« Cette chaîne d’assemblage, c’est une révolution industrielle dans le secteur spatial : OneWeb Satellites va produire deux à trois satellites par jour, du jamais-vu », s’enthousiasme Eric Béranger, p-dg de la société OneWeb, qui s’est associée à Airbus Defence and Space pour créer la coentreprise OneWeb Satellites. Son projet ? Mettre en orbite une constellation d'environ 650 satellites de télécommunications qui fourniront aux particuliers un accès mondial à Internet à haut débit.
Usine pilote à Toulouse
C’est dans les locaux d’Airbus DS à Toulouse que seront fabriqués dès cet été les dix premiers satellites de la future constellation d’environ 900 satellites. D’une surface de 1.100 m², la chaîne d’assemblage (conçue et fabriquée par Latécoère Services) comprend des systèmes d’automatisation, des bancs de tests et des capacités d’acquisition de données de pointe, qui permettent de réduire les temps d’assemblage. Il faudra une semaine et demi pour assembler un satellite, et comme ils seront assemblés à la chaîne, un satellite sortira toutes les huit heures. Environ 70 personnes de OneWeb Satellites travaillent sur ce site, auxquelles se rajoutent 100 Airbusiens via des contrats de soutien. La production se terminera début 2018 à Toulouse, puisque deux chaînes d’assemblages identiques prendront le relais en Floride dès la fin de l’année - l’usine est en cours de construction. Les premiers satellites seront lancés en orbite basse, par grappe dès avril 2018.
Airbus cherchera d’autres clients
Une révolution pour le groupe Airbus tout d’abord, qui s’est inséré dans ce projet fou du "new space", comme l’explique Nicolas Chamussy, à la tête d'Airbus Space Systems. « OneWeb Satellites, c’est une révolution pour nous avec un taux de production de deux à trois satellites par jour, pour atteindre une constellation inédite. Chez Airbus, on s’efforce de toujours pousser l’innovation. Elle est au coeur de cette coentreprise avec OneWeb. Il s’agit de nouveaux modes de partenariats avec des personnes avec lesquelles nous n’avons pas l’habitude de travailler, de nouveaux business models avec de nouveaux satellites ! » Airbus travaille d’ailleurs sur des versions clients de ces satellites, pour les décliner auprès d’autres acteurs - cela fait partie du "deal" avec OneWeb.
Internet sur toute la planète
Objectif de cette constellation, dont l’idée vient de Greg Wyler, fondateur et président de OneWeb : apporter la connectivité, l’internet haut débit aux 4 milliards de personnes qui n’en bénéficient pas aujourd’hui sur la planète. « OneWeb est un opérateur de télécom mondial qui va vendre ses services en gros aux opérateurs de télécoms, en leur permettant d’étendre leurs zones de chalandise, souligne Eric Béranger, p-dg de OneWeb. Nous commencerons ces services fin 2019. Il y a trois semaines, nous avons passé un premier accord avec Alaska Telecom, très intéressé par notre orbite quasi-polaire.» L’intérêt avancé est, pour le client final, « un accès meilleur que l’ADSL et à un prix abordable ».
Financement
Côté financement, peu de chiffres sont dévoilés : la chaîne d’assemblage toulousaine aura coûté « quelques millions » ; chaque satellite est chiffré à moins d’un million de dollars ; quant à OneWeb, la société se finance en levée de capital (1,7 milliard de dollars de capital aujourd’hui) et en dette (objectif non communiqué). Le gouvernement français (via le Programme d'investissement d'avenir), le Cnes, Bpifrance et la Région Occitanie ont notamment apporté leur soutien, en partie financier.
