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Le Medes dépasse la barre des 50 études cliniques
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Le Medes dépasse la barre des 50 études cliniques

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L'Institut de médecine et de physiologie spatiales de Toulouse (Medes) vient de fêter ses 30 ans. La clinique spatiale du Medes, qui ne possède que deux équivalents en Europe, a déjà réalisé 55 études cliniques sur plus de 850 volontaires. Objectifs : assurer le suivi médical des astronautes de l'Esa et aboutir à de nouvelles applications de e-santé et technologies biomédicales.

Centrifugeuse humaine du Medes qui permet de placer les volontaires en gravité artificielle. — Photo : Cnes

Fondé par le Cnes et le CHU de Toulouse, l'Institut de médecine et de physiologie spatiales (Medes) vient de fêter ses 30 ans. Le groupement d'intérêt économique comprend, depuis 1996, une clinique spatiale qui n'a que deux équivalents européens, en Allemagne et en Slovénie. La clinique de 1600 m2 (30 ETP ; CA : 3 à 4 M€ en fonction des contrats) est la seule à se trouver dans l'enceinte d'un centre hospitalier universitaire, le CHU de Rangueil, ce qui lui permet un contact direct avec les professionnels de santé. À ce jour, 55 études cliniques y ont été réalisées sur plus de 850 volontaires.

« Nous travaillons pour l'Esa sur le suivi médical des astronautes avant, pendant et après un séjour dans l'espace », explique Philippe Hazane, directeur du Medes depuis 2016. « C'est en partie grâce à nos études qu'après son retour sur Terre, un astronaute peut marcher normalement au bout de deux heures et reprendre ses activités après quinze jours, quand il fallait attendre plusieurs semaines par le passé », complète Audrey Berthier, directrice des opérations.

Suivi médical des astronautes

Treize salariés du Medes sont détachés au Centre d'aide au développement des activités en micropesanteur de Toulouse (Cadmos) et au Centre européen des astronautes. Ils ont ainsi participé à la dernière sélection européenne, dont est issu Thomas Pesquet. La clinique a été impliquée dans des expériences, par exemple de physiologie, réalisées par l'astronaute français dans la Station spatiale internationale (ISS), et a assuré le suivi médical de Thomas Pesquet lors de la mission Proxima. En tout, 14 astronautes ont été monitorés sur 17 missions différentes.

Parmi les 55 études cliniques effectuées par le Medes, 25 étaient en simulation d'impesanteur. La clinique est notamment la seule d'Europe à utiliser l'immersion sèche, un nouveau modèle de simulation de l'impesanteur. La dernière expérience de ce type a impliqué 10 équipes scientifiques en 2019 autour de 20 volontaires immergés cinq jours. Dans l'étude Cocktail réalisée en 2017 sur 20 individus, l'impesanteur a été simulée par un alitement de 60 jours, la tête inclinée à -6°. Toutes ces expériences ont pour objectif d'étudier la réponse de l'organisme à des conditions d'impesanteur prolongée, afin de préparer les futurs vols spatiaux de longue durée, vers la Lune puis vers Mars.

Des applications sur Terre

Enfin, les recherches du Medes ont pour ambition de déboucher sur de nouvelles applications de e-santé et technologies biomédicales utilisables sur Terre. « Tout comme certains patients au sol, l'astronaute se trouve dans un désert médical, ce qui nécessite de développer de nouvelles méthodes de traitement et de surveillance à distance, explique Audrey Berthier. Nos études ont par exemple mené au projet Diabsat de dépistage mobile du diabète et de suivi à domicile via une application. Le système est opérationnel à 100 % en Occitanie et depuis quelques semaines à la Réunion ».

De son côté, le projet Eristo d'étude de la mécanique de l'osthéoporose et des troubles osseux observés dans l'espace, a permis le développement d'un appareil dernier cri. Fabriqué avec le Suisse Scanco Medical, le XtremeCT permet de visualiser la microarchitecture de l'os en profondeur, à l'échelle 100 micromètres, pour en évaluer sa solidité. Une opération impossible avec la machinerie classique. L'appareil est déjà commercialisé dans plusieurs pays européens.

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