L’un des derniers extrudeurs français monte en puissance. Basée à Ballots, en Mayenne, Algoplast est extrudeur calandreur de film plastique : à partir de matières plastiques broyées, il produit des bobines ou des plaques. L’entreprise connaît une demande croissante de ses clients. "On est sous-capacitaire, nos délais de livraisons se sont très largement allongés", décrit Charles Jeuland, le responsable du site. Le chiffre d’affaires 2020 était de 3,7 millions d’euros. Il devrait être en croissance d’environ 30 % pour 2021. Pour faire face à la demande, l’entreprise investit dans une nouvelle ligne d’extrusion, qui va s’ajouter aux quatre lignes actuelles. De dernière génération, son débit sera plus important et doit permettre à l’atelier de produire 6 000 tonnes de bobines et de plaques par an, contre 4 000 tonnes aujourd’hui. Cette croissance devrait s’accompagner d’au moins quatre recrutements, en production et en support, qui vont venir renforcer l’équipe actuelle, forte de 14 salariés.
3,4 millions d’euros investis
La fabrication de cette ligne de production va prendre un an, sa livraison étant attendue début 2023. L’investissement de 3,4 millions d’euros comprendra des équipements de process complémentaires : refroidissement de la machine, gestion des flux de matières premières, nouveau broyeur, etc. L’entreprise bénéficie d’un soutien de 1,34 million d’euros de l’Ademe, dans le cadre de France Relance, par l’intermédiaire du dispositif ORPlast 3 (Objectif recyclage plastique).
"Pour nous, c’est une année charnière", commente Charles Jeuland. "La machine est achetée, on vient de déposer la demande de permis de construire". Car il faudra agrandir l’atelier : l’extension de 750 m² va s’ajouter aux 2 000 m² actuels. Les travaux doivent démarrer l’été prochain. L’investissement est porté par la Communauté de communes du pays de Craon, propriétaire des locaux.
Davantage de plastiques recyclés
Cette nouvelle ligne permettra donc de répondre à la demande forte. Tout en verdissant les process : de 90 %, le taux d’incorporation de matières plastiques recyclées par l’entreprise devrait passer à 95 %.
Les clients d’Algoplast sont des thermoformeurs : ils façonnent les bobines ou les plaques pour leur donner la forme souhaitée. Ce sont la plupart du temps des plateaux que des entreprises utilisent pour regrouper des pièces à livrer d’un site à un autre, ou encore des pots horticoles. Algoplast s’insère dans une économie circulaire puisqu’elle travaille des matières premières recyclées. Elle a été rachetée par le groupe alsacien CTCI en 2015. La circularité en a été renforcée puisque le groupe compte deux usines de thermoformage (CTCI et EPH). Clients d’Algoplast, ils contribuent à 50 % du chiffre d’affaires de la PME mayennaise. Recytherm, quatrième site du groupe, broie et recycle les plastiques, fournissant 80 % de la matière première qu’utilise Algoplast.
Une carte à jouer
L’entreprise navigue dans un contexte fluctuant. "La disponibilité en matière vierge est tendue", explique le responsable d’Algoplast, et par effet de domino, "le recyclé a tendance à se tarir aussi. Nous utilisons du PS recyclé (polystyrène), dont la valeur a presque doublé en deux ans. Dire qu’il y a quinze ans, cela n’était pas toujours valorisé…" Toutefois, à moyen terme, la PME ne va pas pâtir des politiques de réduction de l’usage du plastique, au contraire. "L’orientation des industriels vers une économie circulaire va nous ouvrir des marchés. Il va y avoir plus d’utilisation de plastique recyclé en France. Si on maîtrise cela, on a une carte à jouer", perçoit Charles Jeuland.
