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Végafruits engage 10 millions d’euros dans un vaste plan de modernisation
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Végafruits engage 10 millions d’euros dans un vaste plan de modernisation

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Lauréat du fonds de relocalisation industrielle, Végafruits accélère son plan d’investissement de 10 millions d’euros. L’union de coopératives de Meurthe-et-Moselle s’apprête à refondre son système de refroidissement, doubler ses capacités de conditionnement et relocaliser de nouvelles productions.

La mirabelle représente 80 % de l’activité de Végafruits, au sein de sa filière fruits — Photo : Végafruits

Les devis sont lancés, les commandes de machines sont passées et le permis de construire du nouveau bâtiment a été déposé début février. L’union de coopératives Végafruits (23 M€ de chiffre d’affaires consolidé, 95 salariés), installée à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle), met aujourd’hui 10 millions d’euros sur la table afin d’y déposer, bientôt, de nouvelles productions fruitières.

Pour le géant de la mirabelle (Végafruits pèse 40 % du marché mondial), ce plan va bien au-delà d’une simple diversification. Selon son directeur général Bruno Colin, il s’agit plutôt d’un renouvellement en profondeur : "Nous peaufinions ce projet de développement depuis plusieurs années. Nous souhaitions simplement attendre que notre niveau d’endettement soit supportable et que la crise liée au Covid soit derrière nous. Mais il faut le reconnaître : ce qui nous a décidés pour de bon, c’est ce gros coup de pouce de l’État."

Deux millions d’euros de subventions

En effet, sur les dix millions d’euros d’investissements annoncés, deux millions seront versés par Bpifrance au titre du plan de relance national, via son fonds de relocalisation industrielle. Des aides régionales et européennes sont également espérées.

Bruno Colin est le directeur général de Végafruits depuis sa création en 1991 — Photo : Végafruits

"Ce plan de relance nous permet de voir plus grand et plus vite", se réjouit Bruno Colin. Ainsi, les axes de développement initialement prévus ont été revus à la hausse : "Il y a des idées, comme la surgélation de nouveaux fruits, que nous n’aurions pas mises en œuvre sans soutien financier." Le calendrier, lui aussi, a été modifié : "C’est la règle du jeu. L’État nous aide mais, en contrepartie, il faut participer au sursaut économique en accélérant les choses. Nous nous sommes donc engagés à réaliser l’ensemble de notre programme avant la fin 2022. Au départ, nous l’avions imaginé sur cinq ou six ans."

"Nous avons un vrai problème de filière sur les fruits en France"

Dans le détail, ce "gâteau" de 10 millions d’euros se découpe en quatre parts. La première servira à la construction d’un nouveau bâtiment dédié aux activités de transformation. Économe en énergie, la structure d’environ 1 300 m² devrait voir le jour avant la fin 2021. La deuxième permettra à Végafruits de transformer l’ensemble de sa chaîne de froid. "Aujourd’hui, pour conserver ou surgeler nos fruits, nous utilisons des éléments chimiques comme le R404 émettant beaucoup de dioxyde de carbone, explique le gérant meurthe-et-mosellan. Nous voulons maintenant passer à des molécules naturelles pour décarboner notre outil. Au total, nous allons diviser par vingt notre impact sur l’environnement. Et là encore, sans le gros coup de pouce de l’État, nous ne serions pas allés aussi vite sur le sujet. Là, nous y allons à fond avec des technologies ultramodernes."

Davantage de fruits "made in Lorraine"

En parallèle, l’union de coopératives prévoit de doubler ses capacités de conditionnement des fruits frais, en optimisant notamment son système de tri optique. Enfin, Bruno Colin annonce le lancement d’une stratégie globale de relocalisation de certains produits, machines neuves à l’appui. "Nous allons adapter notre outil de transformation à de nouveaux fruits, comme les cerises noires ou les griottes de Montmorency, massivement produites aux États-Unis et en Turquie." Dans son panier lorrain, le gérant de Saint-Nicolas-de-Port souhaite également retrouver des pêches de vignes, originaires d’Espagne, ou encore du cynorrhodon, ce fruit de l’églantier qui n’existe quasiment plus en France. "Nous avons un vrai problème de filière dans notre pays, déplore Bruno Colin. Nous devons nous battre pour manger des fruits français. Pour l’instant, nos mirabelles sont françaises et nous faisons tout pour ne pas les délaisser. Mais les fraises ou les framboises que nous avons dans notre yaourt, elles ne sont pratiquement jamais produites sur notre territoire. Aujourd’hui, notre objectif, c’est de les faire revenir en France." À la volonté de relocalisation s’ajoute désormais celle du bio : "Nous devons, encore plus, aller dans le sens des attentes des consommateurs".

Depuis le rachat de la filière de distribution Clair de Lorraine en 2017, Végafruits compte une centaine de collaborateurs — Photo : Végafruits

Par ailleurs, quand dix hectares d’arboriculture sortent de terre chez Végafruits, ce sont deux emplois qui sont créés. Arrivée au bout de ce projet de développement, l’union de coopératives espère développer une centaine d’hectares supplémentaires et ainsi, envisager une vingtaine de nouvelles recrues. De cet investissement, Bruno Colin aimerait également récolter les fruits financiers et voir son chiffre d’affaires progresser de cinq millions d’euros. "Nous avons des ambitions mais nous restons prudents et modestes. Car nous dépendons toujours des aléas du climat et de ce que la terre veut bien nous donner".

Une situation financière tendue

La preuve encore avec cette énième sécheresse qui s’est abattue à l’été 2020 sur les vergers lorrains. L’épidémie et les turbulences du marché, elles non plus, n’ont pas facilité le travail des 200 producteurs répartis sur les 60 exploitations adhérentes (soit 600 hectares). Sans oublier les travailleurs saisonniers, représentant 50 équivalents temps plein, ainsi que la centaine de collaborateurs au sein de Végafruits (12 M€ de chiffre d’affaires, 25 salariés) et de sa filiale de distribution Clair de Lorraine (11 M€ de chiffre d’affaires, 70 salariés), rachetée en mars 2017 et devenue depuis Les Fous de Terroirs.

L’union de coopératives lorraine Végafruits regroupe 200 producteurs répartis sur une soixantaine d’exploitations adhérentes — Photo : Végafruits

"Malgré les difficultés de 2020, nous avons tenu la barre et nous n’accusons pas de pertes significatives, se félicite Bruno Colin. Pour autant, notre situation financière reste tendue. Par exemple, nous approvisionnons habituellement les filières de restauration hors domicile (commerces, cafés, cantines ou encore restaurants d’entreprises, NDLR). En ce moment, nous ne vendons rien du tout. La trésorerie en prend un coup." Du côté des Fous de Terroirs, "c’est encore plus dur, confesse le directeur lorrain. Nous sortions à peine des mouvements sociaux et des fermetures de boutiques que la pandémie est arrivée. C’est pourquoi, cette aide de l’État ne pouvait pas mieux tomber. C’est elle qui va nous relancer."

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