La Bretagne soigne ses atouts pour attirer les entreprises
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La Bretagne soigne ses atouts pour attirer les entreprises

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Qualité de vie, infrastructures, dynamique économique positive, filières d’excellence, marque "Bretagne"… La région la plus à l’Ouest de France tente de montrer au reste de la France et du monde ses atouts pour attirer les entreprises exogènes. Mais est-ce suffisant pour convaincre ?

Mi-octobre, le québécois Germain Lamonde, entouré par le président de région Loïg Chesnais-Girard (à gauche) et le président de Rennes Métropole Emmanuel Couet, a acté le rachat de la pépite rennaise Astellia par son groupe Exfo — Photo : Exfo

« Bravo ! Je vous félicite pour ce que vous avez fait collectivement en rendant la Bretagne visible et attractive en Europe et dans le monde ». Ces mots, le président du conseil régional de Bretagne Loïg Chesnais-Girard aimerait certainement les entendre plus souvent. Ils lui ont été dits mi-octobre en aparté par Germain Lamonde, dirigeant du groupe québécois Exfo (2 000 salariés dans 25 pays, 200 M€ de CA), cinquième acteur mondial de l’analyse des réseaux de fibre optique, venu acter le rachat de la pépite rennaise Astellia (480 salariés, 39 M€ de CA) à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes, avec la promesse de pérenniser ses emplois. De la bouche d’un dirigeant étranger, ces mots ont valeur de médaille.

Un écosystème, des infrastructures, des filières d’excellence

Car dans la drague aux entreprises exogènes, la concurrence entre les régions est rude, et les capitaux synonymes d’emplois très disputés. Si la France continue à grappiller des places en Europe dans la course aux investissements directs étrangers face à la Grande-Bretagne et l’Allemagne, avec 1 019 projets d’investissements en 2017 (+31 % en un an, plus forte progression européenne, selon EY), et si Paris a même doublé Londres pour devenir la métropole européenne la plus attractive l’an passé, le reste de l’Hexagone se partage les miettes...

« Draguer les investisseurs est un drôle de métier où l’on compte 1 000 prospects pour 1 projet réalisé. »

De ces mille projets étrangers d’implantations, de développement de filiale ou de reprises en France, « nous en comptabilisions 45 en Bretagne en 2017 », estime Vincent Chamaret, directeur général de Bretagne Commerce International, association de plus de 400 entreprises bretonnes sur laquelle le Conseil régional de Bretagne et la CCI Bretagne s’appuient pour développer l’économie bretonne à l’international, qui prospecte aussi les investissements internationaux, en lien avec Business France.

« Le cas d’Exfo était un investissement qui était hors de nos radars. Comme toujours, nous ne sommes mis au courant qu’une fois l’accord signé, c’est la règle dans les affaires », constate-t-il tout de même avec le sourire. « Draguer les investisseurs est un drôle de métier où l’on compte 1 000 prospects pour 1 projet réalisé », avoue-t-il sans pour autant baisser les bras. « L’atout de la Bretagne, c’est avant tout son écosystème, ses infrastructures et ses filières d’excellence, en plus de sa qualité de vie. Il faut aussi regarder qui s’y installe et qui y reste. »

La Bretagne hors des radars mondiaux...

L’attractivité, c’est donc attirer à soi mais aussi fidéliser. À ce jeu, la Bretagne semble réussir. Le contre-exemple Synutra excepté, des noms comme Cooper-Standard, Sanden, Kohler-SDMO, Premier Tech Aqua, Autocruise, Livbag ou encore Canon font déjà partie du paysage. Mais ils sont rares.

D’après un rapport de l’Insee paru l’an dernier, 1 500 établissements bretons employant 42 000 salariés dépendaient d’un groupe étranger en 2013. « Corse exceptée, la Bretagne est la région française ayant le plus faible taux de contrôle par des groupes étrangers », stipule même le rapport, avec un taux de 6,4 % des emplois gérés grâce à des capitaux étrangers, contre 12,3 % en moyenne nationale.

La faute à une histoire et une géographie qui ont habitué les Bretons à faire naître des champions chez eux pour aller conquérir le monde, et non l’inverse. Mais la mondialisation change la donne. La Bretagne part donc chasser hors de ses terres, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni - Brexit oblige - mais aussi en Corée, Thaïlande et Japon, afin de mieux se faire repérer sur la carte du monde.

…mais elle a la cote en France

La chasse est aussi ouverte à l’intérieur de l’Hexagone, dans un contexte de métropolisation de l’emploi et de concurrence accrue entre les villes. On voit donc fleurir les marques d’attractivité : Yes We Vannes, Brest Life, Destination Rennes, toutes réunies derrière la marque Bretagne. Les opérations séduction aussi se multiplient : campagne d’affichage « Passez à l’Ouest » dans les gares parisiennes, défilé Breizh Touch sur les Champs-Élysées, opération d’embauches « Ruée vers l’Ouest »… Côté infrastructures, si l’effet LGV peine à se faire ressentir jusqu’à Brest, son aéroport dépasse le million de passagers annuels. Rennes, quant à elle, prévoit d’agrandir le sien et attend sa deuxième ligne de métro pour 2021. Brest veut devenir le Campus mondial de la mer et son polder des énergies marines renouvelables accueillera bientôt ses premières éoliennes.

Quant à la capitale bretonne, elle est championne des classements des « villes où il fait bon vivre » et son couvent des Jacobins ne désemplit pas. Google y a installé en première mondiale son atelier numérique, Airbus Cybersecurity vient d’y implanter une antenne régionale… En termes d’emploi, le taux de chômage breton est un point sous la moyenne française et la Bretagne est la troisième région la plus attractive pour les candidats issus d’une autre région, selon HelloWork (ex-RegionsJob). Côté immobilier d’entreprise, Rennes affiche la plus forte progression de l’année 2018, en grimpant à la septième place des villes les plus recherchées sur le site BureauxLocaux.com…

Bref, la Bretagne a la cote et doit vite capitaliser en signant des implantations. Car en face il y a Nantes mais aussi Bordeaux, qui a récemment épinglé à son tableau de chasse Ubisoft, Deezer ou encore Betclic.

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