C’est l’heure de la commercialisation pour Denv-r. Fondée fin 2021, la start-up guérandaise ouvrira en février une plateforme cloud sur Nantes afin d’héberger les données des entreprises locales. "Situé sur l’Île de Nantes, notre dispositif est composé de puissance de calculs, RAM et stockage pour environ 300 à 500 PME", détaille Maxime Rozier, directeur technique et cofondateur de la start-up. "Les tarifs seront très différents suivant la quantité d’informations stockées, mais notre offre sera sans engagement et débutera dès 5 €/mois". La présence d’un cloud en Loire-Atlantique permet d’éviter de dépendre systématiquement des fibres toutes centralisées autour des gros hubs mondiaux comme Paris, Londres, voire New York pour chaque échange de données. "Si un problème survient sur certains câbles autour de Paris par exemple, c’est tout le réseau de l’ouest de la France qui peut être paralysé", ajoute Maxime Rozier. Héberger les données sur des infrastructures nantaises devrait aussi inciter les clients de Denv-r à adopter un opérateur local. Car, si pour les particuliers il est difficile de se couper des opérateurs traditionnels (SFR, Orange et Bouygues Telecom), il existe pour les entreprises entre 200 et 1 000 opérateurs B to B en France. "Ainsi, le stockage des données de nos clients, mais aussi leurs télécommunications peuvent rester sur le territoire", précise le cofondateur.
Un data center flottant sur la Loire
Cette commercialisation ne constitue qu’une première étape pour Denv-r, qui installera cet été un data center dix fois plus important en capacité sur la Loire. De 10 mètres sur 10 mètres, il sera branché au quai du Président-Wilson à l’extrémité ouest de l’Île de Nantes, inoccupée depuis de nombreuses années. "Cet emplacement limite l’artificialisation des sols, et n’accentue pas la pression foncière sur la métropole", précise Maxime Rozier.
Surtout, cela permet de répondre au plus gros problème des data centers actuels : leur consommation. En effet, ces grosses structures nécessitent d’importants systèmes de climatisation pour réguler la température des serveurs. Les data centers sont à l’origine de 2 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, soit le même niveau que les transports aériens. "Notre data center sera équipé d’un échangeur thermique, qui a fait l’objet d’un brevet. Il utilisera l’eau de la Loire pour refroidir notre système", poursuit le fondateur. Cette plateforme flottante, dépourvue de pompes et évitant ainsi une quelconque incidence sur l’écosystème marin, consommera 40 % d’énergie en moins qu’un data center classique.
Les deux fondateurs de la start-up vont enclencher un premier processus de recrutement, notamment pour développer le volet commercial. Sans levée de fonds prévue à court terme, Denv-r peut compter sur la présence à son capital de sa grande sœur guérandaise, GEPS Techno, qui a développé une plateforme flottante générant de l’électricité grâce à la houle et au soleil, et qui a depuis attiré le groupe américain Meta (Facebook) dans ses filets en 2021. Un modèle de réussite à suivre pour Denv-r. D’ailleurs, la start-up imagine déjà l’avenir avec un modèle de data centers au large, qui serait alors directement alimenté par les parcs éoliens et panneaux solaires, pour une autonomie énergétique totale.
