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Coronavirus : Pour l'entreprise de mécanique EMM, l’activité tiendra encore deux semaines
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Coronavirus : Pour l'entreprise de mécanique EMM, l’activité tiendra encore deux semaines

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Située entre Cannes et Grasse, EMM est spécialisée dans la réalisation de pièces de mécanique de précision. L’entreprise subit la fermeture de ses clients, parmi lesquels de grands groupes comme Thales. Son carnet de commandes ne lui permettra pas de poursuivre au-delà des deux semaines à venir.

Benito Pisani dirige l'entreprise EMM près de Cannes, qui a développé notamment une activité d'impression de pièces 3D — Photo : Olivia Oreggia

L’entreprise implantée à Pégomas, entre Cannes et Grasse, tourne encore. Pas tout à fait à plein régime, mais elle tourne. EMM (12 salariés, 1,1 M€ de CA) est spécialisée dans la réalisation de pièces de mécanique de précision, travaillant ainsi pour l’aérospatiale, la défense, le naval, l’optique ou l’agroalimentaire.

« Nous nous sommes vraiment bien organisés, juste avant que le couperet tombe », explique Benito Pisani, le dirigeant. « Dans la semaine précédant le confinement, nous nous sommes mis en ordre de bataille. Nous avons travaillé sur les projets en cours et nous sommes approvisionnés pour pouvoir travailler en parfaite autonomie. À partir de ce moment, je savais que nous aurions de quoi tenir pendant quatre semaines. »

Plus qu’un tiers des commandes

Maintenir l’activité, même réduite, le plus longtemps possible, voilà l’objectif du patron. Au sein de l’atelier, les distances entre chacun sont agrandies, les mesures d’hygiène multipliées. Les salariés portent des gants, mais pas de masques. Pas plus qu’ils n’ont de gel hydroalcoolique.

Aujourd’hui, la PMI fonctionne avec un tiers du volume habituel de commandes, la grande majorité de ses clients ayant baissé le rideau. « Cela ne suffit pas », assure simplement Benito Pisani. « Nous sommes sous-traitant de Thales DMS à Sophia Antipolis qui représente 15 % de notre chiffre d’affaires. La société poursuit son activité en télétravail et nous passe quelques commandes. Ce n’est pas énorme mais c’est rassurant, elle joue vraiment le jeu. Nous travaillons aussi pour Thales Alenia Space à Cannes, qui compte pour 15 à 20 % de notre activité et qui est aujourd’hui complètement à l’arrêt. Et puis il y a tous ceux qui ont fermé en cascade, auprès desquels nous travaillons au second rang, comme ce bureau d’ingénierie à Marignane, sous-traitant d’Airbus, lui aussi à l’arrêt. »

Le carnet de commandes va donc logiquement s’amenuisant, de quoi tenir encore deux semaines. Et au-delà de cette problématique s’ajoute celle de l’approvisionnement. Les composants ou la visserie qu’utilise EMM sont fournis par de grosses sociétés en région parisienne ou lyonnaise. Quand celles-ci ne sont pas fermées, se pose la question de la livraison. « Parmi les transporteurs, il n’y a encore que DPD qui fonctionne. Parfois, nous nous retrouvons à ne pouvoir fabriquer que 95 % d’un ensemble mécanique ! »

Quant à EMS, sa filiale spécialisée dans la chaudronnerie et la tôlerie fine au service du nautisme, l’activité ne pourra pas perdurer au-delà de la semaine en cours. « La situation du nautisme est dramatique. Alors que nous devrions être en train de préparer la saison, le secteur est totalement à l’arrêt, la navigation interdite. »

Demande de chômage partiel et de prêt bancaire, « sans espoir »

La trésorerie de l’entreprise permettra d’assurer le paiement des salaires du mois d’avril. Benito Pisani a fait une pré demande il y a quinze jours déjà afin de bénéficier du dispositif exceptionnel de chômage partiel mais dit n’avoir obtenu depuis, ni réponse ni avancée. Dans le même souci d’anticipation, le dirigeant est en train de constituer un dossier de demande de prêt bancaire garanti par l’État. « Mais j’ai peu d’espoir. Ma confiance dans toutes ces aides est nulle. Je ne sais pas si nous remplirons les critères d’éligibilité sachant que nous n’avons pas encore finalisé les bilans. La grande inquiétude est : comment cela va redémarrer ? Nous sommes sous-traitants donc s’il n’y a pas de projets, nous n’aurons pas de boulot. Nous sommes habitués à prendre des claques en permanence. En novembre dernier, nous avons subi les inondations. Nous avons nous-même réparé nos machines et ne nous sommes arrêtés que quelques jours. Nous essayons de garder le moral. Nous les chefs d’entreprise, pouvons surmonter beaucoup de difficultés mais pas sans visibilité. »

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