Des piles à combustible équipant les automobiles aux matériaux utilisés pour les cœurs artificiels, l’expertise de Specific Polymers (28 salariés, CA 2020 : 1,8 M€) trouve un large terrain d’applications. Fondée en 2003 à Castries, près de Montpellier, la PME héraultaise s’appuie sur une forte expertise en chimie et chimie organique pour concevoir des polymères, matériaux et revêtements de haute performance. Exportant dans 50 pays, elle compte un portefeuille de 500 clients, répartis à parité entre la recherche académique et l’industrie. "Au démarrage de l’entreprise, nous avons pris conscience que les industriels désireux de collaborer avec les laboratoires universitaires avaient du mal à obtenir des échantillons. Notre souhait a toujours été de sortir l’innovation de l’université et de l’amener au plus près des entreprises", rappelle Cédric Loubat, président de Specific Polymers.
Une expertise de niveau européenne
Positionnée comme prestataire en R & D, Specific Polymers aide ses clients à valider leurs preuves de concept, afin d’amener ces projets au plus près de leur phase d’industrialisation. En peu de temps, l’entreprise a été intégrée à trois projets européens, pour lesquels elle reçoit des subventions annuelles de 500 000 à 600 000 euros. Le premier, orienté vers l’environnement, porte sur un procédé de biodégradation des matériaux en fin de vie. Le second vise le développement de nouveaux matériaux pour le stockage de l’énergie. Le dernier projet, tourné vers la santé, porte sur la production de tissus artificiels pouvant s’adapter au fonctionnement des muscles.
En parallèle, Specific Polymers développe une quatrième activité avec la création de matériaux à haute performance, pour une large palette d’utilisations. "Nous venons de décrocher deux contrats avec la Direction générale de l’aviation. L’un porte sur un revêtement conducteur appliqué aux avions afin de leur permettre d’absorber les effets de la foudre. L’autre porte sur des matériaux à résistance thermique élevée : ces composés seront appliqués sur les parties les plus chaudes des avions, qui montent à plus de 300 degrés", cite Cédric Loubat.
Une nouvelle approche du marché
Avec 80 % de ses effectifs formés de doctorants et d’ingénieurs, Specific Polymers entretient des rapports étroits avec les universités et centres de recherche d’Occitanie, et au-delà. "De nombreux laboratoires nous achètent des matériaux pour leurs propres besoins en recherche", glisse Cédric Loubat. Mais ce dernier, en décrivant un plan de recrutement qui conduira son entreprise au seuil des 50 ou 55 salariés en 2025, annonce une évolution décisive pour Specific Polymers.
En effet, si son laboratoire lui permet de produire des quantités allant du gramme à quelques kilos, Specific Polymers veut aller plus loin sur ce point. Jusqu’à présent, l’entreprise développait de nombreux partenariats avec des industriels, comme le groupe chimique Solvay, pour produire des quantités suffisantes à un produit arrivant en phase d’industrialisation. Elle sollicitait aussi des producteurs à façon, situés en Chine, en Inde ou en Europe.
D’ici deux ans, Specific Polymers veut amplifier sa propre capacité d’industrialisation. "Nous voulons nous rapprocher du marché. Notre bâtiment actuel, qui accueillera bientôt une trentaine de collaborateurs, arrive à saturation. Avec le niveau d’effectifs que nous visons, c’est le modèle économique de l’entreprise qui va changer", annonce Cédric Loubat. Ce projet prendra la forme d’un nouveau bâtiment de 800 m2, nécessitant un investissement de 2 millions d’euros. Le chantier, situé sur un terrain déjà acquis par l’entreprise en 2011, démarrera en 2022, pour une livraison prévue l’année suivante.
