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Cylad explore de nouveaux territoires sur les marchés du conseil
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Cylad explore de nouveaux territoires sur les marchés du conseil

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Créé en 2007 à Toulouse, Cylad défend un modèle hybride sur le marché du conseil, à mi-chemin des cabinets ultraspécialisés et des géants du secteur. Alors que la crise fragilise ses clients industriels, la PME s’engage elle-même dans une diversification métier, en créant une offre sur l'interim management, et géographique, avec une nouvelle implantation en Suisse.

Laurence Massat et Sébastien Chaussoy, deux des directeurs associés de Cylad au bureau de Toulouse — Photo : Cylad

Une PME comptant 140 collaborateurs, mais présente dans cinq pays sur trois continents : le profil du cabinet Cylad détonne dans l’univers du conseil. Fondée en 2007 à Toulouse, l’entreprise a développé au fil des années un modèle stratégique rare sur son marché, à mi-chemin des petites structures spécialisées sur la stratégie ou la transformation industrielle, et des grands groupes généralistes. « La création du cabinet correspondait à une envie de construire un environnement de travail à taille humaine, avec un pacte social différent notamment dans la répartition de la valeur, rapporte Sébastien Chaussoy, l’un des deux cofondateurs de Cylad avec Paul Archer. Notre modèle hybride nous permet de rester spécialistes pour proposer le meilleur service à nos clients, tout en enrichissant notre offre de nouvelles expertises au fil des années. »

Diversification sectorielle

Près de 90 % de l’activité de conseil se concentre sur l’industrie, avec un panel de prestations comprenant la gestion de programme, la transformation business et digitale, le développement produit ou encore l’optimisation des coûts. Si l’aéronautique et la défense constituent les spécialités historiques de Cylad, et près de 50 % de son chiffre d’affaires actuel, la société a très vite ouvert son portefeuille à des entreprises du spatial, de la pharmacie, du ferroviaire, de l’énergie… La diversification sectorielle s’est ensuite doublée d’un autre objectif stratégique : la conquête de nouvelles géographies, allant sur des routes qui suivent souvent celles des industriels de la région toulousaine.

« Ce sont d’abord nos clients qui nous ont demandé de les suivre dans leurs projets à l’international, confirme Sébastien Chaussoy. La rencontre de notre futur associé en Allemagne, Thomas Trautmann, nous a convaincus d’ouvrir notre premier bureau à l’étranger, en 2013 à Hambourg. ». Cylad a tiré de cette expérience un schéma privilégié pour ses nouvelles implantations : la création plutôt que le rachat, et la recherche d’un associé local chargé de constituer les équipes et de travailler le portefeuille clients. C’est ainsi que le groupe a développé sa présence en Australie depuis 2018, principalement sur le marché de la défense, puis au Canada depuis 2019, avec une spécialisation plutôt aéronautique.

L’international, levier d’attractivité

Cette expansion internationale a permis de conforter les positions de Cylad auprès des entreprises industrielles : le groupe indique réaliser 80 % de son activité avec des clients réguliers. Elle a aussi offert un nouveau levier d’attractivité et de fidélisation auprès des collaborateurs. « Dans notre vision du métier, les bureaux doivent compter moins de 100 personnes pour que tous les collaborateurs aient la possibilité de se connaître et de travailler ensemble. Si on veut grossir et offrir des opportunités à nos consultants, il faut ouvrir de nouvelles entités », résume Sébastien Chaussoy. Plusieurs salariés français ont ainsi participé à l’ouverture des bureaux de Melbourne et Montréal.

Annoncée le 1er septembre dernier, la dernière implantation de Cylad à l’étranger se distingue dans la stratégie de développement. Le rachat de la société suisse Seestatt Consulting & Interim Management, forte de 40 experts pour un chiffre d’affaires d’environ 5 millions d’euros, constitue la première opération de croissance externe du groupe. Il marque surtout l’arrivée du cabinet sur un nouveau métier, spécialité de Seestatt : l’interim management. « Le rachat est plus une question d’opportunité que de virage stratégique, confie Sébastien Chaussoy. Le développement d’une offre sur l’interim management répond en revanche à une évolution profonde du conseil, qui est de proposer à nos clients plus d’expérience et de leadership, par exemple en prenant la responsabilité d’un projet du début à la fin. »

Diffusion des savoir-faire

Proposée sous la marque Cylad Experts, cette nouvelle prestation voit des collaborateurs du groupe assumer directement des fonctions opérationnelles chez les clients, généralement pour quelques mois. L’expérience des équipes de Seestatt doit infuser dans tout le groupe : des groupes de travail mixtes existent déjà entre les entités suisse et allemande du groupe, et doivent se généraliser aux autres bureaux. « L’objectif, c’est de développer une branche Cylad Experts dans chaque pays : dès qu’un besoin sera identifié, nous identifierons en interne l’expert qui peut nous aider sur le secteur, la fonction, sur le projet, pour apprendre à travailler ensemble, explique Laurence Massat, directrice associée. En parallèle, nous allons développer l’activité Consulting en Suisse. »

En plus d’un nouveau métier, Cylad va devoir apprendre de ses équipes suisses un autre modèle économique : des missions plus longues, et à des taux plus faibles que pour le conseil. Des évolutions que son fondateur Sébastien Chaussoy envisage avec optimisme. « Notre métier de base, c’est la transformation : même quand on agit comme consultant externe, il faut rester sur la durée pour avoir un impact, et donc trouver un tarif compatible avec les moyens des entreprises. C’est ce que nous faisons déjà sur notre activité de conseil avec une politique de prix plus accessibles que d’autres cabinets spécialistes. »

Covid : des clients attentistes

Cette diversification intervient dans un contexte particulier pour Cylad, avec des clients industriels touchés de plein fouet par les conséquences de la crise sanitaire, notamment dans le secteur aéronautique. Des projets phares du groupe pour 2020 en souffrent directement : ainsi le plan Industrie du futur, que le cabinet devait animer en Occitanie. L’objectif de chiffre d’affaires pour 2020, initialement porté à 25 millions d’euros, ne sera pas atteint. Pour 2021, il augmentera mécaniquement avec l’intégration de Seestatt, mais les perspectives restent incertaines. « La période est marquée par l’attentisme : beaucoup de décisions sont décalées dans les entreprises. La plupart des projets portant sur l’amélioration de la performance industrielle sont en stand-by, tandis que des opérations se préparent sur des fusions-acquisitions et des retournements », précise Sébastien Chaussoy.

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