Toulouse
Plombés par la crise sanitaire, les tiers-lieux toulousains adaptent leur modèle
Toulouse # Services

Plombés par la crise sanitaire, les tiers-lieux toulousains adaptent leur modèle

S'abonner

Fermés pendant le confinement puis impactés par les restrictions sanitaires, les tiers-lieux toulousains subissent des pertes de 30 à 40 % de leur chiffre d'affaires. Pour sauver l'activité, les établissements privés adaptent leurs aménagements et diversifient l'offre.

Créé en 2016 à Toulouse, le tiers-lieu Ô Local propose 40 postes en bureaux partagés ou en coworking — Photo : Ô Local

"D’habitude le mois d’octobre est le meilleur mois de l’année, que ce soit sur nos offres de coworking, de bureaux partagés ou de location de salles pour les entreprises. Mais cette année, l’activité est en recul de 30 %, et on s’attend à tourner au ralenti jusqu’à l’été prochain." Ce constat est formulé par Sébastien Hordeaux, l’un des acteurs historiques du coworking à Toulouse depuis qu’il a créé, fin 2014, le réseau Etincelle (six adresses sur Toulouse et une à Albi, 5 salariés, CA 2019 : 700 000 euros). Mais on peut désormais le généraliser à la plupart des tiers-lieux de la Ville rose.

Aménagements

Fermés pendant le confinement, les espaces de coworking et de bureaux partagés subissent de plein fouet les suites de la crise sanitaire. L’injonction gouvernementale de limiter les contacts et de favoriser le télétravail incite les clients indépendants à rester à la maison, et les entreprises à reporter l’organisation de séminaires ou de formations. Les charges fixes, elles, restent inchangées. "Nous avons fait tous les aménagements nécessaires pour respecter les consignes sanitaires, par exemple en installant des plexiglas dans les bureaux partagés ou en assurant la distanciation physique dans les salles de détente, souligne Sébastien Hordeaux. Notre visibilité ne dépasse pas les trois mois : nous pouvons encore appuyer notre trésorerie sur un prêt garanti par l’État (PGE) mais viendra le temps de le rembourser."

Flexibilité

Pour le tiers-lieu Ô Local, le confinement a aussi marqué une rupture dans l’équilibre économique. Son fondateur, Vincent Barrier, a pris alors une mesure forte : l’annulation des loyers pour mars et avril. "Cela nous a permis de conserver les clients indépendants, tandis que les entreprises plus structurées ont souvent fait le choix de continuer à nous payer en forme de soutien, indique le dirigeant. Mi-mai, nous n’avons enregistré que deux départs sur les quarante postes que nous proposons en coworking ou en bureau partagé." Cette fidélité s’accompagne d’une évolution des pratiques : moins d’abonnements au mois, plus de locations à la journée. L’équipe d’Ô Local a créé une nouvelle proposition tarifaire pour s’adapter à cette demande de flexibilité, et mis en place de nouveaux services.

Augmenter le panier moyen

Depuis le mois de septembre, Ô Local a ainsi créé une offre mêlant coworking et autopartage, en association avec la start-up toulousaine Iodines. Les 27 entreprises hébergées dans ses murs bénéficient d’une heure de location gratuite par mois, et de la proximité de la flotte de véhicules électriques Iodines, installés dans la cour du tiers-lieu. "L’objectif est à la fois de répondre à un besoin de mobilités, et d’augmenter le panier moyen des utilisateurs sans changer le prix des postes de travail", précise Vincent Barrier. Le dirigeant réfléchit aussi à créer un espace de restauration équipé, pour développer le panel de services aux locataires et offrir de nouveaux débouchés aux travailleurs indépendants du secteur.

Digital

Au sein du Lab’Oïkos, la crise sanitaire pèse aussi sur le taux d’occupation, avec 50 % des bureaux actuellement loués et une activité coworking au point mort. Alors que 2020 devait être le premier exercice rentable pour le tiers-lieu, avec un chiffre d’affaires prévisionnel d’un million d’euros dont 75 % sur la location de bureaux et de salles événementielles, l’année devrait se finir sur un chiffre d’affaires de 650 000 euros. "La crise sanitaire nous oblige à trouver des sources de chiffre d’affaires qui résistent à de nouveaux épisodes de pandémie, résume Rémi Demerssman. Nous adaptons notre modèle en développant le segment de notre offre qui peut basculer sur le digital."

Coaching et formations

Depuis sa création, la structure a développé des services d’accompagnement sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), amenés à passer de 25 à 50 % du chiffre d’affaires. "Nous avons toujours vu la location d’espaces comme un média pour attirer le public des chefs d’entreprise et susciter sa curiosité sur les enjeux de la RSE, explique Rémi Demersseman, fondateur du Lab’Oïkos. Notre nouvelle plateforme digitale Oïkos Impact est un nouveau moyen de capter l’attention des dirigeants."

Lancée le mois dernier, cette plateforme propose un accompagnement en ligne des entreprises sur deux dimensions : leur performance économique et la RSE. Avec cet outil, les dirigeants peuvent déterminer leurs besoins, trouver des contenus inspirants, et être mis en contact avec des consultants. Si cette phase de bilan est gratuite, les entreprises paient si elles veulent réaliser une analyse de leur stratégie ou bénéficier d’outils d’accompagnement sur la durée. Le modèle économique inclut aussi la vente de formations.

Toulouse # Services