De petits tubes en plastique plutôt que du sable ou du charbon. Dans le monde entier, la technologie de l'ultrafiltration membranaire est en train de remplacer les techniques traditionnelles de traitement de l'eau. Développée par Suez dès les années 70, elle permet de rendre potable une eau naturelle sans ajout de produit chimique. «Le procédé consiste à filtrer l'eau à travers de petits tubes en matière plastique, appelés membranes fibres creuses, dont la paroi poreuse permet de retenir des particules à l'échelle du 100e de micron, explique Jean-Michel Espenan, P-dg de Polymem. On peut ainsi éliminer toutes les matières en suspension mais aussi et surtout les bactéries ou virus qui contaminent l'eau dans certaines régions du monde.» Implantée à Toulouse depuis 1997, Polymem est l'une des deux sociétés françaises à détenir cette technologie, la deuxième étant Aquasource (toulousaine elle aussi). Au monde, ils sont tout au plus une dizaine d'acteurs positionnés sur ce secteur.
Nouveaux débouchés
Un marché de niche qui n'en est pas moins très porteur, selon Jean-Michel Espenan: «Il y a d'abord le marché du renouvellement des installations existantes, même si on ne change pas une station de traitement de l'eau tous les cinq ou dix ans. Par ailleurs, plus un pays se développe, plus sa consommation d'eau par habitant augmente, d'où la nécessité de construire de nouvelles unités de production d'eau potable ou de les redimensionner. Il y a aussi la réglementation qui évolue, avec des normes qui vont dans le sens d'une amélioration de la qualité de l'eau et donc de son traitement.» D'autres débouchés s'offrent aussi à Polymem, liés aux nouvelles applications de l'ultrafiltration membranaire. Parmi elles, le prétraitement de l'eau pour le dessalement de l'eau de mer ou le recyclage de l'eau.
Un projet Épicéa
Pour rester compétitif face aux grands du secteur, Polymem joue la carte de l'innovation. Elle s'implique ainsi dans de nombreux programmes de recherche européens en lien avec la filtration membranaire et consacre entre 15 et 20% de son chiffre d'affaires à ses activités de R & D. Son projet Gigamem a d'ailleurs été retenu dans le cadre d'Épicéa 2008, qui vise à développer la filière composite en Midi-Pyrénées. En partenariat avec le Critt Mécanique et Composite et la société Design'Air (82), Polymem travaille au développement de nouveaux modules d'ultrafiltration en composite pour les très grandes installations de traitement d'eau. En juin2010, Polymem livrera d'ailleurs, à l'étranger, sa plus grosse réalisation: une unité d'ultrafiltration de 40.000m³/jour.
Aline Gandy
En pleine croissance sur le plan mondial, le marché du traitement de l'eau par ultrafiltration membranaire se partage entre une dizaine d'acteurs tout au plus. De très gros comme Suez ou General Electrics mais aussi des PME, telles que Polymem à Toulouse.
