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Événementiel : "La reprise a été plus rapide qu’espéré"
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Renaud Hamaide coprésident de l’Union française des métiers de l’évènement (Unimev) et PDG de Comexposium "La reprise a été plus rapide qu’espéré"

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Renaud Hamaide est coprésident de l’Union française des métiers de l’évènement (Unimev) et PDG de Comexposium, leader français et numéro trois mondial de l’événementiel, organisateur du Salon de l’Agriculture, de la Foire de Paris ou encore du Salon de l’étudiant. Il esquisse les perspectives de redémarrage du secteur événementiel en France après deux années d’activité fortement ralentie par la crise sanitaire.

Renaud Hamaide coprésident de l’Union française des métiers de l’évènement (Unimev) et PDG de Comexposium — Photo : DR

Comment se porte le secteur ?

L’interdiction de rassemblements massifs de population et l’annulation des petits et grands événements ont entraîné, sans surprise, des dégâts importants pour toute la profession qui organise habituellement chaque année jusqu’à 2 800 congrès et 1 200 salons et foires. L’activité en France a été réduite à zéro pour les rencontres professionnelles entre le 1er mars 2020 et 15 juin 2021. La Covid-19 et les mesures afférentes ont laissé des marques sur l’industrie. Entre 150 et 200 PME et TPE membres de l’Unimev, soit 1 entreprise sur 5, ont disparu à l’issue de la crise. Lorsque la reprise s’est fait ressentir en 2021, nous avons rencontré des problématiques de recrutement des salariés. Certains avaient changé de métier pour trouver une meilleure qualité de vie et parce qu’ils n’avaient pas de visibilité sur le redémarrage de l’activité du secteur.

De nombreuses entreprises du secteur ont entamé des procédures de sauvegarde, leur permettant de suspendre le paiement de leurs dettes pour une période de 6 mois. C’est aussi le cas de Comexposium. Votre entreprise s’est-elle depuis totalement relevée ?

Le tribunal de commerce de Nanterre a validé en octobre dernier le plan de sauvegarde présenté par la direction. Le groupe dispose de dix ans pour rembourser ses créanciers. L’activité a depuis redémarré et l’organisation d’expériences en présentiel lors de la tenue d’un évènement reste essentielle. Nous avons par ailleurs décidé de planifier des rendez-vous digitaux avec nos clients et nos fournisseurs entre les évènements pour maintenir le lien.

Comment s’annonce la reprise ?

La reprise a été plus rapide qu’espéré, même si nous n’avons pas atteint le niveau de 2019. Selon les événements, nous enregistrons 70 % de taux de présence et de participation des visiteurs par rapport à 2019. Certains événements s’en sortent mieux que d’autres comme Wine Paris et Vinexpo Paris (événement vins & spiritueux prévu en février 2023, NDLR) où le congrès Imcas de chirurgie plastique et de dermatologie (organisé à Paris en juin dernier), où 12 000 congressistes se sont inscrits, soit les mêmes chiffres qu’avant la crise.

Un renouvellement avec le digital s’est-il opéré ?

Les acteurs ont su occuper le terrain, en organisant des congrès virtuels. Le digital n’a jamais été un frein, mais plutôt une force, un appui à notre métier. Plus de 120 initiatives, des salons virtuels, des podcasts, des webinaires ont été organisés. Le digital n’a toutefois pas permis de sauver le secteur. Le salon CES de Las Vegas qui s’est tenu en janvier 2021 entièrement en digital a été un flop. Les organisateurs ont enregistré 80 % de baisse de fréquentation. Les résultats ont été tout aussi déceptifs lors de la Foire de Canton en Chine organisée en ligne avec le géant du net Alibaba. Ce qui a fonctionné en revanche, c’est l’animation d’une communauté avec du contenu. En juin 2020, nous avons organisé un webinaire médical animé par un professeur de Bergame. Plus de 3 500 chirurgiens se sont connectés. La crise a donc accéléré des tendances. Cette période a démontré qu’on n’allait pas être disrupté et ubérisé, car une grande majorité souhaite revenir au présentiel.

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