Les défaillances d’entreprises devraient dépasser leur niveau d’avant-Covid en 2023
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Les défaillances d’entreprises devraient dépasser leur niveau d’avant-Covid en 2023

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La remontée des défaillances d’entreprise en 2022 était attendue. Mais elle est plus rapide que prévu, selon un bilan annuel d’Altares. Le cabinet s’inquiète, en particulier, du sort des petites PME, en première ligne du boom actuel des procédures collectives.

En première ligne de la crise énergétique, les boulangeries ont connu une explosion des défaillances de 125 % en 2022, selon le cabinet Altares — Photo : Kzenon

La parenthèse enchantée du Covid-19, en matière de sinistralité des entreprises, est bel et bien en train de se refermer. Après la Banque de France, c’est au tour d’Altares de le confirmer. En 2022, les défaillances ont explosé de près de 50 % sur un an, d’après le bilan de ce cabinet d’études, pour atteindre un total de 42 514 dossiers ouverts. Un boom volontiers qualifié d'"historique", car "jamais observé auparavant". Il est à nuancer quand même : en 2021, le nombre de procédures collectives était resté anormalement faible, sous l’effet des aides publiques massives du "quoi qu’il en coûte".

Comparé à 2019, dernière année avant-Covid, les liquidations, redressements judiciaires et sauvegardes, restent ainsi en net retrait (-18 %). Même constat sur le nombre d’emplois menacés : à 143 500, il s’affiche en hausse de 52 % sur un an… mais en repli de 17 %, par rapport à l’avant-coronavirus.

Vers un retour accéléré à la normale des procédures collectives en 2023

Il n’empêche, le rebond 2022 a pris de court Thierry Millon, d’autant plus que le rattrapage semble s’être accéléré au quatrième trimestre. "Le rythme est plus soutenu qu’envisagé, s’inquiète le directeur des études d’Altares, ce qui fait craindre un retour aux valeurs d’avant-crise [sanitaire] plus tôt que prévu." Selon sa première estimation, 2023 pourrait ainsi dépasser les niveaux d’avant-crise, avec plus de 55 000 défaillances attendues (comme en 2017).

"Un nombre, certes important, mais plutôt raisonnable, au regard du contexte très difficile que nous traversons", tente de relativiser Thierry Millon. Référence aux "contraintes financières (remboursement des dettes Covid et notamment des prêts garantis par l’État, inflation, hausse des taux d’intérêt, facture énergétique, etc.)" qui pèsent, sans surprise, sur les entreprises. Mais aussi, et c’est plus étonnant, aux difficultés d’offre (approvisionnement, recrutement) qui plongent certaines dans l'"incapacité [d'] honorer des carnets de commandes pourtant bien remplis".

Les petites PME et les services aux particuliers en grande difficulté

Ces tensions se sont d’ores et déjà fait ressentir sur le bilan 2022 des défaillances. Altares s’inquiète, en particulier, pour les petites PME (10 à 99 salariés) et les jeunes entreprises, "en situation de vulnérabilité extrême". Les premières ont ainsi connu une envolée de leur sinistralité de 78 % sur un an (soit plus de 3 200 structures touchées) - et même +93 % au dernier trimestre, période marquée par "la plus forte dégradation enregistrée depuis 2014" pour cette catégorie de sociétés.

Dans le détail, les activités B to C apparaissent en première ligne, à l’image des restaurants, des épiceries et des boulangeries-pâtisseries, où le nombre de dossiers a plus que doublé en un an dans chacun de ces secteurs. L’industrie (+68 %) et le commerce (+56 %) sont également sur une mauvaise pente, là où la construction (+34 %), les services aux entreprises (+32 %) et l’hébergement (+23 %) résistent mieux.

De la même façon, certaines régions s’en sortent moins mal. C’est le cas de l’Île-de-France (+35 %) et la Région Sud (+38 %). En revanche, et comme en 2021, les Hauts-de-France font figure de maillon faible, avec une flambée des défaillances de +77 % (après déjà +23 % l’année précédente), suivis par l’Occitanie (+68 %).

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