L'une des deux marques que va lancer courant septembre la Scop-Ti, s'appellera 13.36. Comme le nombre de jours de lutte sociale contre Unilever qui a permis de lui donner naissance. « L'accord de fin de conflit date du 26 mai 2014, alors que le projet de fermeture du site a été présenté en septembre 2010. Nous étions 76 salariés encore en lutte à ce moment-là », rappelle Olivier Leberquier, ancien délégué CGT, qui, avec Gérard Cazorla, dirige désormais la coopérative. « De salarié en lutte, je suis devenu directeur général.... Cela s'est fait doucement, au fur et à mesure. Il n'y a pas eu de rupture nette. Dès fois, quand je suis le dernier à quitter l'usine et que je ferme tout à clé... Cela me fait drôle », commente-t-il avec recul. Ils sont aujourd'hui 57 coopérateurs, dont cinquante actifs. « Il y avait beaucoup de blocages administratifs à la reprise de l'activité, mais ils sont maintenant tous réglés. Les machines nous ont été cédées pour un Euro symbolique et nous sommes locataires du site qui appartient pour l'instant à la communauté urbaine MPM qui l'avait préempté durant le conflit. Un projet doit nous amener à devenir propriétaire des lieux ». Maintenant que les blocages sont levés, les ex-Fralib sont sur le pied de guerre. « Nous avons travaillé en fin d'année 2014 au choix de la marque qui a été lancée le 26 mai à la date anniversaire de fin de conflit », ajoute-t-il. La marque 13.36 est ainsi destinée à la grande distribution. « Nous avons l'ambition qu'elle contribue à la relance de toute une filière. Il y a trente ans, nous nous approvisionnions dans l'Hexagone où l'on produisait ainsi 400 à 500 tonnes de tilleul. Aujourd'hui, il n'en est plus récolté que 10 à 15 tonnes et les principaux acteurs s'approvisionnent en Amérique latine », déplore Olivier Leberquier. La marque Scop-Ti est quant à elle destinée au réseau spécialisé de produits du terroir et aux magasins bio. « Nous allons présenter douze infusions (camomille, tilleul, mélisse...) et quatre thés sous chacune des deux marques. Nous finissons les discussions avec l'ensemble des acteurs de la grande distribution. Aucun ne nous a fermé la porte. Certains même nous sollicitent. La médiatisation du conflit nous a aidés. Pour rester, nous devons maintenant proposer un produit de qualité à un prix abordable ». Les dirigeants de la Scop-Ti souhaitent en effet que le prix de vente de leurs produits ne dépasse pas les trois euros.
Les consommateurs doivent être acteurs
« Les plus modestes doivent pouvoir acheter notre production. Par ailleurs, nous souhaitons encourager les consommateurs à être acteurs de leurs achats. Quand on fait ses courses, il est possible d'influer sur beaucoup de choses. Peut-être même plus qu'avec son bulletin de vote. Bien sûr, parfois, c'est compliqué de savoir ce qui est réellement made in France de ce qui ne l'est pas. Avec nos produits, le consommateur saura... » Sur les 20 millions d'euros versés par Unilever lors de la conclusion du conflit, la moitié a servi à financer les salaires et les cotisations sociales salariales et patronales. « 7 millions d'euros correspondent à la valeur du parc machines et plus de 2 millions d'euros sont entrés dans la Scop. À cette somme ce sont ajoutés 177.000 ? issus des différents coopérateurs », précise le dirigeant. Un important plan de formation a par ailleurs été mis en place pour reconvertir de nombreux salariés à de nouvelles tâches. Enfin, depuis janvier 2015, la Scop-Ti est accompagnée dans la mise en place de son organisation commerciale par un consultant externe.
Didier Gazanhes
Scop-Ti
(Gémenos) Olivier Leberquier 50 salariés 04 42 32 53 00 www.scop-ti.com
