Créée à Lille en 2008, l’ETI nordiste Tikamoon (250 salariés, plus de 110 M€ de CA) vient de signer un partenariat avec l’association 1 % for the Planet. Cette entreprise, qui conçoit et distribue du mobilier en bois massif, s’engage ainsi à reverser 1 % de son chiffre d’affaires annuel à WWF France. Objectif, financer le projet "Nature Impact" de cette organisation environnementale, visant à préserver la biodiversité des forêts en France. "Nous avons choisi WWF France car c’est un label sérieux, à résonance internationale, qui propose des projets que nos équipes peuvent visiter", justifie Arnaud Vanpoperinghe, le PDG de Tikamoon.
Un vaste programme RSE lancé en 2018
"Le durable n’est pas une tactique, c’est existentiel. C’est ce qui nous anime et nous attirons des collaborateurs qui viennent pour ça. C’est un cercle vertueux", soutient Arnaud Vanpoperinghe. Avec ce partenariat, celui qui est également directeur RSE de l’entreprise espère ainsi "ringardiser ses concurrents". Solidement ancrée dans le développement durable depuis sa création, la marque "au cœur green" a développé en 2018 le programme RSE "Tikagreen" pour attester de sa démarche vertueuse. Elle a, depuis, multiplié les initiatives sur le sujet : réalisation d’un bilan carbone avec l’association Carbone4, analyse de cycle de vie avec FCBA et l’ADEME, basculement de 50 % de ses références en certification FSC, lancement dans l’écoconception…
Tikamoon revendique concevoir des meubles faits pour durer cent ans : "le temps de vie du produit est plus long que le temps de renouvellement de l’arbre", plaide le dirigeant. L’ETI se félicite d’être née "slow material" et de travailler "un produit préhistorique et naturel : on va prélever un arbre mature, replanter et intelligemment assembler des planches de bois massif pour que cela fasse un beau meuble qui tienne très longtemps".
Affirmant "ne pas être une boîte de mobilier comme les autres", l’entreprise se dit également "slow production", faisant fabriquer ses meubles dans 80 ateliers artisanaux ou semi-industriels, avec des techniques de production ancestrales et la notation de l’ensemble de ses produits selon leur vertu verte.
Des ateliers circulaires
Pure-player depuis sa création, Tikamoon a ouvert ses premières boutiques physiques en juin et septembre 2023, à Paris puis Lille. "Nous avions atteint un plafond de verre de notoriété. Nous n’arrivions pas à toucher une certaine catégorie de clients", justifie Arnaud Vanpoperinghe. Si les boutiques ne représentent pour l’heure qu’1 à 2 % de l’activité, la boutique parisienne du 2e arrondissement "donne une résonance incroyable à la marque. Nous sommes très contents de l’effet d’image. C’est un lieu de storytelling", commente le PDG, qui assure gagner de l’argent sur ces points de vente. Si bien que l’entreprise est en train d’investiguer pour en ouvrir une troisième, à Hambourg en Allemagne.
Parmi les dernières étapes de sa démarche RSE, la marque a souhaité avancer dans la circularité des produits. Dans sa deuxième boutique de Lille, elle a donc créé un atelier pour permettre aux clients de réparer, restaurer ou transformer les pièces. L’objectif est "d’aider à réparer, entretenir, détourner, customiser et revendre, via des tutos et des hubs" détaille Arnaud Vanpoperinghe. Elle reçoit ainsi entre 7 000 et 8 000 meubles en bois, qui sont soit remis en stock, soit réparés et revendus sur place, soit donnés à Emmaüs ou à la Banque Solidaire de l’Équipement. Des ateliers que l’entreprise souhaite multiplier à l’avenir un peu partout en Europe. "C’est le Tikamoon de demain", espère le dirigeant.
Cap sur les États-Unis
Si, durant dix ans, l’entreprise était dans "l’accélération permanente", elle n’est plus aujourd’hui "dans l’euphorie de la croissance, mais toujours dans la croissance", assure Arnaud Vanpoperinghe. Tikamoon poursuit ainsi une croissance "plus raisonnable", avec un chiffre d’affaires "plus rentable" grâce à la montée en gamme de ses produits. "Ce ralentissement, par décroissance de la croissance, nous permet de travailler sur des projets de fond", comme le déploiement de boutiques physiques ou l’international, les deux autres axes de développement de l’entreprise, aux côtés de la RSE. Avec ces projets, l’ETI vise un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2027.
En octobre prochain, l’ETI va commercialiser son mobilier et ses accessoires sur la côte est des États-Unis, via une nouvelle plateforme digitale et une équipe de trois personnes sur place. Une implantation que les équipes de Tikamoon ont mûrement réfléchie. "Nous préparons ce lancement après un an d’études sur le marché, les conditions logistiques, juridiques, de transport, etc. Il y a un pouvoir d’achat qui est fou là-bas", explique Arnaud Vanpoperinghe. La marque n’en est pas à son coup d’essai et réalise déjà 55 % de son chiffre d’affaires à l’étranger.
