Le leader français de l'intérim Proman simplifie l'accès au CDI
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Le leader français de l'intérim Proman simplifie l'accès au CDI

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Quatrième acteur européen dans le secteur de l’intérim, le groupe Proman, basé à Manosque dans les Alpes-de-Haute-Provence, vient de lancer un dispositif innovant permettant l’accès au CDI. Le groupe, dont la croissance a été freinée par la crise sanitaire, vise les 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021.

Roland Gomez père, fondateur du groupe d'intérim Proman, et Roland Gomez fils, PDG de l'entreprise — Photo : DR

Le groupe Proman, basé à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), innove au sortir de la crise sanitaire du coronavirus. Le spécialiste de l'intérim qui fédère plus de 600 agences locales vient de lancer un dispositif innovant qui permet l’accès au contrat à durée indéterminée (CDI) et à l’ensemble de ses avantages. « Après la période difficile que nous avons traversée, nous souhaitions être innovants sur le marché de l’emploi et proposer quelque chose de véritablement différenciant », explique Roland Gomez fils, qui dirige aujourd’hui l’entreprise créée voici 30 ans par ses parents, Évelyne et Roland Gomez. Le groupe, qui se positionne aujourd’hui comme le quatrième acteur européen sur le marché du travail temporaire et du recrutement CDD/CDI, n’a pas quitté sa commune d’origine. Installé à quelques centaines de mètres de la marque de produits cosmétiques L’Occitane, sur la zone industrielle Saint-Maurice, à une demi-heure d’Aix-en-Provence, il ambitionne toutefois de maintenir dans les années à venir un rythme de croissance soutenu, alimenté de croissances externes et internes.

Flexeo, un nouveau contrat de travail

Pour l’heure, son innovation repose sur le CDI à temps partagé, baptisé Flexeo. Après une période de test de huit mois concluante à la fois pour les collaborateurs et les entreprises dans les secteurs du BTP, de la logistique agroalimentaire et de l’industrie, le dispositif est désormais déployé au niveau national. « Pour les salariés, décrocher un CDI de droit commun, c’est un peu découvrir le Graal. Nous nous sommes ainsi attaqués à ce sujet en nous appuyant sur la loi de 2005 qui instaure le CDI à temps partagé et la loi Avenir Professionnel de 2018 qui l’a étendu aux personnes les plus éloignées de l’emploi en intégrant la notion de "CDI aux fins d’employabilité" », explique Roland Gomez.

« Avec Flexeo, nous proposons aux salariés un CDI traditionnel avec tous ses avantages. Si l’offre est régie par les mêmes législations que le CDI Intérimaire, elle incite toutefois les parties prenantes à s’engager sur un partenariat de long terme. Aucun de nos confrères ne propose actuellement cette offre qui est pourtant totalement dans l’air du temps », assure le dirigeant de Proman. Le CDI est conclu entre le salarié et Flexeo, toute nouvelle filiale de Proman. La structure détache ainsi le salarié auprès d’une entreprise utilisatrice où il dispose des mêmes conditions que les permanents. « Ce CDI "Flexeo" permet aux salariés de se projeter dans une vie professionnelle avec un accompagnement personnalisé », se félicite Roland Gomez. « Une centaine de personnes ont déjà signé ce contrat. Notre mission est de parvenir à faire travailler le salarié à temps plein toute l’année avec seulement deux ou trois collaborations différentes. C’est un outil supplémentaire qui peut amener les gens à retrouver un emploi. L’idée est qu’au final le salarié soit recruté dans l’une des entreprises où il a été intégré. Flexeo ou pas, notre objectif est toujours le CDI. »

Une crise sans précédent

Le groupe familial provençal lance ainsi son nouvel outil juste après la crise sanitaire du coronavirus, qui a violemment interrompu son essor. « En trois jours, nous avons vu notre activité se réduire de 70 %. Plus des deux tiers des intérimaires en poste chez nos clients se sont vus arrêtés. Seuls ceux qui étaient positionnés dans la logistique et l’agroalimentaire ont pu continuer à travailler », raconte Roland Gomez. « Nous étions face à une crise pour laquelle personne n’avait de référence. Nous avons alors misé sur le bon sens. Nous avons rassuré nos collaborateurs et nous avons mis en place une organisation afin de pouvoir répondre à toutes les questions qui nous étaient posées. Par ailleurs, dans les activités qui ont été qualifiées de nécessaire à la vie économique, le travail temporaire a été clairement identifié. C’est un symbole fort pour notre profession. »

Une croissance freinée par la crise du Covid

Une crise sanitaire qui vient ralentir la croissance forte que le groupe maintient depuis de nombreuses années. En 2019, Proman a ainsi enregistré un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros, en croissance de 30 %. « Nous visions les 3 milliards d’euros en 2020, notamment au travers d’une croissance externe d’envergure, qui nous permettra d’intégrer 160 agences supplémentaires dans trois pays européens, confie Roland Gomez. Aujourd’hui, nous avons retrouvé près de 85 % de notre activité, ce qui est exceptionnel. Toutefois, cette pause de trois mois va forcément décaler notre croissance. »

Les 15 % d’activité qui n’ont encore pas repris sont principalement dans l’industrie lourde, dans l’aéronautique et l’automobile. « De nombreuses activités tournent au ralenti et n’ont pas encore repris d’intérimaires. Heureusement, nous sommes restés durant ces trois décennies une entreprise 100 % familiale. Nous n’avons pas de pression d’actionnaires et nous n’avons pas l’obsession des ratios financiers. Notre priorité est de protéger nos collaborateurs. Nous sommes agiles et nous avons une meilleure capacité de résistance que certains de nos confrères ».

100 % familial

Un groupe resté à 100 % familial, caractéristique rare dans le monde de l’intérim dominé par trois acteurs internationaux : Adecco, Manpower et Randstad. « Notre histoire a commencé en 1990 par la création d’une première agence baptisée les Professionnels de Manosque, dont la contraction a donné Proman. J’ai rejoint la société en 1991, pour mes 18 ans. Désormais, nous comptons 660 agences dont 397 en France. Ces bases, cette croissance, tout cela forge un caractère et des valeurs. Nous comptons 3 000 collaborateurs fixes et nous faisons travailler 80 000 personnes. Cela représente beaucoup de familles qui comptent sur nous pour travailler, faire carrière, vivre. Nous avons un véritable rôle social qui, au regard de la situation actuelle, de la crise sanitaire, de ce que les entreprises vont vivre, va prendre de plus en plus d’importance », aime à penser le dirigeant.

De Manosque au reste du monde

Aujourd’hui Proman se positionne comme le premier acteur français, le quatrième européen et le 12e au niveau mondial. C’est en 2012 que l’entreprise a fait ses premiers pas à l'international, qui représente aujourd’hui 40 % du chiffre d’affaires. « Quand nous avons bien maîtrisé le marché français, nous avons décidé de nous lancer dans d’autres pays, en priorité francophones : Suisse, Belgique, puis Angleterre, Luxembourg, Espagne… ». Douze pays au total. Il y a trois ans, Proman a franchi l’Atlantique et a pris pied aux États-Unis, où elle compte 80 agences dans une quinzaine d’États. « Nous avons racheté une entreprise familiale, relate Roland Gomez. Nous cherchons toujours des gens qui font le même métier, avec les mêmes valeurs, très attachés à leur entreprise. En fait, il n’existe pas beaucoup d’entreprises indépendantes comme la nôtre, capable de les racheter et de poursuivre leur activité dans le respect de leurs valeurs et de leurs collaborateurs. Nous sommes sur un métier de service très particulier, qui repose sur l’humain. Il faut comprendre et partager les cultures locales ».

Mais si Proman grandit par croissance externe, le groupe s’est construit à 70 % par une croissance organique. « Nous ne sommes pas simplement l’agglomération d’entreprises ou de réseaux différents. Nous disposons d’un véritable savoir-faire en termes de création d’agences. Elles sont là pour s’adapter au terrain. Elles possèdent ainsi une véritable autonomie, se targue le PDG de 47 ans. « Nous n’avons pas de procédures gravées dans le marbre que nous reproduisons sur chacun des sites. Il faut au contraire être adaptable, agile, apporter des réponses différentes en fonction des contextes. Donner du travail aux gens c’est passionnant. Nous sommes sur un métier noble pour lequel il faut une grande rigueur. »

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