Les tensions économiques et géopolitiques survenues au cours de l’année 2022 faisaient craindre le pire aux analystes. "Si, début 2022, nous rejetions l’hypothèse d’une explosion des défaillances, nous avons eu de fortes inquiétudes en cours d’année avec les crises nouvelles", explique Thierry Millon, directeur des études pour le cabinet Altares, expert de l’information sur les entreprises. Pas de cataclysme finalement puisque le cabinet dénombre 2 989 défaillances d’entreprise (redressements judiciaires, liquidations et procédures de sauvegarde) en 2022 dans le Grand Est. C’est 25 % de moins qu’en 2019, avant la crise sanitaire.
Accélération des défaillances pour les PME
Ce sont d’abord les TPE qui concentrent 93 % des défaillances. "Toutefois l’accélération est beaucoup plus inquiétante pour les PME, avec une hausse de 108 % sur un an", détaille Thierry Millon. "La sous-capitalisation des PME plombe les marges de manœuvre quand l’inflation et les hausses de coût côtoient les remboursements de PGE et des dettes sociales". Pour l’analyste, la relance de l’activité ne permet pas de dégager suffisamment d’air dans les comptes d’exploitations pour combler les charges nouvelles.
Parmi les secteurs les plus touchés figurent le transport, dont l’accélération des défaillances atteint +94 %, mais aussi l’industrie manufacturière et, en particulier, l’imprimerie à +82 %. "La hausse des coûts de l’énergie s’accumule avec les difficultés d’approvisionnement. Résultat, en tension d’approvisionnement les carnets de commandes sont moins sûrs et s’il y a moins de marchandises à transporter, les transporteurs en subissent les conséquences", abonde l’auteur de l’étude.
Une forte disparité entre les départements
Dans le Grand Est, le trio des départements les plus denses contient la hausse globale de la région. Ainsi le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle demeurent sous le seuil des 40 % de hausse par rapport à 2021, là où la quasi-totalité des autres départements sont bien au-dessus.
Toutefois 4 des 5 principales défaillances de la région ont eu lieu en Alsace, avec des débouchés variables. Ainsi, si l’emblématique fabricant de chariots Caddie (110 salariés) a été repris, tout comme le constructeur de chaudières Stein Energy (80 salariés), le spécialiste des cloisons de bureau Clestra Hauserman (430 salariés) et l’entreprise de BTP Rinaldi Structural (plus de 100 salariés) demeurent sous le coup de procédures collectives.
Il faudra être attentif à l’année 2023. "Pour janvier, nous recensons déjà des défaillances en hausse par rapport à janvier 2020, c’est-à-dire avant la période Covid et le quoi qu’il en coûte gouvernemental", conclut l’analyste.
