Après un premier tour de table, VH 93 s’apprête à réaliser une nouvelle levée de fonds. Cette entreprise créée en 2017 s’est positionnée sur le marché des hydroliennes afin de produire de l’énergie à partir du mouvement des cours d’eau ou du flux et du reflux des vagues. "Nous avons été habitués à disposer d’une énergie constante et régulière. Aujourd’hui, le consommateur doit apprendre à faire autrement. Nous proposons ainsi une énergie renouvelable, mais que l’on doit saisir quand elle est disponible. Ce sont nos comportements qui doivent s’adapter à l’énergie et non l’inverse", confie Stéphan Guignard, enseignant-chercheur au sein d’Aix-Marseille Université, fondateur de l’entreprise, militant de la transition énergétique. VH 93, qui compte actuellement 4 collaborateurs, et s’est jusque-là financée au travers d’aides de Bpifrance, du crédit impôt recherche, de prêts bancaires et d’une première levée de fonds de 100 000 euros va se lancer dans un second tour de table à la fin mars.
Financement participatif
Stéphan Guignard vise un montant de 500 000 euros via une plateforme de financement participatif, dont la sélection n’est pas encore achevée. "Avec cette somme, nous pourrons également lever des fonds, notamment auprès de Bpifrance. Au final, nous devrions pouvoir tabler sur un budget de plus d’un million d’euros. Cela va nous permettre de recruter et nous serons alors dix en septembre prochain", précise le fondateur. Le dirigeant envisage d’intensifier son développement commercial afin de poursuivre le développement de ses hydroliennes de cours d’eau, qu’elle met en location, et surtout, de lancer la mise en place d’un démonstrateur de récupération de l’énergie de la houle, qui pourrait se trouver au Frioul ou sur la Digue du Large au sein du port de Marseille. "Nous sommes sur un sujet plus complexe, que personne n’a encore réellement abordé, notamment à cause du mouvement alternatif des vagues".
Des hydroliennes conçues pour être recyclées
La technologie de VH 93 repose sur le principe du rotor de type Savonius à pales souples. Une technologie éprouvée qui tourne lentement et n’entraîne que peu d’interactions avec le cours d’eau, mais que Stéphan Guignard a amélioré afin d’obtenir un rendement de 30 à 40 %. "Nous sommes sur un produit très largement respectueux de l’environnement. Par ailleurs, l’hydrolienne, conçue à 95 % en matériaux biosourcés, à base de déchets végétaux et plastique approvisionnés localement, a totalement été pensée pour être recyclée par broyage et reconditionnement. Dans ce genre de projets, il y a deux solutions. S’engage-t-on vers un produit hightech ou choisit-on le lowtech en réduisant au maximum la pollution liée à la fabrication et en rendant le produit réutilisable ? J’ai bien évidemment choisi la seconde solution…" Mais, si son produit séduit déjà des particuliers, quelques gestionnaires de canaux d’irrigation ou de grands comptes de la gestion de l’eau, le dirigeant est conscient que son dispositif, limité aux cours d’eau, ne changera pas la face énergétique du monde. "Le véritable enjeu, c’est de capter, au large, l’énergie des vagues", s’enthousiasme-t-il. Et plutôt que de simplement produire de l’électricité, il imagine d’autres utilisations. "Pourquoi ne pas produire de l’hydrogène ou de l’eau douce, de façon moins polluante que sur les côtes". Stéphan Guignard l'avoue, il rêve d'un autre avenir, tout comme en son temps Victor Hugo (VH), qui dans son ouvrage sur la Vendée, baptisé 93 (1874), disait : " Utilisez la nature, cette immense auxiliaire dédaignée. Faites travailler pour vous toutes les chutes d'eau, réfléchissez au mouvement des vagues, au va-et-vient des marées ".
