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Coodio : "Tous les grands acteurs du numérique viennent à l'audio"
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Benoît Illinger secrétaire général de Coodio "Tous les grands acteurs du numérique viennent à l'audio"

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Buzz autour du réseau social ClubHouse, engouement pour Audible et les livres audio, généralisation du podcast… La dynamique mondiale portant les métiers et les technologies de l’audio ne cesse de s’amplifier. À Montpellier, Coodio, le premier cluster français dédié au sujet est né en 2020. Son secrétaire général, Benoît Illinger, évoque de nouvelles opportunités pour capter ces flux en Occitanie et dans le sud de France.

Benoît Illinger, secrétaire général de Coodio — Photo : Coodio

Comment analysez-vous la croissance tous azimuts autour de l’audio ?

Benoît Illinger : Nous assistons à un vrai renouveau, à une prise de conscience de l’intérêt de l’audio, et ce dans tous les domaines. C’est un sujet qui irrigue tout. Après une longue période de focalisation sur les technologies de l’image, on comprend l’importance d’utiliser le bon média au bon moment. Par exemple, quand un chef d’entreprise doit diffuser un message à ses salariés, l’audio sera très probablement plus utile que la vidéo ou l’écrit. C’est un retour à un processus qui semble plus naturel et plus logique. Cette évidence s’impose à tous. Tous les grands acteurs du numérique viennent à l’audio. ClubHouse crée un énorme buzz, qui révèle une forte appétence du public. Spotify s’apprête à lancer un service pour le concurrencer. WhatsApp avait déjà intégré le SMS vocal, qui prend de plus en plus de place. Et Twitter vient de lancer Spaces, une fonctionnalité de chat audio… Il est très révélateur qu’un géant de la Silicon Valley tel que Twitter, dont l’activité reposait sur l’écrit, se lance à son tour. Les investissements ne vont plus cesser de grandir dans cette niche, qui avec le temps n’en est plus une.

Quels formats ou technologies se développent aujourd’hui le plus ?

Benoît Illinger : Une bonne part de cette croissance est liée aux développements technologiques autour des assistants vocaux : toutes les formes de commandes vocales accessibles sur smartphones, à travers les gros assistants édités par les GAFAM ou bien sur les boxes des opérateurs internet. Selon une étude publiée fin 2020, 20 millions de personnes en France utilisent des assistants vocaux au quotidien. Un tiers de la population ! Il faut aussi mentionner le livre audio, qui rencontre un fort engouement. Selon une enquête du Syndicat national de l’édition, il représente déjà 18 % de parts de marché en France, avec un potentiel évalué à 50 %, à terme. Là encore, il est significatif de voir un groupe comme Amazon venir créer, en France, un studio pour alimenter Audible, sa filiale autour des livres audio.

Que dire, en particulier, du raz-de-marée autour du podcast ?

Benoît Illinger : Oui, le podcast est en très forte accélération, dans la fiction, les loisirs ou l’information. C’est lié, comme je l’évoquais, à la capacité à faire passer certains messages. À Toulouse, Mediameeting, qui est la première entreprise française de "voice business", vient de créer un observatoire de l’oralité en entreprise. Ils ont sondé 2 000 actifs, et il en ressort qu’un contenu sonore sera consulté par les deux tiers d’entre eux, soit un taux d’ouverture que n’atteindront jamais un mail ou une newsletter.

Le cluster régional Coodio profite-t-il de cette évolution ?

Benoît Illinger : Cette évolution ouvre des opportunités nouvelles à nos membres historiques (96 structures adhérentes à ce jour, NDLR). Nous continuons à développer des projets autour de nos axes stratégiques, notamment la collaboration entre nos membres afin de créer de nouveaux produits ou contenus audio. Nous favorisons aussi l’expérimentation entre eux, dans des initiatives de type "design sprint" (méthode agile d’innovation sur des délais courts, NDLR). Nous répondons à des appels d’offres, comme celui qui vient de s’ouvrir en prévision du Sommet France-Afrique, prévu à Montpellier en juillet. Et bien sûr, nous travaillons pour être visibles de partout, et montrer que l’audio se développe et prend toute sa place en Occitanie et dans le sud de la France. Nous accueillons de nouveaux membres tous les jours. En deux mois, j’ai vu 5 ou 6 TPE parisiennes déménager de Paris à Montpellier ou Toulouse. Elles sont heureuses d’y trouver un réseau opérationnel autour de l’audio. De plus, quand ce type d’acteurs remplit son carnet de commandes, il se spécialise souvent dans le contenu éditorial et confie à des partenaires, comme des studios de postproduction, le côté technique.

Comment voyez-vous le futur immédiat de la filière audio, en globalité ?

Benoît Illinger : Toute la mouvance podcast va se professionnaliser. Beaucoup d’agences spécialisées, qui sont aujourd’hui des TPE, vont évoluer en PME. Par ailleurs il y a aujourd’hui, dans la production audio, des outils peu compatibles. Ils seront bientôt mieux intégrés, ce qui favorisera l’industrialisation de la filière. On voit aussi de plus en plus de studios de postproduction généralistes qui évoluent pour se spécialiser. Et c’est un mouvement de moins en moins centré sur Paris et l’Île-de-France…

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