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Moulins d'Ascq : "Comment j'ai fait pour obtenir financement et visibilité grâce au crowdfunding"
Nord # Agroalimentaire # Investissement

Moulins d'Ascq : "Comment j'ai fait pour obtenir financement et visibilité grâce au crowdfunding"

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La brasserie bio Moulins d'Ascq vient de boucler une campagne de crowdfunding. La PME a ainsi levé 15 000 euros en une semaine. Une opération qui a, en partie, financé de lourds investissements et a surtout permis une belle campagne de communication. Témoignage d'Alban Decoster, co-dirigeant de Moulins d'Asq.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« Depuis deux ans, nous avons engagé une série d'investissements pour moderniser notre salle de brassage et améliorer la qualité de nos bières. En 2014, nous avons investi environ 500.000 euros pour changer tout le vaisseau de brassage, et pouvoir vendre en fûts. Cette année, nous avons sorti 100.000 euros pour acheter deux cuves, et augmenter de 50% notre capacité de production, de 240 hectolitres à 360 hectolitres par brassin. C'est moi qui ai eu l'idée de passer par le crowdfunding pour financer ces achats ; mon associé, Mathieu Lepoutre, n'en voyait pas forcément l'utilité. Et c'est vrai qu'on aurait pu se financer autrement, on existe depuis 1999, on a environ 1 million d'euros de chiffre d'affaires, une bonne rentabilité et une croissance à deux chiffres, les banques nous font confiance. Mais c'était surtout une façon d'impliquer les clients dans la vie de l'entreprise, de mettre un visage sur les personnes qui font la Moulin d'Ascq. On s'en est surtout servi comme d'un outil de communication en fait, et ça a très bien fonctionné.

15 000 euros en une semaine

Je suis passé par Tributile, une plateforme montée par un ami dans la région. Ensemble, nous avons tourné la vidéo de présentation, choisi le montant demandé, réfléchi à la rémunération. On a fixé des tickets entre 20 et 500 euros, pour un total de 10 000 euros. On les a si vite atteints qu'on a finalement reporté le plafond à 15 000 euros, et en une semaine, c'était bouclé. Nous avons pu emprunter auprès de 90 personnes, dont 70 % d'inconnus. Et la campagne a vraiment bien marché sur les réseaux sociaux. Tous supports confondus, on a atteint 50 000 personnes, c'est énorme pour nous qui faisons très peu de publicité.

Pas d'intérêts, mais des contreparties

On s'est engagé à rembourser la somme en quatre fois sur un an, sans intérêts, mais avec des contreparties. Certains lèvent de l'argent sans rembourser, mais pour moi, c'était inconcevable. On est une entreprise bénéficiaire, j'estime que nous n'avons pas à nous faire financer par des particuliers. Comme tout tourne autour des produits, c'est ce qu'on a offert aux contributeurs. Il vont recevoir jusqu'à six bouteilles et six verres, pour une valeur totale de 47 euros. Ça fait quand même 9,4 % d'intérêts pour un prêt de 500 euros, c'est pas si mal ! Et on a invité tout le monde à visiter la brasserie, pour leur faire découvrir nos méthodes de travail.

4 300 hectolitres en 2017

Pour moi, la façon dont ça s'est passé illustre bien l'intérêt actuel pour la bière, dont nous bénéficions à plein. Et en tant que brasseurs bio depuis l'origine, on profite aussi du boom de ce marché, en croissance de 12 à 15 % par an. De nouveaux magasins ouvrent tous les jours et on est très bien référencé. On se lance aussi sur le marché des bars et restaurants, qui représentent 15 % de notre chiffre d'affaires. Le but, c'est d'atteindre les 25 % à trois ans. On va continuer les investissements en 2017, seuls cette fois, pour suivre la demande. Aujourd'hui, on produit 4.000 hectolitres à l'année, fin 2017, on devrait être à 4300 hectolitres, grâce à de nouvelles cuves de froid, une réorganisation des locaux, et des embauches. On est cinq aujourd'hui, c'est déjà un peu tendu, on embauchera sûrement encore à la mi-2017. »

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