Agroalimentaire : La filière innove en produits mais ne fait pas assez de R & D
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Agroalimentaire : La filière innove en produits mais ne fait pas assez de R & D

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Enquête Le pôle de compétitivité de l'Ouest Valorial et KPMG ont mené une étude révélant le levier que représente l'innovation, à manier cependant avec organisation.
— Photo : Le Journal des Entreprises

« Innovation : où en est l'industrie agroalimentaire ? » C'est le thème de l'étude menée par le pôle Valorial (270 membres sur trois régions) et KPMG auprès de 60 entreprises de l'Ouest représentatives de la filière sur le marché français. Un premier baromètre riche d'enseignements...

Un avenir positif
En préambule, deux tiers de ces acteurs perçoivent le marché agroalimentaire comme innovant. Près des deux tiers également souhaitent même renforcer (65 %) ou maintenir pour d'autres (33 %) leur activité d'innovation ces trois prochaines années. Premier étonnement : « Ces entreprises relèvent la tête et voient l'avenir positivement. L'agro n'est pas au fond du trou ! Pour satisfaire ces marchés, elles placent l'innovation comme levier essentiel », se félicite Jean-Luc Perrot, directeur du pôle Valorial, à Rennes, présidé par Pierre Weill (société Valorex). Des propos atténués ensuite : « L'agroalimentaire fait peu de R & D mais innove beaucoup. » Or, « l'innovation, c'est de la R & D qui génère du business ». En effet, l'innovation reste majoritairement axée sur le produit (pour 67 % des interrogés) : « le résultat d'une culture métier ».

Business et stratégie
Autre enseignement : seules 42 % des entreprises questionnées déclarent que leur stratégie globale repose sur l'innovation... Pour les autres, c'est une « brique » parmi d'autres. Et elles consacrent 6 % de leur chiffre d'affaires à l'innovation, un peu en dessous de la moyenne nationale à 7 %. Valorial déplore quelque peu que l'innovation soit « largement marquée " market pull " plutôt que " technology push " ». « Les industriels sont focalisés sur le produit et en oublient qu'ils peuvent innover aussi en process, management, organisation... La création de valeur ne peut pas se réduire à l'innovation produit ! L'innovation va de l'idée au marché. C'est le changement qu'il faut opérer, estime Jean-Luc Perrot. La réussite tient surtout aux usages. » Et pour le directeur du pôle, « l'entreprise agroalimentaire intelligente sera celle capable de capter de nouvelles technologies, mais aussi de l'innovation marketing et commerciale ».

Des difficultés
Points noirs soulevés : un quart des industriels soulèvent « des difficultés de type organisationnel liées à la taille insuffisante de l'entreprise, au manque de personnel dédié à l'innovation et à un manque de communication entre services » ; 17 % d'entre eux soulignent même « un manque de vision stratégique d'innovation ». Et quand ils en font, 60 % ne mesurent pas la performance de leur innovation, par manque de savoir-faire et de compétences.

Compétences et « ROI »
Jean-Luc Perrot parle de « ROI » pour « Return On Innovation » (le retour sur l'innovation) : « Les entreprises vont être obligées d'y entrer pour rendre les process plus efficients. Certaines ne mesurent rien au prétexte de freiner leur créativité. On n'innove pas parce qu'on met dix produits sur le marché mais parce que deux ou trois marchent ! » Il pointe également le fait que les ingénieurs agronomes sont principalement recrutés, alors qu'il faudrait aussi des ingénieurs réseaux, systèmes d'information... « C'est terrible d'entendre des entreprises sous-staffées ! » Et c'est aussi au pôle de les accompagner dans ces défis. « Notre rôle est de multiplier les surfaces de frottements. Nous allons les faire progresser et lancer un appel à manifestation d'intérêt », annonce son directeur.

www.pole-valorial.fr

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