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Economie circulaire : ces entreprises varoises montrent la voie
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Economie circulaire : ces entreprises varoises montrent la voie

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La CCI du Var et ses partenaires renouvellent, le 11 octobre, le colloque initié en 2017 et consacré à l’économie circulaire dans le Var. Pour que les acteurs du territoire progressent ensemble vers une économie différente, plusieurs entreprises régionales de l’économie circulaire avaient participé à ces premiers débats. Retour sur l'activité de trois d'entre elles.

L'entreprise gardéenne Mix Urbain utilise notamment des bouchons plastiques pour réaliser du mobiier urbain. — Photo : Mix Urbain

L’année dernière, 30 entreprises, 19 institutionnels et 9 associations varoises signaient, sous l’impulsion de la CCI du Var, le Pacte pour l’économie circulaire. Un an plus tard, les signataires se retrouvent le 11 octobre à Puget-sur-Argens (Var), pour continuer de porter la bonne parole, faire comprendre l’intérêt et la nécessité de sortir de la société du jetable. Ce colloque est « l’une des étapes importantes pour aider à la compréhension, car l’économie circulaire nécessite parfois de faire évoluer les mentalités et les métiers », souligne Jacques Bianchi, président de la CCI du Var.

Ainsi, le groupe Sclavo (Fréjus) veut donner naissance à une plateforme de recyclage de bateaux de plaisance hors d’usage. Envisan, à La Seyne-sur-Mer, division environnementale de Jan De Nul Group, reçoit et traite des sédiments pollués pour les transformer en matériaux de construction. L’association Ecoscience Provence développe le retour de la consigne des bouteilles de vin. Les initiatives émanent d’entreprises, associations ou institutions.

Zoom sur deux entreprises traditionnelles qui ont fait le choix de l’économie circulaire et le projet d’un étudiant, qui n’attend plus que le feu vert des institutions pour lancer sa start-up.

Du mobilier urbain en plastique recyclé, 100 % français

Christophe Testa est issu d’une entreprise familiale de plasturgie, MP Industries, installée à Gardanne. Il y a maintenant 7-8 ans, il s’est mis au recyclage, il a créé une marque, Mix Urbain, « première offre d’équipements urbains en plastique recyclé, 100 % française ». Il fournit une seconde vie aux conteneurs du Pays d’Aix, aux bouchons collectés par une association toulonnaise, aux filets de protection des pommiers, aux bouteilles de lait ou aux palettes. « À partir de ces déchets, nous fabriquons un écomatériau recyclé, que nous déclinons en produits finis, inaltérables et sans entretien, comme des bancs, jardinières, parcours urbains, etc. »

L’entreprise, qui emploie 15 personnes et réalise un chiffre d’affaires d’1 million d’euros, travaille avec les espaces verts de la mairie de Marseille, avec les communes de Coudoux, Bouc-Bel-Air, Rognac ou Gardanne… Mais elle est capable de produire deux fois plus : « Nous manquons d’utilisateurs de nos produits finis et si nous participons à ce colloque, c’est aussi pour se faire connaître, pour identifier des marchés à sortir et demander l’insertion de clauses environnementales systématiques dans les appels d’offres ».

L'entreprise gardéenne Mix Urbain réalise notamment des bancs (ici à Mandelieu dans les Alpes-Maritimes) à partir d'éco-matériaux recyclés. — Photo : DR

La nouvelle vie des déchets inertes du BTP

Antoine Gonzales, le dirigeant de 3AG Recyclage tient sensiblement le même discours et souhaite aussi porter la bonne parole, faire prendre conscience que des solutions existent, que « des gens se battent dans le Var pour laisser une planète plus propre et conserver un peu de nos carrières pour nos enfants ». Antoine Gonzales est entrepreneur dans les travaux publics depuis 1997 et est venu au recyclage des déchets inertes du bâtiment et des travaux publics dès le début des années 2010.

Puis en 2014, une fois toutes les autorisations obtenues, l’entrepreneur de Six-Fours-les-Plages ouvre 3AG recyclage, crée deux emplois et traite 25 000 tonnes la première année. En 2018, son centre traite 60 000 tonnes de déchets, valorise 98 % des déchets collectés et emploie 6 salariés et une personne à temps partiel en insertion.

« Des gens se battent dans le Var pour laisser une planète plus propre à nos enfants. »

« Nous rentrons des déchets issus de la démolition, des travaux de terrassement et de tranchée. Nous trions, nous concassons et nous valorisons pour sortir différents produits, de qualité, qui vont de la terre criblée, issue du scalpage, aux remblais de tranchée, en passant par du ballast recyclé et du sable recyclé, qui repartent vers des chantiers et clients situés dans un rayon de 10 km » et pas davantage, car Antoine Gonzales s’engage globalement pour l’environnement.

Comme Christophe Testa, Antoine Gonzales profite de ce colloque pour faire de la pédagogie, indispensable pour la réussite de l’économie circulaire. Même s’il admet volontiers que les acteurs du BTP sont de plus en plus nombreux à faire appel à ses services, pour offrir une seconde vie aux déchets inertes… Mais aussi pour les réutiliser !

Des posidonies pour isoler

Entrepreneurs « traditionnels », Christophe Testa et Antoine Gonzales sont venus à l’économie circulaire. D’autres créent leur entreprise directement sur ce créneau. À l’image d’Olivier Misto, âgé de 23 ans et encore étudiant en Master 2 ingénieur d’affaires à Kedge business school. Son idée ? Revaloriser les posidonies (plantes sous-marines) mortes, échouées et aujourd’hui, réimmergées, stockées ou évacuées par les communes du littoral méditerranéen, pour donner naissance à un isolant biosourcé.

Baptisé Seaweed, son projet n’en est encore qu’à ses débuts, mais il a déjà été plusieurs fois récompensé. Seaweed est lauréat du prix EDF Var Terre d’innovation, lauréat régional du concours Pepite et sélectionné par l’incubateur Marittimo Tech. Des communes sont également très intéressées puisque, aujourd’hui, le coût de gestion des feuilles mortes de posidonie varie de 0,90 euro à 168,40 euros par m3 de banquettes de posidonie, selon l’alternative choisie par la commune, d'après une étude menée en 2017 auprès de 30 communes littorales, sur les 57 que compte la région PACA.

L’intérêt existe, mais aujourd’hui, Olivier Misto attend le feu vert des autorités environnementales (ministère et direction régionale de l'environnement, l'aménagement et le logement) pour lancer son entreprise et devrait prochainement lancer une expérimentation. « Les retombées d’un tel projet peuvent être importantes. Cette solution a fait ses preuves en Allemagne. En France, nous nous heurtons à un arrêté de 1988 pour développer notre activité », explique Olivier Misto, qui espère rapidement trouver une issue favorable pour créer Seaweed.

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