Jusqu'à présent, Destrudata, à La Selle-en-Luitré, près de Fougères, était spécialisée dans la destruction sur place par camion broyeur de données confidentielles pour les entreprises : papiers, dossiers confidentiels, archives, mais aussi disques durs. « Toutefois, pour faire venir notre camion pour détruire des disques durs, il fallait des quantités importantes (50 minimum), car cela coûte cher, explique Raphaël Hautière, dirigeant de cette société qui emploie dix salariés. Or, une grosse partie de notre marché potentiel comme des professions libérales qui ont un ou deux disques durs, essaient de les détruire eux-mêmes... Mais comme c'est blindé, même au marteau c'est impossible et on risque de se blesser ! »
Un service simple
Déformater un disque n'efface pas les données non plus... Destrudata propose donc à ces PME et aux particuliers un nouveau service sur toute la France, via un site internet marchand (développé avec la société rennaise Acreat) : www.destruction-disques-durs.com. Le principe est simple : le client choisit le nombre de disques qu'il veut détruire (de 1 à 36), les met en colis, imprime une étiquette retour, dépose son colis à la Poste de son choix, qui valide la réception en scannant le code imprimé. « Lorsque nous recevons le colis, nous le détruisons immédiatement (dans les 24 h) en le broyant et envoyons un certificat de destruction par mél », détaille le DG. Un service qui coûte à partir de 9 € HT (dégressif) pour un disque (+ 7 € de port). « Le certificat est important car une nouvelle loi d'avril 2016 va bientôt remplacer la loi informatique et liberté. À partir de mai 2018, il sera interdit à toute entreprise de collecter des données personnelles si elle n'a pas mis en place un process de sécurité et un mode de contrôle de ce process ». Le marché est donc naissant pour Destrudata, qui n'a pas identifié de concurrent ni en France ni en Europe.
Relais de croissance à visée européenne
« D'ici à un an notre objectif est d'atteindre 1 000 disques durs détruits par mois, puis de dupliquer le modèle à l'étranger, pourquoi pas. » Un relais de croissance pour Destrudata qui enregistre déjà + 15 % de chiffre d'affaires supplémentaire cette année (à 1,3 million d'euros). Sa bonne santé lui permet d'investir, notamment dans un cinquième camion à 350 000 euros qui offre un niveau de sécurité P4 (ultra-confidentiel), et qui pourra s'adresser aux marchés de la défense et du fiduciaire. Ce sera le seul camion de ce type en France. « Cela reste un petit marché, mais il faut l'avoir », considère le chef d'entreprise.
