regroupant des maisons comme Dodo, Drouault ou Canat. Anne de Solène a été reprise en 2017 par Home Heritage, à la barre du tribunal de commerce. L’entreprise nordiste, qui a réalisé à l’époque un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros avec 70 salariés, a renoué dès 2019 avec la rentabilité, tout en accélérant son développement. Depuis, Anne de Solène s’appuie sur le savoir-faire et l’outil industriel du groupe de Moselle, qui lui a par exemple permis de se diversifier en lançant des produits comme la couette, les vêtements d’intérieur, le linge de bain et divers accessoires.

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