"Je ne suis plus seul aux manettes de Martin Belaysoud Expansion"
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Patrick Martin Patrick Martin "Je ne suis plus seul aux manettes de Martin Belaysoud Expansion"

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Le président du directoire de l’ETI familiale Martin Belaysoud Expansion (525 millions d’euros de chiffre d'affaires) s’est récemment entouré de deux nouveaux directeurs généraux. L’occasion pour celui qui préside le Medef-Auvergne-Rhône-Alpes – et pourrait se lancer dans la course à la succession de Pierre Gattaz en 2018 – de prendre du champ sur les affaires.

— Photo : Frederic Vigier

Vous avez nommé deux nouveaux DG qui ont intégré cette année le directoire de Martin Belaysoud Expansion (MBE). Une première pour ce groupe familial spécialisé dans le négoce industriel. Pourquoi ce choix ?

Patrick Martin. L’intégration au directoire de Marie-Pierre Marchand (DG de Mabéo Industries, filiale de MBE) et de Didier Flavenot (DG de Téréva, autre filiale de MBE) a été une nécessité. Nous sommes en effet un peu court en top management, et ce alors que nous préparons l’intégration à 100 % en 2018 de Anjac CSI, dont nous avons racheté d’abord 48 % l’an dernier. Cette intégration permettra de porter notre chiffre d’affaires (CA) consolidé aux alentours 700 millions d’euros en 2018 pour 2.500 salariés. Dans ces conditions, cela devenait contre-productif et même dangereux que je reste seul aux manettes.

Pourquoi dangereux ?

P. M. J’ai une responsabilité économique, sociale et patrimoniale. Au-delà de l’évidence de staffer l’entreprise, nommer ces deux « relais » est une sécurité. Ce sont deux excellents DG aux profils différents. Je sens une bonne alchimie entre eux. Ce qui n’est jamais pas évident.

Quels est l’impact managérial de ces nominations à l’échelle du groupe ?

P. M. Marie-Pierre et Didier viennent d’entreprises qui ont des impératifs de performance supérieurs à ce que l’on peut voir habituellement chez MBE. Ils ont pour objectif de booster la performance sans pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. En d’autres termes : de faire évoluer l’entreprise sans la casser. Depuis leur arrivée, nous n’avons éjecté aucun cadre n-1, n-2 et enregistré aucune démission.

Comment comptez-vous « booster la performance » sans briser le climat social ?

P. M. Nous sommes portés par le redressement du marché du logement, avec + 7 % de nos activités (contre 4 % au niveau national). Nous prenons de la part de marché et nous redressons nos marges. Sur le marché de l’industrie qui redémarre mollement, marqué par un redémarrage de l’investissement, nous sommes sur une croissance à 2,5 %. Au global, notre résultat d’exploitation devrait doubler cette année.

Avez-vous une stratégie d’implantation sur des marchés tiers ?

P. M. Si ça ne tenait qu’à moi, nous irions plus favorablement à l’étranger. Mais à ce jour, ce n’est ni prioritaire ni raisonnable. Notre filiale Téréva est numéro 3 sur le marché hexagonal avec 8 à 9 % mais avec de fortes disparités régionales. Idem pour Mabéo. (3 à 4 % de parts de marché). Les leaders sont à 20 % maximum. Il y a donc de la consolidation à prévoir. Les cartes vont être rebattues en France.

C’est-à-dire ?

P. M. Le fonds britannique Advent – qui s’est emparé de Brammer début 2017 - vient de racheter très cher le groupe français IPH au fonds PAI Partner. Or si Advent veut rentabiliser cette opération, il va devoir aller chercher des synergies et annoncer des restructurations. Cela risque de créer un peu d’espace. C’est un secteur qui va bouger…

Êtes-vous dans le viseur d’investisseurs ?

Patrick Martin. Nous avons régulièrement des propositions de rachat mais nous ne sommes pas les plus exposés. Nous avons déjà une masse certaine et pouvons supporter un certain nombre d’investissements.

Vous n’excluez pas d’autres opérations de croissance externe. Quels types de profils recherchez-vous ?

P. M. De préférence des PME familiales. Plus sélectifs que par le passé, nous visons des entreprises susceptibles de s’aligner sur notre modèle en termes de solutions logistiques, de e-commerce et de politique fournisseur.

Le gouvernement a décidé de labéliser 55 pôles de compétitivité pour la phase V (2023-2026) — Photo : ANCT


Le e-commerce est une priorité avec un objectif de 20 à 30 % du CA généré en 2020. Cet objectif est-il tenable ?

P. M. Nous avons pris un peu de retard mais je suis confiant. Mais c’est bien la stratégie omnicanale (portail web / boutiques en dur) qui est la solution. Avec le rachat de Anjac CSI, nous ajoutons à notre réseau actuel 48 boutiques, que nous allons toutes préservées. Nous avons ouvert par ailleurs 3 nouvelles agences Tereva cette année. Le développement du e-commerce ne préfigure donc pas la disparition du réseau de boutiques. Nous avons besoin de stocks de proximité. C’est essentiel.

Vous visez le milliard d’euros de CA. La marche est haute…

P. M.Oui mais réaliste dans les 3 ou 4 ans ce qui peut passer par une ouverture de capital, étant rappelé que nous avons eu à une époque jusqu’à 18 % du capital entre les mains d’actionnaires financiers avec lesquels les choses se sont très bien passées. Je n’ai sur ce point ni blocage ni objection de principe.

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