La société bretillienne Artefacto (35 salariés, CA 2019 : 2 M€), spécialisée dans la réalité augmentée, la réalité virtuelle et la visualisation 3D, change de braquet. Basée à Betton au nord de Rennes, la PME innovante fondée et dirigée par Valérie Cottereau fait entrer un partenaire minoritaire à son capital, dans l’intention d’accélérer son activité sur la partie fabrication de logiciels. Ce métier, qui ne représente que 10 % de son chiffre d’affaires aujourd’hui, est amené à grandir, derrière le succès de sa solution Urbasee. "Nous déployons notre stratégie de conquête en 2022", plante Valérie Cottereau. La dirigeante de 49 ans, très investie au sein de l’écosystème entrepreneurial rennais, indique, à trois ans, vouloir faire 2 millions d’euros de chiffre d’affaires sur son pôle logiciels. Soit son chiffre d’affaires habituel, hors Covid.
Interaction au capital
Son nouvel actionnaire, arrivé fin décembre, devrait pouvoir aider l’entreprise technologique à atteindre ce seuil. Il s’agit du groupe rennais Interaction (600 collaborateurs, 230 M€ de CA en 2020), spécialisé dans l’intérim et le recrutement. Dirigé par Loïc Gallerand, Interaction dispose d’un réseau de 150 agences et cabinets en France. Il assure chaque jour le recrutement et la gestion de près de 10 000 intérimaires. "Interaction nous accompagne mécaniquement sur le plan financier et indirectement sur l’accélération de logiciels, explique Valérie Cottereau. On va pouvoir coconstruire avec eux des offres de services sur la partie attractivité des métiers et des formations. Ils viennent s’inscrire dans une démarche qui est déjà en place chez nous et sur un secteur d’activité en pleine croissance."
Avec des revenus sur ses licences qui ont été multipliés par trois en 2021 et une croissance de son chiffre d’affaires de 20 %, Artefacto entame son nouvel exercice comptable avec des certitudes. Pionnier de la réalité augmentée dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, l’entreprise étend aujourd’hui son savoir-faire à des domaines aussi variés que ceux de la muséographie et du patrimoine, des transports, de l’industrie, de l’agroalimentaire, de l’énergie, du marketing ou de l’événementiel. "Quand nous avons démarré, la création de valeur était dans la création de contenus 3D. Aujourd’hui, elle est de pouvoir encapsuler ces contenus dans des solutions logicielles", rend compte Valérie Cottereau. Au fait des tendances du marché grâce à son pôle services, Artefacto veut adosser ses solutions logicielles à ses trois unités business que sont l’immobilier, l’industrie et la formation. "Le marché de la réalité augmentée connaît une progression de 50 % par an. Il faut aller industrialiser maintenant les bonnes verticales métiers pour occuper le terrain", prévient la jeune femme.
Urbasee, comme solution modèle
Pour conquérir des parts de marché, Artefacto peut s’appuyer sur un outil qui a fait ses preuves : Urbasee, une application de catalogue produit 3D en réalité augmentée dédiée aux professionnels de l’habitat (téléchargeable sur les stores).
"Urbasee est tout à la fois un outil d’aide à la vente pour les commerciaux et un outil d’aide à l’achat et à la prise de décision pour les clients, présente Romain Baleh, chargé d’affaires chez Artefacto. C’est une solution sur laquelle on incorpore des modèles 3D qu’on peut présenter en temps réel et à taille réelle en réalité augmentée." Derrière une tablette numérique, la solution remplit en une fraction de seconde une pièce vide en une pièce chargée de meubles virtuels projetés in situ grâce à la réalité augmentée. Commercialisé depuis 2019, Urbasee a déjà séduit 150 entreprises clientes : des promoteurs, architectes ou constructeurs de maison individuelle. Depuis, d’autres "verticales" ont été développées, qui découlent de la même solution, mais avec des fonctionnalités différentes. "Aujourd’hui, on est beaucoup sur de la menuiserie et de l’habitat mais on se rend compte qu’il y a de plus en plus de besoins. Par exemple, pour des vendeurs de poêles à bois ou pour des aménagements à l’extérieur de la maison. On peut toucher tous les professionnels qui ont besoin de montrer l’exactitude d’un projet à ses clients grâce à la réalité augmentée", poursuit le commercial. "Un client veut installer un spa. Demain, il peut voir comment ça se passe dans son jardin, pointe la dirigeante. La création de valeur elle est de donner à voir pour accélérer la prise de décision." S’appuyant sur ses autres pôles d’activités, d’autres solutions sont en train d’émerger. "Pour l’industrie, on a un sujet sur les machines industrielles et pour ce qui est de la formation, on teste des solutions "full digital" pour évaluer l’apprenant. On démarre avec l’Université de Rennes 1 et le CCCA-BTP (acteur n° 1 de l’apprentissage en France, NDLR). Nous avons une dizaine de déclinaisons à venir autour du produit Urbasee."
Un partenaire allemand pour l’export
Avec autant de solutions applicatives dans sa besace, Artefacto se tourne vers l’export pour booster son business. L’entreprise a amorcé son déploiement au côté d’un partenaire distributeur présent dans le monde entier et spécialisé sur son cœur de marché : il s’agit de l’allemand Klaes, une PME spécialiste de la modélisation 3D pour le monde de la menuiserie. Avec lui, le breton entend pouvoir accélérer la commercialisation de ses licences. Les deux entreprises proposent en effet des produits complémentaires. Artefacto vise en premier lieu l’Europe (Italie et Allemagne). L’entreprise a aussi signé avec un gros client au Canada : le groupe Permacol, vendeur en gros de dalles et pavés. Pour gérer la relation commerciale et partenariale à l’export, la PME bretonne vient de recruter un responsable commercial, en charge de la partie logiciel.
En plus d’Urbasee et ses déclinaisons, Artefacto a d’autres cordes à son arc. Deux nouvelles solutions en mode SaaS s’apprêtent à être commercialisées. Citysense d’abord, qui permet de visualiser à distance ou sur place une future transformation urbaine. L’application a reçu une récompense lors de l’événement Laval Virtual 2021. Et Kelviz, une solution développée avec Eiffage construction et qui permet le suivi qualité pour la construction et le gros œuvre. L’avenir d’Artefacto s’inscrit définitivement dans le logiciel.
