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MPO trace son sillon dans le packaging
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MPO trace son sillon dans le packaging

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Spécialiste de la fabrication de disques, MPO (Moulages Plastiques de l'Ouest) profite du retour en force du support vinyle pour étoffer ses activités de packaging. L'entreprise mayennaise va ainsi investir 10 millions d'euros sur trois ans dans son outil de production afin d'accélérer sa diversification.

Depuis sa création en 1958, MPO presse des disques vinyles. Son usine de Villaines-la-juhel en produit actuellement 60 000 par jour, ainsi que 100 000 disques optiques — Photo : MPO

Au cours des trois prochaines années, MPO (Moulages Plastiques de l’ouest) va presser le rythme de ses investissements. Ce spécialiste historique de la fabrication de disques en France va en effet investir durant cette période 10 millions d’euros afin d’optimiser et accroître son outil de production. Implantée depuis sa création en 1958 à Villaines-la-Juhel, l’entreprise mayennaise programme ainsi l’achat de machines d’impression et d’emballage avec la volonté de conquérir de nouveaux marchés, en dehors de ses traditionnels disques vinyle, CD, DVD et Blu-ray. Car l’intégration d’activités d’impression et de packaging n’est pas neuve chez MPO. Elle dispose historiquement de nombreux savoir-faire s’intégrant sur toute la chaîne de fabrication de disques. "L’entreprise a commencé par imprimer les étiquettes des vinyles, puis à la demande des clients nous avons fait du conditionnement à façon. L’emballage est venu ensuite. Puis MPO a assuré l’ensemble de la chaîne logistique : de la préparation de commandes à la livraison des disques dans les magasins", rembobine Alban Pingeot, président du directoire de MPO. Un ensemble de savoir-faire garant aujourd’hui de son bon développement. La PME totalise en effet 75 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 et compte 550 salariés sur ses différents sites de Villaines-la-Juhel et celui du Mans, une centaine de personnes étant également employées au sein de son usine de packaging de Madrid, en Espagne.

Crise de la cinquantaine

Alban Pingeot, président du directoire de MPO — Photo : Cédric Menuet
Pourtant, MPO revient de loin. À l’aube de son demi-siècle, le groupe familial aurait bien pu disparaître sous les coups de boutoir des nouveaux usages issus de la dématérialisation des contenus. "Au milieu des années 2000, nous fabriquions un million de disques par jour. Notre croissance s’effectuait sur les biens culturels, dans les secteurs de la musique, du film, du jeu vidéo et de l’informatique. Le disque optique, CD, DVD et Blu-ray, nous portait ; le vinyle étant devenu marginal chez nous et n’existait plus sur le marché", explique Alban Pingeot. En effet, le groupe mayennais avait su prendre au début de la décennie 1980 le virage technologique du disque optique qui lui a assuré sa croissance spectaculaire dans les années suivantes. "Nous avons été les premiers en France à nous lancer dans la fabrication de CD. Une PME face à des multinationales comme Sony et Philips ! Grâce à la musique, nous avons pu nous développer sur le CD-Rom à travers les jeux vidéo et l’informatique, ensuite sur le DVD. Ce sont les belles années de MPO avec une croissance réalisée sur les biens culturels. Nous étions alors numéro cinq de notre marché", poursuit l’actuel dirigeant. À cette époque, le groupe pèse plus de 180 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte plusieurs usines à l’international. Un édifice solide qui finit donc par se fissurer au fur et à mesure de l’évolution des modes de consommation des produits culturels. Pour assurer son avenir, MPO choisit alors de capitaliser sur ses différents métiers pour se diversifier. En conséquence, le fabricant de disques se restructure et ferme une à une les usines qu’il comptait aux États-Unis, Canada, Grande-Bretagne et Asie. Seule reste en activité le site de Villaines-la-Juhel.

Diversification offensive et défensive

Pour Alban Pingeot, le support physique n’est pourtant pas mort, loin de là. "Même si ce n’est plus l’unique manière de transporter de l’information et du contenu, il y aura toujours une clientèle pour acheter un bel objet à fort caractère émotionnel. Avec le packaging, nous pouvons enrichir ce produit et continuer ainsi à fabriquer des disques." Forte de son savoir-faire maison en la matière, MPO a ainsi proposé à ses clients historiques, des éditeurs musicaux tel que Warner, Sony et Universal, des coffrets de vinyles, CD ou DVD à forte valeur ajoutée. Une nouvelle orientation qui trouve toutefois sa charnière en 2011 avec la reprise à la barre du Tribunal de commerce de BDMO au Mans. Spécialisée dans la fabrication d’étuis et coffrets pour produits multimédias, cette société a permis à MPO de monter en compétence dans le domaine du packaging et d’asseoir le Mayennais sur quatre métiers.

MPO investit dans de nouvelles machines d'impression pour son pôle packaging. Des outils qui lui permettent la réalisation de coffrets à forte valeur ajoutée pour les secteurs du divertissement et de la beauté — Photo : MPO
L’entreprise additionne en effet les expertises en tant que concepteur, fabricant, conditionneur et logisticien. En ordre de bataille, elle a ainsi pu repasser à l’offensive ces dernières années. Car une fois sécurisés ses marchés historiques du divertissement, le mayennais pose ensuite les bases d’un second pilier pour soutenir son développement en démarchant le secteur de la beauté. "Ce n’est pas très différent de ce que l’on sait faire chez MPO. Produire un coffret de parfum et le livrer en parfumerie, c’est la même chose que fabriquer un disque et l’amener en magasin. La cosmétique et la parfumerie proposent également des produits à forte charge émotionnelle, valorisés par des artistes. C’est notre métier", appuie Alban Pingeot. MPO travaille ainsi avec des marques telles que L’Oréal, Sephora, Dior ou encore Givenchy. Désormais, le segment de la beauté compte pour 12 millions d’euros sur les 75 millions d’euros de chiffre d’affaires de MPO. Un chiffre que l’industriel entend doubler sous trois ans.

Le disque toujours bien vivant

Néanmoins, c’est toujours le disque qui domine l’activité à Villaines-la-Juhel. Le pôle divertissement et ses supports disques optiques et vinyle pèsent en effet pour 80 % du chiffre d’affaires. 100 000 CD et DVD sortent encore chaque jour des ateliers, ainsi que 60 000 microsillons. Si le produit vinyle a bien failli disparaître il y a une quinzaine d’années, son retour en force profite pleinement à MPO. De 23 millions d’euros en 2020, il devrait peser pour 30 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. 80 % de ces galettes étant exportées. "Aujourd’hui, il tire en avant notre activité packaging. Avec la hausse constante de la demande, nous devons donc investir dans nos lignes vinyle mais également dans nos outils d’impression", explique Alban Pingeot. Ainsi, pour répondre à l’ensemble de ses clients, l’entreprise a acquis en mars 2020 une machine dédiée à l’impression numérique des pochettes en petites séries. En septembre prochain, ce sera un engin pour les gros volumes qui intégrera ses ateliers. Elle a également bénéficié du soutien de l’État au titre du programme France Relance à hauteur de 200 000 euros. Une enveloppe qu’elle va investir dans l’acquisition de machines de fabrication et de remplissage automatisé de boîtes, sur son site du Mans.

Pour accompagner ses prochains investissements, MPO a ainsi levé 6 millions d'euros. Un tour de table réalisé auprès de la famille fondatrice de l'entreprise , du management, de partenaires bancaires et de Siparex à travers le fonds Pays de la Loire Croissance. Ce derniern présent depuis 2016, abondant à hauteur de 1 million d'euros et renforce ainsi sa participation à hauteur de 25 %. L’actionnaire majoritaire restant la famille Depoix, fondatrice de l’entreprise. Forte de ses fondations renforcées, MPO est donc prête à tracer un nouveau sillon dans son développement. Le retour en force du microsillon pourrait se traduire dès l’an prochain à Villaines-la-Juhel par une hausse de 30 % de son activité vinyle. En conséquence, une quarantaine de postes vont être créés en septembre prochain sur l’ensemble de la chaîne de fabrication des fameux disques noirs.

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