En quelques années, Antoine Noël, cofondateur avec Damien Bratic de la biotech Japet, qui commercialise des exosquelettes destinés à protéger le dos des utilisateurs lors de la manipulation de charges lourdes, a vu l’écosystème changer pour les start-up industrielles. "Quand on s’est lancés (en 2014, NDLR), on passait pour des extraterrestres avec notre projet hardware (matériel, NDLR) quand tout le monde développait du software (logiciel, NDLR). D’ailleurs, rien n’existait pour accompagner une entreprise comme la nôtre, nous avons dû nous exiler un temps en Chine pour développer nos produits. Depuis, le contexte a évolué et la question de la réindustrialisation, y compris dans la santé, devient centrale. Il y a des fonds, de l’accompagnement et on a vu émerger de très belles entreprises, comme Exotec ou Niryo dans la région", raconte le dirigeant de 31 ans.
L'épineuse question de l'âge de la retraite
Et de déplorer que "dans les écoles de commerce, tout le monde veut encore faire des applications, donc il faut continuer à montrer que l’industrie peut être aussi ultra-innovante et sexy". Si des mesures en ce sens ont été prises ces dernières années, accélérées par le plan de relance, l’écosystème industriel européen a besoin d’être renforcé, estime Antoine Noël. Assurer également l’indépendance des entreprises du continent vis-à-vis de leurs fournisseurs au grand import, en cas de crise géopolitique, devient une nécessité.
Au-delà des aspects industriels, le dirigeant de Japet prête une oreille attentive aux débats sur l’âge du départ à la retraite. "La pénibilité au travail est un sujet qui nous touche au quotidien, puisque nos exosquelettes équipent des salariés qui commencent à souffrir de douleurs chroniques. Reculer l’âge de la retraite sans investir massivement dans le système de santé, alors qu’on sait que 30 % des personnes aux revenus les plus faibles meurent avant l’âge de 64 ans, c’est faire un choix de société", pointe le dirigeant.