Addishape ne fabrique ni ne vend de matériel. La start-up familiale basée à Mandelieu près de Cannes, s’est installée dans une niche : elle imprime. Plus précisément, elle apporte des solutions de fabrication additive aux professionnels, qu’ils soient PME, PMI, grands groupes ou artisans. "Nous nous positionnons clairement sur la partie services", souligne Eva Roussel, directrice générale. "Un certain nombre d’entreprises s’équipent elles-mêmes et viennent alors chercher du conseil, de l’expertise."
Jean-Charles Roussel, fondateur d’Addishape, vérifie ainsi avec le client quel sera le cas d’application de la pièce afin d’en valider en amont les contraintes. "Quand on voit une pièce imprimée en 3D, il s’agit en fait de la partie émergée de l’iceberg, c’est le résultat final", explique-t-il. "Avant cela, il y a la création du modèle 3D, toute la phase de conception. Parfois, on part avec le client d’un objet façonné à la main, moulé, que l’on va scanner en 3D, reprendre, ajuster, modifier, alléger ou renforcer. Le processus peut être assez long et complexe." Le besoin d’accompagnement engage ainsi une vraie démarche de co-construction, impliquant aussi souvent une notion de confidentialité.
Des satellites au presse-agrumes
Addishape compte quatre personnes dans son équipe et une dizaine d’imprimantes 3D. De quoi créer ou réparer des pièces de rechange, des pièces en série personnalisées, ou encore des maquettes ou des prototypes pour aider à démarcher un client, réaliser un démonstrateur sur un salon ou accompagner une vente. Les besoins sont variés : une maquette de satellite, d’équipement ou d’outillage pour Thales Alenia Space, une pièce d’engrenage pour un presse-agrumes demandée par un supermarché Leclerc, un millier de cache-vis figurant désormais sur la façade d’un immeuble de luxe sur la Croisette, à la demande d’une entreprise de menuiserie sur mesure… D’autres demandes viennent de GL Events, spécialisé dans l’événementiel, Ineo Défense ou Engie.
"Deux questions nous attirent particulièrement : la réparabilité des pièces de rechange, nous sommes sur un axe vertueux, un enjeu de société important ; et la place de l’industrie en France et comment on peut aider ce secteur", reprend Eva Roussel. Pour autant, l’entreprise, qui vient d’intégrer le dispositif de la Région "Parcours Sud Industrie 4.0", sait aussi pouvoir valoriser son savoir-faire au-delà de l’industrie, notamment auprès du secteur touristique. Elle a par exemple imprimé des cartes clés pour chambres d’hôtel ou des pièces de bateaux.
De 200 clients fin 2020 (année pendant laquelle l’entreprise a surtout imprimé des visières anti-Covid), elle en comptait le double six mois plus tard. Avec un chiffre d’affaires de 130 000 euros qu’elle compte multiplier par deux chaque année, Addishape prévoit déjà de s’agrandir. Le matériel, qui se doit de rester le plus performant, prend de plus en plus de place. Elle entend bien également développer un volet formation sur la fabrication additive, visant pour ce faire la certification Qualiopi, label qualité des prestataires de formation.
