Les levées de fonds opérées en Nouvelle-Aquitaine en 2023 sont bien moins élevées (278 M€) que l’an dernier (663 M€) qui était un cru exceptionnel. Comment les qualifieriez-vous cette année ?
Les levées de fonds suivent la tendance au national et en Europe. Le montant total est moindre et la région se classe cinquième, derrière l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Paca et l’Occitanie. Mais ces levées montrent un bon dynamisme sur l’amorçage - multiplié par 2,5 - et sur le nombre d’opérations (+27 %). Cela prouve une bonne résilience. Nous avons assisté à des opérations plus nombreuses (70, classant la région troisième de France de ce point de vue), mais de moindre importance (le ticket moyen est de 4,3 M€). Malgré le reflux, il y a une réserve disponible chez les investisseurs privés et les fonds d’investissement.
Quels ont été les secteurs porteurs* ?
Le Newspace au sens large s’impose de plus en plus comme un secteur dynamique (les financements ont été multipliés par cinq par rapport à 2022, notamment grâce au tour de table de plus de 40 millions d’euros de The Exploration Company, NDLR), il se démocratise, c’est une vraie tendance et la Nouvelle-Aquitaine a des atouts à faire valoir. Il y a quelques années, les opérations portaient davantage sur les drones. Par ailleurs, si la fintech a beaucoup baissé, les cleantech liées à la transition énergétique et l’IA progressent, tout comme la medtech (biotech, e-santé).
Faut-il percevoir dans le bilan 2023 des sources d’inquiétude ?
Le plus difficile reste la réalisation des séries A. Le taux de transformation entre les seed et les séries A a beaucoup baissé. C’est vrai aux États-Unis, en Europe et en Nouvelle-Aquitaine. C’est une tendance à surveiller. Il faut que les investisseurs mettent moins de temps à déployer leur capital. Nous pouvons craindre qu’en 2024 la réalisation s’annonce aussi complexe.
*En 2023, le top 5 comprend la start-up girondine qui conçoit des capsules spatiales The Exploration Company (40,5 M€), le groupe bordelais Eklo Hôtels (35 M€), le fournisseur de centrales solaires bordelais Newheat (30 M€), la start-up Dioxycle qui capte le CO2 (15 M€), qui depuis a déménagé de Bordeaux à Paris, et l’entreprise corrézienne de biostimulants pour l’agriculture Axioma (15 M€).