Haute-Garonne
Agora Industries : 6 millions d'euros d’investissement et un propulseur électrique spatial plein de promesses
Haute-Garonne # Industrie

Agora Industries : 6 millions d'euros d’investissement et un propulseur électrique spatial plein de promesses

S'abonner

A la tête du groupe Agora Industries dédié à l’équipement dans les secteurs de l'aéronautique, du spatial et de la défense, Benoît Moulas veut accélérer le développement de ses propulseurs électriques pour satellites ultra-innovants. Il lance aussi d’importants investissements pour Comat et Microtec, les deux sociétés du groupe.

Salle blanche sur le site de Comat (groupe Agora Industries) à Flourens. — Photo : Juliette Jaulerry

2018 sera une année clé pour Agora Industries, groupement industriel toulousain qui développe des projets à fortes valeurs ajoutées technologiques dans les domaines du spatial, du nucléaire, de la défense, et de l’énergie. Avec ses 423 salariés, le groupe (deux entités : Comat et Microtec) affiche un CA de 17,5 M€ en 2017 et vise les 30 M€ d’ici à cinq ans. Son bénéfice brut d’exploitation dépasse le million d’euros aujourd’hui et devrait être supérieur à 2,2 M€ dans les 5 ans, « grâce au développement de nouveaux produits et à la croissance interne », projette le dirigeant du groupe Benoît Moulas.

Développement des produits propres

L’entreprise Comat (85 salariés ; CA : 8 M€) basée à Flourens conçoit et fournit des équipements pour le spatial et l’industrie et est spécialisée dans les mécanismes, les équipements scientifiques, les systèmes optomécaniques, et la propulsion électrique. Depuis 5 ans, Comat s’est mis à développer ses propres équipements, aux côtés des équipements scientifiques réalisés pour des clients comme Thales Alenia Space ou Airbus. Parmi ces créations, Benoît Moulas met en avant trois gammes de produits : le propulseur électrique PJP (Plasma Jet Pack), l’actuateur (appareil générique qui permet des mouvements sur le satellite), et les roues à réaction (pour le maintien des positionnements). L’objectif du dirigeant est que l’ensemble de ces conceptions et productions propres représente 25 % du chiffre d’affaires d’ici à 5 ans.

Une nouvelle filiale à l’étude pour booster le propulseur PJP

« Nous prévoyons un fort essor pour le propulseur électrique et souhaitons valoriser notre savoir-faire autour de cette technologique très innovante », annonce le président du groupe qui étudie l’idée de créer une filiale dédiée à ce marché de niche. Avec l’idée d’atteindre une parfaite agilité et de travailler en mode start-up. Pour concrétiser ce projet, il lui faudra réfléchir à une nouvelle gouvernance de cette structure et accueillir de nouveaux investisseurs. « Les enjeux sont énormes. Dans les cinq ans à venir, 4 000 satellites seront lancés, soit 800 par an, contre 300 par an précédemment. On annonce 150 constellations d’ici dix ans, soit 30 000 satellites. Sachant qu’il y a un à huit moteurs sur un satellite, vous visualisez bien le marché ! Nous en visons 10 % », prévoit Benoît Moulas qui souhaiterait s’entourer d’investisseurs industriels (dont des futurs clients), et de fonds.

Space-X pourrait être invité à ce potentiel tour de la table, puisque la PME toulousaine est en contact avec eux aujourd’hui, pour la commercialisation de ses propulseurs. Une première gamme de propulseurs 30 watts partira en commercialisation dès 2019. Pour les appareils à 150 watts, le lancement prévu en 2021-2022 et nécessitera entre 5 et 10 millions d’euros de financement.

Agrandissement, déménagement et nouvelles machines

Sur le site de Comat à Flourens, des travaux d’agrandissement sont prévus avec 1 000 m² de surface supplémentaire (budget : 1 M€) et un investissement matériel de 1 M€, notamment avec l’acquisition d’une machine 5 axes multifonctions ultra-précise. Pour Microtec, un rassemblement des deux sites existants (Labège et Ramonville-Saint-Agne) sur celui de Ramonville-Saint-Agne est prévu pour juin : l’espace agrandi à 3 000 m² (travaux en cours, projet immobilier chiffré à 2 M€) disposera de nouveaux équipements (2 M€ d’investissement), dont une ligne de fabrication EMS (Electronics Manufacturing Services) dédiée à la fabrication haute-fiabilité. « Ces investissements vont nous permettre d’offrir une fiabilité duale : nous pourrons faire de l’aéronautique et du spatial sur la même ligne de production. Et cela correspond tout à fait aux attentes du marché spatial qui est en pleine évolution et qui veut fabriquer en volume. » Aujourd’hui, Agora Industries est déjà leader de la fabrication de cartes électroniques spatiales. « En 2017, nous avons produit 2 500 cartes électroniques pour la constellation Iridium, c’est un record absolu ! », commente Benoît Moulas.

50 nouveaux emplois dans les 5 ans à venir

Sur l’ensemble de ses activités, Agora Industries prévoit d’embaucher en tout une cinquantaine de personnes d’ici à 2023. Une trentaine de ces postes sera dédiée à la conception des nouveaux produits. Comment travaillent les ingénieurs d’Agora Industries ? « Nous multiplions les partenariats et projets collaboratifs. Nous travaillons avec les industriels Thales Alenia Airbus, Airbus et l’allemand OHB-System, mais aussi le Cnes et l’ESA, l’IRT Saint-Exupéry, les laboratoires locaux et nationaux. Nous avons aussi bénéficié des soutiens de la région Occitanie (programme Readynov) et nous participons aux programmes Rapid (Régime d’Appui pour l’innovation duale) de la DGA, ou encore le programme Elise, porté par le Cnes et Nexeya », explique Benoît Moulas. La somme des budgets R & D du groupe dépasse les 4 M€. Cela représente la moitié du CA de Comat.

Haute-Garonne # Industrie