Vous êtes l’auteur du Guide pour un numérique à impacts positifs en entreprise, qui reprend les pratiques que vous mettez en place chez Digital4Better. Quel est le positionnement de votre entreprise ?
Frédérick Marchand : Après vingt ans passés dans la transformation numérique des entreprises pour des groupes internationaux, j’avais envie de créer un acteur du numérique qui soit aussi une entreprise d’utilité sociale et à la vision plus durable. Digital4Better est né à Rennes en 2020, avec la conviction que l’on ne peut pas continuer à travailler dans le numérique sans contraintes responsables. Trop d’acteurs développent des plateformes internet sans se poser la question de l’empreinte environnementale. Or, en vingt ans, le poids d’une page web, en octets, a été multiplié par 115. Cela consomme de l’énergie. Mais il n’existait pas d’écoconception dans le numérique. C’est ce que propose Digital4Better. De même, 80 % des sites ne sont pas adaptés aux déficients visuels ou aux daltoniens. Le numérique n’est pas accessible à tous et peut même exclure. Nos conceptions de plateformes ne sont pas juste vertueuses, elles apportent du business : plus d’accessibilité, c’est plus de clients !
Comment ce modèle fait-il sa place ?
Frédérick Marchand : Nous travaillons pour l’instant essentiellement avec des grands comptes et des ETI, qui sont plus engagés dans les démarches RSE. Elles ont des projets digitaux pour lesquels nous proposons notre expertise en design et développement, comme toute ESN, mais avec, en plus, une recherche systémique d’impact. C’est-à-dire que nous questionnons l’entreprise sur ses besoins réels de fonctionnalités. Parce qu’à chaque fois qu’on tape un caractère, cela consomme de l’énergie ! La plupart du temps, le client change son besoin pour une sobriété numérique. Pour leurs salariés, cela revêt d’une quête de sens qui fédère. Chez nous aussi, cela permet d’attirer des talents, alors que les développeurs sont très recherchés.
Quelles sont vos ambitions ?
Frédérick Marchand : Nous sommes 31 (26 salariés, 5 cofondateurs) et notre "tribu" atteindra la quarantaine fin 2021, puis la soixantaine d’ici deux ans. À la fin de cette année, nous atteindrons 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires, et 50 % des bénéfices seront reversés aux collaborateurs ou vers des actions d’utilité sociale.
Comment se mesure réellement l’impact des applications des systèmes d’information des entreprises ?
Frédérick Marchand : C’est en effet nécessaire si on veut être en amélioration continue de son empreinte environnementale et sociale ! Nous avons créé un outil complet d’analyse, baptisé Fruggr, qui récupère 50 critères de manière automatique et permanente. Au départ, il a été conçu pour nous, en interne, puis nous avons décidé d’en faire un logiciel cloud accessible à tous. Fruggr devient donc éditeur de ce logiciel qui est vendu aux DSI des entreprises en recherche de performance numérique. Sa méthodologie de calcul s’appuie sur les facteurs d’impact des référentiels comme le 1byteModel, la Base Carbone de l’Ademe, l’Agence internationale de l’énergie, etc. Fruggr représente actuellement 10 % de l’activité de Digital4Better. C’est un marché encore naissant, mais qui sera à maturité en 2024, et va se développer au niveau mondial. Nous devrions alors dépasser les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires.
