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Valorem multiplie ses sources de production d'énergie
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Valorem multiplie ses sources de production d'énergie

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Le développeur et gestionnaire de parcs d’énergies renouvelables girondin Valorem poursuit sa marche en avant dans un contexte de forte inflation énergétique. Il tente, en parallèle, de se diversifier dans l’éolien offshore et l’hydrogène et garde les yeux rivés sur l’Europe, où il développe de plus en plus de projets d’envergure.

La majorité des projets de Valorem (74 %) sont des parcs éoliens — Photo : Valorem

C’est une première : mi-novembre, le groupe girondin Valorem (400 salariés, 102 M€ de chiffre d’affaires en 2021), spécialisé dans le montage et le suivi d'exploitation de parcs d'énergies renouvelables et présent à travers 8 agences en France le siège de Bègles (Gironde), Amiens (Somme), Nantes (Loire-Atlantique), Lyon (Rhône), Carcassonne (Aude), Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), a bouclé une campagne de financement participatif de 2,5 millions d'euros en obligations pour accélérer le développement de sa filiale Valemo (qui exploite suit l'exploitation d'environ 900 mégawatts) sur l’éolien en mer. Ce financement, pour la première fois dédié à une filiale plutôt qu'à un projet, concrétise le souhait de diversification du groupe, qui bouclait fin 2021 une augmentation de capital de 26,7 millions d'euros.

Diversification énergétique

Largement dominé, en termes de projets en cours (construction et production), par l’éolien (74 %), suivi du photovoltaïque (24 %) et de l’hydroélectrique (2 %), le mix énergétique de Valorem s’ouvre par étapes à d’autres marchés, l’éolien offshore étant le dernier en date. Présente au capital de la société finistérienne Eolink (éolienne flottante), l’entreprise a aussi renforcé en cours d’année son comité exécutif avec deux spécialistes de l’offshore (Philippe Tavernier et Bertrand Guidez) et nourrit le souhait d’investir. "Nous allons participer, sans être majoritaire, a des appels d’offres dans des consortiums", résume Jean-Yves Grandidier, président du groupe. Jusqu’à présent investi à travers le développement d’une activité de service (maintenance), l’éolien offshore a désormais sa propre équipe, présidée par Bertrand Guidez, qui a notamment travaillé sur le futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

Depuis deux ans, le groupe avance aussi sur l’hydrogène renouvelable. En 2021, il a remporté un appel d’offres de la métropole de Rouen (14 M€ d’investissement) pour développer une centrale d’hydrogène vert destinée à alimenter une flotte de 11 bus et "des industriels de la Vallée de la Seine", prévue pour mi-2025. En janvier 2022, l'entreprise en décrochait un second pour construire une autre unité de production près de Saint-Brieuc en 2024 pour alimenter des bus et bennes à ordures. En mai, elle annonçait un partenariat avec le spécialiste du transport de gaz palois Teréga (488 M€ en 2021) pour développer une offre d’hydrogène renouvelable, dont le projet de Saint-Brieuc est la première brique commune. "C’est plus compliqué de lancer des projets actuellement. Avec les prix de l’électricité, produire de l’hydrogène n’est plus forcément très rentable, même si ça reste conjoncturel", argue Camille Girard, responsable communication du groupe.

Incertitudes financières

La capacité de l’entreprise à financer des parcs reste un enjeu crucial. Le projet de loi sur les énergies renouvelables, discuté à l’Assemblée nationale en décembre, intervient dans une période d’incertitude. "Les projets ne sortent pas aussi vite qu’ils devraient", déplore Jean-Yves Grandidier, évoquant la circulaire gouvernementale envoyée fin septembre 2022 aux préfets pour accélérer le "traitement des dossiers d’instructions de projets" comme "un bon signal. Cette année, nous avons environ 90 mégawatt (MW) de projets en décision finale d’investissement, quasiment que de l’éolien. Sauf qu’au lieu de mettre 30 millions d’euros de fonds propres, on va en mettre 60".

A contrario, la Commission de régulation de l’énergie publiait en novembre une estimation - en forte hausse - des recettes de l’État générées par les EnR : 30,9 milliards d’euros sur 2022 et 2023. "Tout ce que la filière aura reçu de l’État en compensation depuis 2001 aura été remboursé fin 2023 mais il continue de ponctionner", poursuit Camille Girard. "Comme une partie de nos coûts d’exploitation dépendent du prix de l’électricité, dont le prix moyen a été multiplié par dix, nos OPEX (dépenses d’exploitation) augmentent de 40 à 50 %", ajoute Jean-Yves Grandidier. "Les business plans que nous avions bouclés ne sont plus valables. Sur les deux ou trois prochaines années, nous n’aurons sans doute pas généré suffisamment de cash-flow pour rembourser les banques dans les contrats de prêts passés avec elles sur les projets anciens. On continue à passer des contrats à 70 euros le MW alors qu'il sera vendu sur le marché à 500 euros en 2023. On manque cruellement de visibilité".

Offensive européenne

Au milieu de ce flou relatif, Valorem porte ses ambitions sur l’Europe. L’ETI a finalisé, en février 2022, la vente à un consortium finlandais du parc éolien de Kalistanneva, soit 27 éoliennes et 165 MW installés. Une brique d’un projet plus vaste, Viatti, qui comprend un autre parc éolien de 148,5 MW, Matkussaari, dont Valorem conserve le contrôle. Ce dernier a été financé grâce à une levée de fonds de 145 millions d’euros, sur un coût total de 195 millions d'euros, auprès du fond de dette danois AIP Management. L’ensemble doit permettre la production d’environ 1 terrawattheure (TWh) en Finlande, soit 1,2 % de la consommation du pays et l’équivalent du seuil de production franchi en 2020 par Valorem pour l’ensemble de son parc exploité.

Le montage financier est singulier : "AIP fixe son taux d'intérêt en fonction des prix du marché et prend une partie des remontées de cash-flow. Il se retirera quand il atteindra son objectif de rentabilité. C’est un système avantageux pour nous car nous allons revendre aux prix du marché et bénéficier de l'augmentation lors de la mise en service, mi-2024", argue le chef d’entreprise. "La part d'emprunt de l'opération est très élevée, à 73 %, cela minimise notre participation en fonds propres, ce qui est vital pour nous".

L’offensive européenne du groupe multiplie ses perspectives de développement : sur les 5,5 gigawatts (GW) de projets en développement tous types d’énergie confondus, 3,2 concernent la France et 2,3 l’international. En Grèce, un projet éolien de 30 MW est en attente de décision, il pourrait se concrétiser d’ici deux ans malgré "des conditions économiques moins intéressantes" que le projet finlandais. "Nous avons l’objectif d’avoir financé 2 GW à fin 2025 en Europe, ce qui produirait environ 4,5 TWh contre 1 TWh aujourd’hui", termine le PDG, précisant qu'un autre pays est déjà dans le viseur. Preuve de l’importance grandissante du marché européen : en grande partie grâce au seul projet finlandais, Valorem devrait doubler son chiffre d’affaires en 2022.

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