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Fortiche Production : "Nous voulons doubler nos effectifs à Montpellier"
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Alexis Wanneroy superviseur d'animation chez Fortiche "Nous voulons doubler nos effectifs à Montpellier"

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Le studio d’animation Fortiche et son antenne montpelliéraine lancent la production d’une deuxième saison de la série Arcane, énorme succès mondial sur Netflix en 2021. Alexis Wanneroy, superviseur d’animation chez Fortiche, revient sur le choix stratégique d’ancrer le studio dans la métropole héraultaise.

Alexis Wanneroy pilote Fortiche Animation, installé à Montpellier depuis 2020 — Photo : Fortiche

Émanation du studio d’animation parisien Fortiche Production, Fortiche Animation (30 salariés) est installée à Montpellier depuis 2020. Sous l’impulsion de son superviseur, Alexis Wanneroy (ex-Dreamworks), le studio a pris une part active à la création de la série d’animation Arcane, inspirée du jeu vidéo League of Legends (éditeur : Riot Games). Énorme succès, la série de neuf épisodes a battu le record d’audience de Netflix la semaine de sa sortie en novembre 2021, et s’est classée dans les top 10 du diffuseur dans 52 pays.

Comment Fortiche Animation a-t-elle été associée à la production d’Arcane ?

Alexis Wanneroy : Fortiche Production avait commencé à travailler sur la première saison mais elle a été vite confrontée au défi de produire plus d’épisodes. J’ai rencontré plusieurs sous-traitants possibles en Inde et en Asie. Or, ma volonté était de garder le même niveau de qualité que l’équipe parisienne. Finalement, j’ai proposé d’installer une première antenne à Montpellier, et une deuxième à Las Palmas, en Espagne. Elles se sont chargées d’une partie de l’animation d’Arcane : un épisode se compose de dix séquences, que nous avons réparties entre les trois structures.

Pour le recrutement à Montpellier, j’ai activé mon réseau à l’école d'arts appliqués Esma, où je suis professeur et membre du jury annuel. Nous avons embauché vingt étudiants issus de leurs cursus, qui ont travaillé sur l’ensemble de la production. Fortiche recrute dans les grandes écoles d’animation, comme les Gobelins à Paris, qui font un excellent travail de formation. Mais les écoles de Montpellier, comme l’Esma et ArtFX, bénéficient d’un micro-climat très favorable aux industries culturelles et créatives (ICC). Quand les étudiants en sortent, ils sont au point.

Que trouvez-vous en plus à Montpellier, par rapport à d’autres écosystèmes ?

Alexis Wanneroy : La Métropole de Montpellier m’a proposé de m’installer à la Halle Tropisme (tiers-lieu dédié aux ICC, NDLR). La rencontre de cet écosystème m’a donné envie de m’y installer durablement. J’ai ensuite communiqué cette envie à Jérôme Combe (président de Fortiche Production, NDLR), qui a vite compris l’intérêt d’avoir une antenne dans le Sud. La qualité de vie est un argument fort pour les employés qui envisagent de se relocaliser avec leur famille. La Métropole nous a aussi aidés sur d’autres aspects, en nous mettant en relation avec des financeurs, par exemple.

Le succès mondial d’Arcane a-t-il rejailli sur Fortiche Animation ?

Alexis Wanneroy : Non, parce que Riot Games (l'éditeur, NDLR) détient tous les droits. La communication est très cadrée et il n’y a pas de focus sur les studios qui fabriquent la série. En revanche, nous bénéficions d’une vraie reconnaissance. Nous venons d’obtenir neuf nominations aux Annie Awards (les Oscars de l’animation, NDLR), et j’espère bien remporter plusieurs prix ! Fortiche Animation reste une petite structure, se faire connaître prend du temps. Mais Arcane nous a permis de montrer comment nous travaillons. Et le développement du streaming nous aide. En diffusant sur le plan mondial, les plateformes ont besoin de contenus variés, ce qui encourage l’émergence d’une animation plus mature, plus poussée.

Avez-vous d’autres projets pour Fortiche Animation ?

Alexis Wanneroy : Pas dans l’immédiat. Nous lançons la production de la deuxième saison d’Arcane. C’est un travail colossal : la première saison représentait l’équivalent de trois films d’animation. En général, la production d’un film réclame un an et demi, mais nous avons réussi à faire plus vite. À ce jour, nous employons 30 salariés à Montpellier – et j’espère monter à 50 ou 60 sous peu –, 15 à Las Palmas et 300 à Paris. Mais nous ne pourrons pas trouver 300 ou 400 salariés d’un coup pour les mettre sur un autre projet. Notre fil directeur reste l’ambition artistique. Je l’ai vu en travaillant chez Dreamworks (studio d'animation américain, NDLR) : le studio fonctionnait bien en produisant un film par an, mais quand il est allé au-delà, la qualité a flanché. La différence se fait au niveau des directeurs artistiques. Ils pilotent la production des projets, ce qui réclame des années d’expérience. Ce sont les profils les plus compliqués à trouver.

Montpellier # Activités culturelles # Tourisme # Informatique