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Le label Chinese Man Records mise sur le numérique
Marseille # Activités culturelles

Le label Chinese Man Records mise sur le numérique

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Depuis 2005, le label musical marseillais Chinese Man Records produit des disques et des spectacles pour une dizaine d’artistes. Un modèle économique mis à mal en 2020 par la crise sanitaire. L’entreprise a alors rebondi en créant un label Découverte, 100 % digital, baptisé Digit.

De gauche à droite : Zé Matéo, Fred Maigne dit Sly et H igh Ku, les trois membres du groupe musical Chinese Man — Photo : Leo Berne

C’est en 2005 que le label musical Chinese Man Records voit le jour. CMR est tout d’abord un collectif né de la rencontre de trois musiciens, puis il se structure en association en 2009, avant de se transformer en Scop voici maintenant deux ans. « Nous produisons des albums, nous les diffusons et nous produisons les spectacles qui servent à la promotion des artistes. Nous sommes sur un modèle à 360° », explique Fred Maigne, qui dirige l’entreprise, qui réalise en moyenne de 2 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’équipe de quatre permanents, basée près de La Plaine, à Marseille, peut rapidement regrouper plus de 25 personnes en fonction des périodes. « Nous avons choisi le modèle de la Scop car il nous a paru logique comme prolongement du modèle associatif. Nous disposons d’une indépendance financière qui nous permet de vraiment mettre les artistes au centre de nos décisions »

Le label réunit ainsi une dizaine d’artistes dans les styles électro-hip-hop-alternatif. « Nous sommes assez variés. Nous comptons ainsi 53 références de projets différents. Nous pouvons produire des albums de quatre titres, mais également des albums complets qui nécessitent deux années de travail ». En 2020, pour ses 15 ans, le label a réuni trois groupes et l’album devait sortir le 21 février 2020. « La tournée devait commencer le 12 mars. Pour faire la promotion de nos disques, nous programmons en général une centaine de dates. La générale a eu lieu la veille du confinement et, ensuite, tout s’est arrêté », explique Fred Maigne, qui poursuit : « Nous sommes sur des cycles de trois ans. La première année durant laquelle nous investissons près de 300 000 euros est consacrée à l’album, ensuite vient la tournée et la troisième année nous nous intéressons à l’export. Les bénéfices générés par une production servent à repartir sur de nouveaux albums. Les ventes de CD ne permettent pas d’équilibrer l’ensemble du processus. La rentabilité est réalisée sur la globalité de nos actions ».

Un chiffre d’affaires en chute de 70 %

En 2020, la crise sanitaire a entraîné une chute de 70 % par rapport au prévisionnel de CMR. « Les aides du CNM (Centre national de la musique), les reports de charge et de prêts, nous ont permis de passer le cap. Mais l’année 2020 reste catastrophique car la pandémie a cassé notre rythme et donc notre capacité d’investir », confie le dirigeant. Le chiffre d’affaires de l’entreprise est ainsi constitué à 50 % des revenus des spectacles, puis des ventes de vinyles et du digital. « Les spectacles étant à l’arrêt et, pour un temps, les ventes de disques aussi, pour cause de fermeture des commerces. Il nous restait donc le digital. Nous avions déjà commencé à penser à un nouveau modèle. La crise a accéléré les choses ».
CMR a ainsi lancé un label Découverte, baptisé Digit. « L’idée est de sortir et de promouvoir un single d’un artiste non signé par le label. Nous voulons ainsi sortir de nos cases, ne pas nous limiter artistiquement aux personnes que l’on connaît et rencontrer des artistes que nous apprécions. Les titres sont sortis en digital et sont diffusés en streaming, qui représente 85 % de ce marché aujourd’hui. Nous apportons aux artistes notre savoir-faire et notre expérience pour la communication, pour la diffusion par les radios… » Chinese Man Records a lancé début décembre son premier single avec pour objectif de maintenir un rythme de sortie tous les quinze jours.
Ce nouveau positionnement servira de vitrine à CMR, auprès d’un plus large éventail d’artistes. « Les plateformes de streaming ne rémunèrent pas les labels en fonction du nombre d’écoute, mais de parts de marché, ce qui profite largement aux majors. Nous, nous militons avec les indépendants pour que les choses changent. L’ambition est plutôt de pouvoir rencontrer davantage d’artistes et ensuite proposer des formats plus longs, des clips, des spectacles et plus largement du service… », conclut Fred Maigne.

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