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Après avoir racheté Nosmoke, Kate veut faire rouler la (petite) voiture de demain
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Après avoir racheté Nosmoke, Kate veut faire rouler la (petite) voiture de demain

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En rachetant Nosmoke, fabricant deux-sévrien de véhicules tout-terrain compacts électriques, trois associés parisiens lancent leur propre marque. Ils vont ressortir une version actualisée du modèle phare qui leur permettra de préparer l’arrivée d’une inédite micro-voiture de masse, fin 2024. Objectif : produire quotidiennement, jusqu’à 200 engins, fun et design, 100 % made in France.

Une version actualisée de la Nosmoke sortira cette année. Elle s’appellera l’Original — Photo : DR

Une aventure économique débute parfois avec une idée sous-jacente en tête qu’un petit déclic, surgi de nulle part, peut faire avancer… "Tout coïncide quand j’ai découvert et acheté une Twizzy (un véhicule entre le scooter et la voiture signé Renault, NDLR). Cela m’a conforté dans l’intime conviction que la voiture devrait ressembler plus à une voiture de golf qu’à un tank thermique ou électrique." Thibaud Elzière, entrepreneur issu du monde de la tech, a franchi le cap de la seule intuition. Il va s’attaquer de plein fouet à la façon de se déplacer en ville ou en rase campagne en sortant son propre véhicule 100 % made in France. Avec une ambition environnementale. Et bien loin, assène-t-il, des SUV qui courent les rues.

Deux autres associés

Pour y parvenir, ce quadragénaire a racheté, fin 2022 avec des fonds propres, la société Nosmoke, à Cerizay, dans les Deux-Sèvres, connue pour fabriquer un modèle de voiture électrique de loisirs (ou de plage diront certains) au look vintage. "J’ai cherché du côté des voitures de golf mais je me suis rendu compte que c’étaient souvent des importateurs. Là, il y avait un savoir-faire industriel dans les Deux-Sèvres et c’était concret car beaucoup font des voitures mais elles ne sont pas homologuées et ne roulent pas", explique-t-il.

Après "avoir rencontré de nombreuses personnes", discuté et réfléchi, deux autres associés parisiens l’ont rejoint dans son périple. Il s’agit de Pierre Escrieut et Matthias Goldenberg, deux ex-salariés de l’équipementier automobile Valeo, qui deviennent respectivement directeur technique et PDG de la jeune entreprise. Le premier étage d’une fusée, prévue par ses instigateurs pour décrocher la lune économique dans les prochaines années, était lancé.

L’Original en production

Les trois hommes ont, dans la foulée, lancé leur propre marque, Kate, en allusion à un mot japonais désignant des micro-voitures développées dans les années cinquante, par ailleurs toujours très prisées au Pays du Soleil Levant. "Pour m’offrir du temps et une expertise, il valait mieux partir d’une boîte existante dont j’ai fait la connaissance en croisant un de leur véhicule sur une plage du Cap Ferret, très inspirante avec son côté fun et sa petite taille", justifie Thibaud Elzière.

D’ici à quelques mois, Kate ressortira une version actualisée du modèle phare de Nosmoke, désormais baptisée Original. Elle sera vendue directement sur le site internet de la marque. Une initiative évidemment pas désintéressée. "On va pouvoir tester des choses en vue de notre voiture du futur, précise le cofondateur. Cela nous permettra aussi d’avoir des lignes de revenus car cette auto est très demandée dans les stations balnéaires, chez les propriétaires de résidences secondaires ou les loueurs. Et nous avons besoin de fonds !"

K1, l’ambitieuse citadine

Les ambitions du nouveau fabricant deux-sévrien, qui compte actuellement une trentaine de salariés, sont (très) élevées. La production sur le site historique devrait, progressivement, monter en puissance confie-t-il. Dans un monde idéal, la Kate Original "passera de 200 exemplaires en 2022, à un nombre compris entre 600 et 800 cette année. En 2027, on veut être capable de produire 200 véhicules… par jour, toutes séries confondues !"

Car l’objectif principal reste de sortir une citadine, design, totalement nouvelle "accessible au plus grand nombre à un prix situé autour de 14 000 à 15 000 euros". Répondant, à cette heure, au doux nom de K1, elle sera "légère, modulaire et adaptée aux trajets de tous les jours qui, à 98 % font moins de 80 kilomètres pour aller à l’école, au travail ou au sport", promet-on.

Thibaud Elzière, cofondateur de Kate — Photo : DR

Si tout se passe bien, les premières K1, évidemment électriques et "commercialisées au maximum" sur le web, pourraient être livrées à la fin 2024. Avec des caractéristiques propres précise l’entrepreneur. "On parle ici plutôt de véhicules que de voitures, détaille l’entrepreneur, ce seront des quadricycles lourds à moteur homologués L7E, limités à 90 km/h, et au maximum à 450 kg de poids (sans batterie) pour une longueur de 3m40 et une largeur d’1m50. Il faut seulement un permis B1 pour les conduire !"

La philosophie, consistant à travailler sur le développement de micro-voitures, est totalement assumée. Elle offre l’avantage de renverser gentiment la table sans affronter directement les grands constructeurs, pas vraiment enclins à céder du terrain. "Elles n’iront pas sur l’autoroute et ne sont pas pensées pour les longues distances, lance Thibaud Elzière. Il restera donc de la place pour des modèles lourds qui pourront coexister avec nos K1."

L’automobile fait sa révolution

Reste maintenant à financer l’ensemble du plan. Une première levée de fonds va être lancée très prochainement afin d‘obtenir quelques millions d’euros. Elle servira notamment à augmenter la production de l’Original et travailler sur la recherche et développement. Dans six mois, rebelote. Kate demandera, cette fois, plusieurs dizaines de millions d’euros cette fois, pour affronter le dernier virage. Celui qui nécessitera une évolution des chaînes et de l’usine, des embauches et la grosse artillerie.

Une mission guère aisée dans un contexte de fortes tensions où le marché automobile se rétracte tout en amorçant sa révolution. L’associé en a conscience. "On y croit, dit-il. Nous souhaitons faire une voiture made in France, en cherchant d’abord des fournisseurs locaux. Nous entendons participer à la réindustrialisation du pays pour une question morale mais aussi parce que cela a du sens d’un point de vue économique et environnemental."

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