Durant le salon nautique de la Métropole Aix-Marseille-Provence, qui s'est tenu du 19 au 27 mars dernier à La Ciotat, la start-up ciotadenne Hynova Yachts, créée en 2019 par Chloé Zaied, présentait à flot le prototype du tout premier bateau au monde à propulsion électro-hydrogène destiné à être produit en série. En début d'été 2021, l'entreprise avait effectué un sea show avec son bateau, l'Hynova 40, afin de le présenter dans différents ports entre Marseille et Monaco. "Nous n'avions pas l'intention de vendre, mais nous voulions avoir une démarche pédagogique afin de présenter cette technologie innovante qui inquiète certains. Voir naviguer le bateau a permis de faire changer pas mal d'idées préconçues sur l'hydrogène", explique Chloé Zaied, qui ajoute : "Il fallait montrer le bateau. Jusque-là, on ne m'écoutait pas vraiment. Je pense que pour le bateau de série, c'est la même chose. Pour pouvoir le vendre, convaincre un acheteur, il faut pouvoir le présenter."
13 heures d'autonomie à 12 ou 13 nœuds
La petite entreprise, qui compte cinq salariés, va ainsi lancer dans le trimestre à venir la production de son bateau dans ses locaux de 500 m² au sein du chantier naval La Ciotat Shipyards. "Les moules de la coque vont être réalisés en Italie et la majorité du reste de la production sera réalisée en France. Dans nos locaux, nous ferons les finitions, l'intégration de la technologie ou encore la peinture… Nous sommes en train d'étudier les tâches que nous allons intégrer ou externaliser", détaille la dirigeante, qui précise que lorsque la production va réellement commencer, l'équipe d'Hynova Yachts s'étoffera de près de huit personnes supplémentaires. Le bateau, qui devrait être vendu plus d'un million d'euros, disposera de 13 heures d'autonomie à 12 ou 13 nœuds.
Le problème principal de l'entreprise demeure la mise en place de la filière hydrogène. "Nous travaillons à la création d'une réglementation avec les autorités compétentes. Lorsque nous avons réalisé notre sea show, nous avons effectué une trentaine de pleins et cela a constitué notre principal souci. Chaque port est un cas particulier. Il n'y a aucune uniformité. Le plein ne dure que quinze minutes, mais il faut faire venir des camions avec de l'hydrogène dans les ports. Nous avons contribué à sensibiliser les ports à cette problématique".
Ainsi, la cible prioritaire d'Hynova Yachts demeure pour l'instant les professionnels, comme les sociétés effectuant les navettes avec différentes îles, proposant des charters à la journée, ou les classiques opérateurs de promenade dans les calanques. Des sociétés rattachées à un port qui peuvent ainsi mettre en place plus facilement une véritable filière d'approvisionnement pour un besoin récurrent. "Nous envisageons également de toucher les propriétaires de superyachts, qui veulent de plus en plus des annexes confortables et respectueuses de l'environnement". L'Hynova 40 ne rejette en effet pas de Co2, mais simplement de l'eau, sans nuisances sonores et sans risque de fuite d'hydrocarbure.
