Diminuer l’enfouissement des déchets de 50 % entre 2010 et 2025, c’est l’objectif fixé par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte en 2015. Une ambition louable en faveur de l’environnement et de l’économie circulaire, mais pas sans conséquences pour les professionnels de la filière. Ainsi, de plus en plus de centres de stockage voient leur autorisation non renouvelée par les autorités. C’est le cas du centre de stockage des déchets en mélange d’Etares, situé en Seine-Maritime, entre Rogerville et Gonfreville-l’Orcher, qui a fermé ses portes le 30 septembre dernier. Une décision qui pose problème pour Samuel Lebain, PDG d’Unifer Environnement (50 salariés, 12 M€ de CA) au Havre, spécialiste du recyclage de déchets (100 000 tonnes de tous types de déchets et métaux traitées par an) dont les déchets ultimes (déchets encombrants, mélanges de matières impossible à trier) représentent 15% de son activité: « Comme les autorités veulent baisser les volumes, l’extension de trois ans a été refusée à Etares. Mais ce centre absorbait 50 000 tonnes de déchets mélangés ! La conséquence, c’est qu’aujourd’hui, il faut se reporter sur d’autres centres, plus lointains. La conséquence c'est désormais sept semi-remorques tous les jours sur les routes, à une centaine de kilomètres, pour faire la même chose qu’ici ». Car si les centres ferment, les déchets sont toujours là. « Ces centres deviennent saturés et augmentent les prix. Mais l’enfouissement reste un outil industriel nécessaire quoi qu’on en dise ».
Optimiser et favoriser le tri
Face aux hausses de coût pour l’enfouissement des déchets, le PDG d’Unifer Environnement s’inquiète : « Le coût du traitement pour l’enfouissement à la tonne en 2020 va subir des hausses comprises entre 30 et 40 %. C’est énorme dans un métier de services ». Afin d’anticiper ces changements, Samuel Lebain a choisi d’optimiser et de favoriser le tri des déchets ultimes : « La transition écologique nous oblige à une remise en cause de nos stratégies économiques. Jusqu’à aujourd’hui, le tri des déchets ultimes n’était pas rentable économiquement ». L’entreprise va ainsi mettre en fonction, sur ses trois sites (2 au Havre et un à Notre-Dame de Gravenchon), des opérateurs trieurs afin d’effectuer un tri à la main de ce type de déchets .Bois, films plastiques, ferraille… Au total, le dirigeant vise plus de 30 % de déchets triés dans une benne et au final : « Une matière régénérée et d’autres qui peuvent avoir une valeur ». Avec à la clé, la création de six à sept emplois dédiés à cette tâche. Des postes nécessaires dans la nouvelle stratégie d’Unifer, mais aussi des investissements en pelles (pinces de tri pour étaler les déchets et charger les camions). « Ce que nous proposons à nos clients, c’est du tri sur-mesure. Le prix sera plus élevé pour le client car les coûts du marché augmentent avec la baisse du nombre de prestataires, mais nous lui garantissons un tri qu’il ne sait pas effectuer ». Entre la création de zones dédiées sur ses sites et l’achat de matériels, Unifer investit 500 000€ dans sa nouvelle stratégie. Une première étape qui pourrait conduire l’entreprise à la construction d’un centre de tri, même si le dirigeant admet qu’il faudra attendre, l’investissement à consentir se chiffrant à près de 2 millions d’euros.
