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Le groupe mayennais Jouve remporte un contrat de plus d'un milliard de dollars aux États-Unis
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Le groupe mayennais Jouve remporte un contrat de plus d'un milliard de dollars aux États-Unis

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Le groupe mayennais Jouve a décroché le contrat d’automatisation des process de l’obtention de brevets aux États-Unis. Déjà leader dans cette activité en Europe, l’ETI spécialisée dans le traitement des données s’affirme désormais comme un des principaux acteurs mondiaux de la gestion des brevets, tout en continuant de progresser dans ses autres activités.

Thibault Lanxade, PDG du groupe Jouve, implanté à Mayenne et créé sur les bases d’une imprimerie fondée en 1903 — Photo : Groupe Jouve

Le groupe Jouve a récemment décroché un énorme contrat outre-Atlantique. Le marché obtenu auprès de l’United States patent and trademark office (USPTO) fera doubler à terme le chiffre d’affaires annuel de l’ETI mayennaise, qui avoisine actuellement les 100 millions d’euros. Le contrat porte sur l’automatisation des process de l’obtention de brevets aux États-Unis, de leur réception à leur validation, le dépôt et l’examen d’un brevet pouvant nécessiter jusqu’à 1 000 échanges de documents. Jouve, qui associera pour cela intelligence artificielle et supervision humaine, sera en capacité de gérer plus de 8 000 brevets par semaine et 400 000 chaque année.

Cette activité, le groupe mayennais la connaît bien. Déjà leader européen pour la gestion des brevets, Jouve travaille déjà entre autres pour l’office allemand des brevets, l’office européen et l’office mondial basé en Suisse. L’entreprise, basée à Mayenne, traite aussi une partie des flux de l’institut national de la propriété intellectuelle. De la réception de la demande à la publication, Jouve assure ainsi l’ensemble des opérations.

"Lorsque les Américains ont redéfini leurs besoins de solutions en matière de gestion des brevets, explique Thibault Lanxade, PDG du groupe Jouve, ils nous ont contactés car nous avons ce savoir-faire métier. Jusqu’à l’obtention du contrat, il se sera écoulé quatre ans, pendant lesquels nous avons su à chaque fois donner les bonnes informations et les bonnes réponses à leurs interrogations." Quatre années durant lesquelles Jouve a dû aussi investir dans ce processus, mobiliser une équipe, assurer le développement commercial pour garder le contact avec les interlocuteurs…

Un chiffre d’affaires multiplié par deux

L’investissement s’est révélé payant, puisque le contrat remporté par l’ETI mayennaise porte sur 1,4 milliard de dollars sur dix ans. "Il y aura une montée en puissance des volumes mais cela correspond effectivement à peu près à 100 millions d’euros par an, précise Thibault Lanxade. C’est un projet industriel complet et un vrai challenge, qui représente un fort accélérateur, indique Thibault Lanxade, mais c’est aussi un risque industriel que nous devons mesurer, puisque nous allons doubler notre chiffre d’affaires."

Jouve, dont le chiffre d’affaires avoisine les 100 millions d’euros, va aussi fortement augmenter ses effectifs. Le groupe emploie actuellement 1 500 collaborateurs, dont près de 800 en France, le reste étant réparti dans six autres pays, les États-Unis, la Roumanie, l’Allemagne, les Pays Bas, l’Inde et Madagascar. Le contrat signé avec l’USPTO devrait générer la création de 800 à 1 000 postes, essentiellement aux États-Unis où Jouve possède déjà une filiale dans le domaine du digital learning.

Pour la mise en œuvre de ce nouveau marché, Jouve a ouvert une seconde implantation américaine, à Omaha, dans le Nebraska. "Le travail a déjà commencé, précise Thibault Lanxade. Nous sommes en France dans les premières phases de réalisation du moteur numérique que nous implanterons ensuite aux États-Unis, où nous allons recruter pour monter en puissance et former au fur et à mesure les gens qui utiliseront tous ces algorithmes." En France, le groupe recrute aussi spécifiquement pour ce projet environ 150 nouveaux collaborateurs, qui seront basés à Mayenne, à Laval et à Lens, dans le Pas-de-Calais.

Trois grands métiers

Avec ce contrat décroché aux États-Unis, le groupe Jouve s’affirme donc comme sur la scène internationale. "Nous restons néanmoins une ETI, confie Thibault Lanxade, mais en étant un acteur leader sur la partie brevet. Il nous faut aussi faire évoluer nos autres activités, et c’est le point de vigilance auquel il faut que nous soyons attentifs. Nous avons devant nous 15 mois à deux ans de montée en puissance, il ne faut pas que cela déséquilibre le reste." Car la gestion des brevets ne représente qu’une partie de l’activité du groupe Jouve.

Jouve emploie 1 500 personnes dont 800 en France et va recruter plus de 1 000 collaborateurs avec le contrat signé aux États-Unis — Photo : Groupe Jouve

L’entreprise travaille en effet autour de trois grands métiers. Tout d’abord, l’automatisation des process de flux entrants avec la gestion des documents, leur reconnaissance, la lecture automatique de leurs informations et l’utilisation de leurs données. Jouve assure aussi la composition et la mise en forme de documents : "Nous transformons des documents papiers ou électroniques en un document digital, explique Thibault Lanxade. Ce peut être pour des manuels scolaires comme aux États-Unis, avec la Commission Européenne pour qui nous le faisons la mise en forme de documents avec une traduction en 24 langues, ou encore avec la publication de brevets à l’échelle européenne ou dans différents pays." Jouve est également une entreprise de services numériques et développe des sites web ou des solutions logicielles pour des services de l’État, des collectivités ou de grandes entreprises. Pour compléter son large panel de compétences, l’ETI exerce aussi l’activité d’hébergeur, avec ses propres data centers, à Mayenne et à Laval.

Un imprimeur devenu acteur du digital

Organismes nationaux ou internationaux, services de l’État, collectivités, banques, acteurs de la santé ou entreprises comptent parmi les clients de Jouve, qui intervient aussi dans le secteur de l’industrie, par exemple auprès d’Eiffage ou de Vinci pour des supports administratifs et la digitalisation de l’ensemble des processus factures, ou pour la digitalisation des documents techniques des véhicules de Renault. Autant de domaines d’intervention et de marchés qui font aujourd’hui de l’entreprise un acteur de poids en France et à l’étranger.

Fondée sur les bases d’une imprimerie implantée en 1903 à Mayenne par l’éditeur Henri Jouve, l’ETI mayennaise, qui a pris le virage de la dématérialisation à l’aube des années quatre-vingt-dix, en est devenue au fil des ans un important acteur. Arrivé à la tête du groupe il y a quatre ans, Thibault Lanxade a souhaité se séparer de cette activité originelle d’imprimeur : "Nous étions devenus full digital, explique-t-il, et nous avions perdu peu à peu cette capacité que peut avoir un imprimeur pur qui exige aussi des investissements. Nous avons vendu cette activité qui représentait 22 millions d’euros de chiffre d’affaires."

Début 2020, l’imprimerie historique, où sont par exemple confectionnés les célèbres Guides du Routard, a donc ouvert une nouvelle page de son histoire avec Dupliprint, une société du Val-d’Oise. Le groupe Jouve, quant à lui, continue d’écrire la sienne, en France, en Europe et ailleurs, le contrat signé avec les États-Unis lui donnant encore une dimension supplémentaire.

L’entreprise met le cap sur 2025

Avec le contrat signé aux États-Unis, Jouve va donc recruter plus de 800 personnes outre-Atlantique et environ 150 nouveaux collaborateurs en France. À Laval, le groupe, qui possède un data center et son équipe dédiée, va investir un nouveau bâtiment dans lequel elle va embaucher environ 80 personnes. Des recrutements sont aussi prévus à Mayenne, qui accueille le siège du groupe et où Jouve emploie un peu moins de 400 collaborateurs. Le site historique de l’entreprise, appelé Jouve 1, devrait être vendu à la collectivité. " Avec le produit de cette vente, indique Thibault Lanxade, qui devrait se situer entre 600 000 et 700 000 euros, nous allons effectuer l’équivalent en travaux pour aménager le rez-de-chaussée de notre site Jouve 3 et y installer environ 80 personnes. " Après la vente attendue début 2022, le déménagement devrait avoir lieu en 2023. Le contrat signé avec les États-Unis va aussi générer la création d’emplois sur un autre site de Jouve à Lens, dans le Pas-de-Calais.

Parallèlement, Jouve a achevé l’an passé son plan stratégique Cap 2020 engagé trois ans plus tôt, pendant lequel l’entreprise a entre autres cédé son activité imprimerie, optimisé ses coûts, intégré un nouvel ERP dont s’achève désormais la mise en place, acquis une nouvelle société aux États-Unis et ouvert un second site en Roumanie. Durant cette période, l’ETI a doublé sa rentabilité et elle met maintenant le cap sur 2025 avec un nouveau plan : " Nous allons prioriser des secteurs clés, précise Thibault Lanxade, dans l’univers de la banque, de l’assurance, de la santé et des mutuelles, des services de l’État et des brevets. Nous allons aussi faire monter en puissance notre nouveau site en Roumanie qui emploie déjà plus de 150 personnes. " En plus de cette croissance organique, Jouve veut aussi se développer par croissance externe, principalement en Europe, pour poursuivre sa stratégie d’acquisition.

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