Ordre des experts-comptables Paca : "Quelques voyants appellent aujourd’hui à la prudence"
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Nicolas Férand président du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables Paca "Quelques voyants appellent aujourd’hui à la prudence"

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Nicolas Férand, président du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables Paca note la bonne résilience de l’économie régionale en 2022. Pour lui, la prudence reste de mise en 2023, en attendant le retour d’une meilleure visibilité et donc de la confiance des dirigeants d’entreprise.

Nicolas Férand, président du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables Paca — Photo : Maurice COHEN

Quel bilan faites-vous de l’activité économique en région Paca en 2022 ?

L’activité des TPE-PME régionales a augmenté de 9,8 %, plaçant la région au quatrième rang du classement national avec un résultat supérieur à la moyenne nationale (9,5 %). Il est intéressant de noter que 2022 est la première année post-Covid qui n’a aucune restriction sanitaire. Ce chiffre de croissance est plutôt encourageant et démontre une certaine résilience de la région Paca, malgré les conséquences de la guerre en Ukraine et la flambée du coût des matières premières. Toutefois, cette croissance est à nuancer, notamment dans un secteur comme celui de la construction, qui a été le premier secteur impacté par la hausse des prix des matériaux.

En tenant compte de l’inflation, quelle serait la croissance enregistrée en 2022 ?

Corrigée de l’inflation (5,9 % selon l’Insee en décembre 2022 sur les 12 derniers mois), la croissance atteint 1 à 2 % en 2022. Ainsi, les entreprises de la construction ont enregistré un neuvième trimestre consécutif de croissance de leur chiffre d’affaires (+8 %) au 4e trimestre 2022, portant l’augmentation moyenne sur l’année 8,4 %. Toutefois les difficultés d’approvisionnement et la hausse du coût de l’énergie et des matériaux ont obligé les professionnels de ce secteur à revaloriser leurs tarifs, ce qui gonfle mécaniquement leurs chiffres d’affaires.

Un autre secteur a été particulièrement impacté par la hausse des matières premières, celui des TPE-PME de boulangerie et pâtisserie, qui affichent une croissance de chiffre d’affaires modérée de 1,6 % au 4e trimestre 2022.

Qu’en est-il de la trésorerie des entreprises ?

Les trésoreries ont globalement tenu en 2022. Depuis le début de l’année 2023, la prudence est de mise. Nous observons un rallongement des délais de paiement des clients, les sociétés d’assurance-crédit sont en alerte. Enfin, nous notons aussi de plus en plus de clients qui ont recours à l’affacturage. Quelques voyants appellent à la prudence.

Aujourd’hui, quel est le principal frein à la reprise pour 2023 ?

Le manque de visibilité. Est-ce que la consommation des ménages sera toujours au rendez-vous ? Quel effet aura l’augmentation des taux d’intérêt ? La Banque de France prévoit une stabilisation des taux à la fin de cette année et nous retrouverons alors stabilité et visibilité, propices au retour de la confiance des chefs d’entreprise et de la croissance. Rappelons que pour qu’une entreprise ait l’envie d’investir, elle doit pouvoir se projeter. Aujourd’hui, la préoccupation majeure des dirigeants est de faire rentrer de la trésorerie.

Notez-vous une recrudescence du nombre de défaillances d’entreprises ?

Le nombre de défaillances enregistrées au premier trimestre 2023 est le même que celui de 2019. Ce chiffre traduit un rattrapage des années Covid, lorsque des entreprises ont été maintenues sous perfusions. Il traduit aussi le cycle de vie des entreprises. Pour l’heure, ce chiffre n’est pas alarmant.

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