Les créateurs
À l'origine de la start-up 45-8 Energy, créée à Metz fin 2017, cinq associés qui partagent deux points communs : ils sont trentenaires et disposent d’une expérience professionnelle de plus de dix ans. « Notre activité nécessite un réseau important et de l’expérience », expose Nicolas Pélissier, fondateur et président de la société. Après douze années passées chez Total, il a fini sa carrière dans le pétrole à manager 45 personnes en Angola. « En 2012, j’ai visionné un reportage sur un ballon dirigeable qui s’était arrêté à cause d’une pénurie d’hélium. J’ai alors compris qu'il y avait un réel marché pour ce gaz. »
Le concept
45-8 Energy applique les recettes de l’exploration pétrolière à deux gaz industriels, l’hélium et l’hydrogène natif. La start-up mise sur l'exploration et la production conjointe de ces gaz enfouis dans les roches et le sous-sol, en France et en Europe de l’Ouest, pour s’affranchir du gaz naturel. « L’hélium est coûteux à importer car il faut le liquéfier à - 260 degrés. Il existe une trentaine de sites de production dans le monde, dont 22 aux États-Unis », recense-t-il. Ce gaz est utilisé dans la fibre optique, l’industrie spatiale ou encore la cryogénie. Selon Nicolas Pélissier, les besoins sont en croissance de 10 % par an et son prix a été multiplié par deux au cours des dix dernières années. « Le rechercher dans les roches et le sous-sol à notre manière est une première en Europe », se réjouit le fondateur, accompagné par Bpifrance.
45-8 Energy étudie la possibilité de capter à la surface du sol de l’hélium et de l’hydrogène issus de résurgences naturelles. Une première mondiale, en collaboration avec une entreprise du Cac 40 qui souhaite rester discrète. La start-up met au point des méthodes d’exploration par drones et développe des capteurs pour explorer les sources de gaz avec Georgia Tech Lorraine, une antenne de l’université américaine Georgia Institute of Technology située sur le Technopôle de Metz. La mise en production d’un premier pilote devrait intervenir second semestre 2020.
Les perspectives
Les activités de consulting permettent à la start-up de subvenir aux coûts pour l’exploration des gaz. Mais pour booster sa R&D, 45-8 Energy devrait lever 1,5 million d’euros de fonds cette année. Nicolas Pélissier et ses associés ont bouclé 2018 avec 10 000 euros de chiffre d'affaires, visent 650 000 € en 2020 et entre 15 et 20 millions d’euros en 2023. « Si nous trouvons un gisement profond de 80 millions de mètres cubes, à 3 € le mètre cube d’hélium non raffiné, ça serait une première étape. Nous sommes bien partis pour », ponctue le cofondateur de la start-up valorisée à 4 millions d’euros.