Pas-de-Calais
Coronavirus -Transports Bray : « Il faut redémarrer l’activité économique au plus vite »
Témoignage Pas-de-Calais # Transport

Coronavirus -Transports Bray : « Il faut redémarrer l’activité économique au plus vite »

S'abonner

À la tête des Transports Bray, basés à Méricourt (Pas-de-Calais), David Bray a choisi de maintenir son activité durant cette crise sanitaire. Il espère un redémarrage rapide de l’économie.

— Photo : Transports Bray

Pourquoi avoir choisi de maintenir l’activité des Transports Bray (CA 2018 : 14,3 M€, 135 salariés) durant cette crise sanitaire ?

David Bray : Il faut redémarrer l’économie au plus vite, c’est vital pour le pays. C’est une mesure drastique d’avoir confiné tout le monde en même temps. Nous continuons notre activité de transport mais si nous sommes les seuls, ça ne sert à rien. On voit qu’autour de nous, de nombreuses entreprises sont fermées : ce n’est pas simple pour le moral. D’autant que dans le transport et la logistique, l’État n’a pas prévu de plan de continuité de l’activité, résultat, les salariés exercent dans des conditions inacceptables, sans lieux pour se restaurer ou sans sanitaires. C’est pourtant possible de continuer à travailler en fournissant aux collaborateurs des équipements de protection, en les formant aux gestes barrières et en veillant au strict respect des règles. Je ne vois pas pourquoi ça fonctionnerait chez nous et pas ailleurs. En ce moment, les chefs d’entreprise doivent se montrer particulièrement débrouillards et agiles, notamment pour trouver des masques et du gel hydroalcoolique, etc.

Quel est l’impact de la crise sur votre activité ?

David Bray : Les Transports Bray réalisent 90 % de leur activité avec le transport de marchandises et 10 % en logistique, avec essentiellement du stockage pour nos clients. Cette partie logistique est en plein boom, en raison de l’activité soutenue de la grande distribution. Sur le transport, c’est plus compliqué en revanche : nous travaillons pour la grande distribution ou pour les industriels qui la fournissent. Si certains continuent à avoir une activité soutenue, comme Heineken, d’autres ralentissent, comme les cartonneries. Sans compter ceux qui sont à l’arrêt, comme Leroy Merlin, qui est notre principal client en grande distribution. Avant la crise, nous avions chaque semaine plus de 100 camions qui roulaient pour eux, contre trois actuellement. Cette semaine, nous allons maintenir 70 % de notre activité habituelle mais sur le mois d’avril, je m’attends plutôt à atteindre les 60 %. J’ai 70 camions qui tournent aujourd’hui, sur les 100 de notre parc. Ce n’est pas rentable : la société dégage en moyenne 3 % de marge, donc dès que trois camions ne tournent pas, nous perdons de l’argent.

Et sur l’emploi ?

David Bray : Avant la crise, l’entreprise comptait 150 salariés. Nous avons dû mettre un terme aux CDD et à certains contrats en période d’essai, sur des postes en lien avec des clients qui ont fermé. Nous comptons désormais 135 salariés, dont 90 sont encore en activité. Outre les arrêts maladie pour garde d’enfants ou le télétravail, nous avons eu recours jusque-là aux congés payés mais nous allons devoir mettre en place du chômage partiel. Dans notre secteur d’activité, les chefs d’entreprise ont l’habitude de se battre. Les Transports Bray se sont déjà retrouvés en redressement judiciaire en 2008. À l’époque, nous réalisions 50 % de notre chiffre d’affaires avec l’automobile. Nous avons passé cette crise en repositionnant l’activité sur la grande distribution, c’est ce qui va nous sauver aujourd’hui. Mais certaines entreprises ne vont pas survivre, c’est pour ça qu’il faut redémarrer l’économie. Il est urgent d’agir. On ne sauve pas une entreprise en décalant ses pertes. Les mesures actuelles en faveur de la trésorerie reviennent à mettre une poche de sang sur quelqu’un qui continue à saigner… Nous réalisons une étude pour savoir si nous allons avoir recours au prêt garanti par l’État, mais je trouve que cela coûte très cher à l’entreprise au-delà de la première année, d’autant que nous réalisons déjà des marges faibles.

Pas-de-Calais # Transport